Taïwan n’aurait jamais été chinoise ?

Dans le cadre de mon roman, Parce que le sang n’oublie pas (2011, Babel Noir), j’évoquais cette triste habitude prise au Japon de réécrire l’histoire à propos de son agression contre la Chine (1931-1945), ainsi que le déni, par nombre d’intellectuels et historiens, des exactions épouvantables commises par l’armée nippone contre la population chinoise, avec pour point d’orgue le massacre de Nankin (aussi appelé viol de Nankin).

Une réécriture complète qui n’a bien sûr pas épargné les manuels scolaires. En d’autres termes, les écoliers chinois et japonais ont, pendant longtemps, étudié une histoire différente pour des évènements pourtant difficilement contestables. Une question sérieuse qui ralentit d’autant tout processus de relation « cordiale et détendue » entre les deux puissances voisines.

 

Au temps de la guerre froide, le monde a dû s’habituer à l’emploi sous toutes ses formes de la « propagande ». Aujourd’hui, de même que la réclame est devenue publicité, on ne parle plus de propagande, mais « d’influence ». Et, en matière géopolitique, de « guerres d’influence ».

La réécriture de l’histoire est un outil majeur au service de ces guerres d’influence.

 

La question de l’appartenance de Taïwan à la Chine, telle qu’elle semble posée ces derniers mois en France (en particulier depuis la visite à Taipei début août de Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants de Washington), relève-t-elle de ces guerres d’influence ?

 

On découvre, y compris dans les colonnes de journaux français prestigieux, des propos de sinologues ou de chercheurs expliquant que « Taïwan n’a jamais appartenu à la Chine » ou, plus subtilement : « n’a jamais appartenu à la République Populaire de Chine » ! Et la lecture plus attentive des articles indique qu’ils semblent entretenir à dessein une grave ambiguïté sur cette question, allant jusqu’à laisser penser que Taïwan ne serait pas… chinoise. Quelle étrange mémoire que celle de ces spécialistes qui oublient de mentionner ce qui, jusque-là, était largement admis.

 

Taïwan, avant son occupation par les Hollandais au XVIIème siècle, était habitée par des Aborigènes dont les ancêtres étaient très probablement venus de la côte est chinoise (Hangzhou, sud de Shanghai).Ce sont des Chinois fidèles à la dynastie Ming, et hostiles aux envahisseurs mandchous (fondateurs de la dynastie Qing), qui ont chassé les Hollandais de l’île en ce même XVIIème siècle. Et ce n’est qu’à la toute fin du XIXéme siècle que la Chine a dû concéder Taïwan au Japon (Traité de Shimonoseki), suite à la courte guerre qui opposa les deux pays voisins et se solda par une défaite de la Chine. D’ailleurs la question se pose (mais pas pour tout le monde) : comment celle-ci aurait-elle pu concéder un territoire qui ne lui appartenait pas ?

À la fin de la Seconde guerre mondiale, les soldats nationalistes chinois de Tchang Kaï-chek (Jiang Jieshi) ont fui le continent et se sont réfugiés sur Taïwan pour en faire une base arrière en résistance contre l’ALP, l’armée populaire de libération commandée par Mao et ses compagnons de révolution. Deux « Chines » ont alors commencé à coexister. En réalité deux gouvernements opposés sur les questions d’un même pays.

L’une, dirigée par les forces communistes : la République populaire de Chine, l’autre nationaliste : la République de Chine. De quoi sérieusement embarrasser les pays occidentaux quant à la reconnaissance officielle à accorder à l’une ou à l’autre.

Nul embarras en revanche pour les États-Unis qui, partis dans leur croisade mondiale anti-communiste, choisissent d’emblée de soutenir Taïwan contre Pékin. Pas question pour eux d’accorder une reconnaissance officielle à un « gouvernement rouge » !

 

Toutefois, dès les années 1950, deux facteurs concomitants vont favoriser la reconnaissance internationale de Pékin en tant que seul représentante de la Chine (et de ses deux « gouvernements »), et par conséquent seule habilitée à ouvrir des ambassades dans les différents pays.

Premier facteur : la politique diplomatique de la RPC (République Populaire de Chine). Celle-ci participe activement à la conférence de Genève où il est mis fin à la guerre d’Indochine. Elle réitère en 1955, lors de la conférence de Bandung (Indonésie) qui réunit pour la première fois les représentants de vingt-neuf pays africains et asiatiques, officialisant ainsi l’entrée sur la scène internationale des États du « tiers-monde ». Ces actions permettent à la RPC d’acquérir une réelle visibilité et crédibilité diplomatiques.

Second facteur : la guerre froide (évoquée plus haut) et un monde divisé en deux blocs dirigés l’un par les États-Unis, l’autre par l’Union soviétique. Une situation que tous les pays n’acceptent pas comme inéluctable. Ainsi, le Général de Gaulle, alors Président de notre pays, milite pour l’indépendance française envers les États-Unis. De son côté, Mao zedong souhaite se libérer de l’influence soviétique et laisser son pays, lui aussi, acquérir son autonomie.

 

Le 27 janvier 1964, un communiqué officiel du gouvernement français fait l’effet d’une bombe dans le monde diplomatique :

 

« Le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République populaire de Chine ont décidé, d’un commun accord, d’établir des relations diplomatiques. Ils sont convenus à cet effet de désigner des ambassadeurs dans un délai de trois mois. »

 

Cette décision provoque aussitôt l’ire de Taïwan et des USA dont le gouvernement Johnson n’hésite pas à qualifier la décision française de « trahison ».

Celle-ci n’était pourtant qu’une suite logique dans la politique du Général, qui avait déjà sorti la flotte française du commandement de l’OTAN l’année précédente, et qui quittera ce même OTAN en 1966. Un Général de Gaulle gravement atteint du « syndrome communiste » selon des Américains qui le voient soutenir les pays du tiers-monde et ouvertement critiquer leur politique de guerre au Vietnam !

Les réactions des autres pays sont très mitigées, se partageant entre approbation, neutralité et opposition.

Mais dès 1971, la RPC obtient officiellement son poste à l’ONU, ce qui exclue cette même possibilité pour Taïwan. Il faudra attendre huit ans de plus, 1979, pour que les USA se décident eux aussi à entamer des relations diplomatiques avec Pékin.

 

Il est certain que, déjà en 1964, la question en France de Taïwan en tant que puissance indépendante est posée en des termes très différents de ceux d’aujourd’hui. Pour preuve, le communiqué de presse publié le 28/01/64 par le ministère des affaires étrangères :

 

« Le gouvernement chinois estime nécessaire de réaffirmer que Formose (Taïwan) fait partie du territoire chinois et que toute tentative de séparer Formose de la Chine ou de créer deux Chines est absolument inacceptable pour le gouvernement et le peuple chinois. »

 

Et d’acter que :

« Selon la pratique internationale, la reconnaissance d’un nouveau gouvernement d’un pays implique de cesser la reconnaissance du groupe dirigeant renversé par le peuple d’un tel pays. En conséquence, les représentants de l’ancien groupe dirigeant ne peuvent plus être considérés comme les représentants du dit pays et être présents côte à côte avec les représentants du nouveau gouvernement dans un même pays ou dans une organisation internationale. »

 

L’analyse du Général de Gaulle et de son gouvernement est claire : Taipei et Pékin sont deux gouvernements différents, au sein d’un seul et même pays. Or, il ne peut y avoir qu’un seul gouvernement pour interlocuteur diplomatique.

 

Tout ceci relève de notre mémoire collective et de l’histoire des nations. Alors, doit-on en conclure que ceux qui aujourd’hui « détiennent la connaissance » et la diffusent auraient… perdu la mémoire ? À moins que cette réécriture de l’histoire ne soit, comme évoqué plus haut, qu’un outil au service de guerres d’influence ?

 

Ceux qui à présent accusent la Chine d’ingérence envers Taïwan et récusent toute idée de Chine unique se trompent au moins de guerre et ne font qu’attiser les risques de conflit. En cette période où, malgré la désapprobation de la plupart des autres nations, l’agresseur russe envahit l’Ukraine, le jeu des Américains est transparent : si, à force de provocations, l’armée chinoise attaquait Taïwan, l’amalgame serait alors facile, et la diabolisation de la Chine un jeu d’enfants. Pourtant, plutôt que de « mettre de l’huile sur le feu » et attiser les anciennes haines, il serait plus profitable pour tous de contribuer à un processus pacifique de réunification.

Ce que, de son côté, la RPC ne doit pas « oublier » non plus, c’est que les Chinois de Taïwan ont toujours vécu en autonomie politique par rapport au continent ; une région indépendante sur la forme, mais réellement autonome sur le fond. D’où le concept, comme pour Macao et Hong-Kong, de « Un pays, deux systèmes ».

 

À la suite des nombreuses agressions dont elle a été victime au cours de son histoire, la Chine a perdu Macao (au profit des Portugais), Hong-Kong (Anglais) et Taïwan (Japonais, puis Nationalistes chinois). La réintégration de ces territoires a chaque fois été évoquée selon le principe : « Un pays, deux systèmes ». C’est bien ainsi qu’est régie Macao, depuis le 20 décembre 1999, sous le nom de Région administrative spéciale de Macao de la République populaire de Chine. Le gouvernement local gère tout, sauf les relations extérieures et la défense. La RPC a garanti le maintien de son système économico-financier et de ses spécificités pour au moins 50 ans, c'est-à-dire au moins jusqu'en 2049.

Mais il reste inconcevable, tant pour les Anglais et de nombreuses banques internationales, que pour les Américains et les Japonais, que, compte tenu de leur importance géostratégique, cela se passe ainsi avec Hong Kong et Taïwan. Quant à Xi jinping, dans son évidente dérive autoritaire, la tentation est grande de réunifier Taïwan au continent sous un système unique de gouvernance, passant outre les spécificités auxquelles les habitants de cette région sont naturellement attachés. Tentation d’autant plus grande face aux provocations récurrentes des USA et de leurs alliés japonais, anglais, australiens.

 

La Chine n’est pas reine de la diplomatie. Son expertise s’affirme avant tout dans le commerce. Du fait de son histoire et de ses particularismes, elle est habituée à gérer ses relations internationales avec fermeté, choisissant volontiers le recours à la force et à l’autoritarisme qui caractérisent son régime.

Ainsi que le Général de Gaulle l’avait prédit en 1964, elle a su redevenir une puissance de premier plan au point de vite retrouver le statut qu’elle avait longtemps gardé (jusqu’au XVIIIéme siècle), de première puissance économique mondiale. Mais si la voie diplomatique (et pacifique) que De Gaulle a voulu favoriser avec la Chine est rompue, nul doute que cette puissance s’exprimera aussi au plan militaire, rendant dès lors impossible le contrôle des excès des uns… et des autres.

La position de la France face à cette menace possible est délicate, complexe.

 

Ceux qui restent (sincèrement) dans l’esprit Gaullien, doivent, et ce n’est pas simple, à la fois résister aux méthodes d’influence américaines, mais aussi… chinoises. Cela passe par une juste évaluation des faits que l’histoire nous enseigne, à condition qu’elle ne soit pas trop souvent « réécrite ».

Mais sans doute était-il plus facile pour le Général il y a soixante ans, que pour nos dirigeants aujourd’hui, de ne pas oublier les leçons de l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine.

 

Il m’est, quant à moi, souvent arrivé de penser que Taïwan était plus « chinoise » que la Chine continentale. L’invasion japonaise, puis, surtout, la volonté destructrice d’un régime maoïste que celui-ci justifiait par son projet de « reconstruire » la nation, ont entraîné la mise à l’abri sur Taïwan de nombreux Trésors nationaux. L’île a su bien mieux conserver que nombre de provinces du continent, le parfum des coutumes, croyances et traditions ancestrales. Une occasion pour cette Chine assoiffée de commerce et pétrie de nationalisme de renouer avec ses racines.

 

Mais cela ne sera possible que si le rattachement politique de Taïwan à la « Grande famille chinoise » respecte la réalité historique du lien fraternel.

 

Parce que le sang, lui, n’oublie pas.

 

Publié le 28/08/2022
CIA contre Assange, Goliath contre David

Que la CIA soit sur les dents et impliquée dans « l’Affaire » Julian Assange relève de l’évidence. L’accusation contre celui-ci porte tout de même sur une révélation de secrets d’état. Mais cela doit-il nécessairement passer par une violation de ses droits constitutionnels ?

 

Pour obtenir l’extradition du lanceur d’alertes australien, l’agence américaine n’a pas hésité, en effet, à mettre au point un programme de surveillance digne des meilleurs romans d’espionnage. Toutes les rencontres, conversations d’Assange (notamment avec ses avocats) auraient ainsi été enregistrées à son insu, ce qui entacherait gravement la légitimité du procès récemment tenu en Angleterre pour permettre son extradition vers les USA.

Une nouvelle bataille juridique s’engage, qui, dans un tel contexte, rappelle beaucoup celle de David contre Goliath

Publié le 25/08/2022
Un peu d'humour ?

Les agriculteurs de toute l’Europe s’inquiètent des conséquences, pour leurs prochaines récoltes, de la guerre entre Russie et Ukraine.

Ils alertent déjà à propos du blé, du sarrasin (pourtant aussi appelé « blé de barbarie »), du tournesol, de la moutarde… mais désormais, ce sont les récoltes sous serre qui sont menacées. Toutes les récoltes sous serre !

En effet, pour chauffer les serres, il faut… du gaz ! Et chacun aura compris que ce gaz est devenu une denrée rare et chère. Sans gaz, plus de tomates, de fraises, de salades… De quoi compromettre sérieusement nos 3 fruits et légumes par jour.

 

Toutefois, un malheur n’apporte-t-il pas parfois un bonheur ?

Par son agression contre l’Ukraine, Poutine va-t-il devenir le grand sauveur de l’humanité ? "Grâce" à lui, l’ensemble des pays de l’Europe pourraient bien, enfin, atteindre leurs objectifs de réduction d'émissions de… « gaz à effet de serre » ! 

Publié le 25/08/2022
In memoriam... Philip K. Dick

Il est toujours délicat d’affirmer que l’œuvre d’un auteur contemporain restera « éternelle ». D’autant plus qu’une telle affirmation ne sera réellement vérifiable qu’après un minimum d’années écoulées.

 

Ceci est encore plus frappant lorsqu’il s’agit d’un auteur de SF (Science-fiction).

La technologie avance (c’est sciemment que je n’utilise pas « progresse ») à si grands pas, que la plupart des « nouveautés techniques » présentées dans des ouvrages datant de plus de cinq ans, paraissent souvent totalement obsolètes ; le récit dans son ensemble apparaît désuet, « daté » et perd beaucoup de son intérêt.

 

Il est pourtant quelques auteurs qui, dans ce domaine, auront fait exception en marquant à jamais la littérature du genre.

Philip K. Dick (K pour Kindred) est l’un d’eux (que l’on retrouve aux côtés d’un Issac Asimov, ou d’un Jules Verne, autres génies de la SF, probablement plus connus du grand public). Né à la fin des années 1920, période où le progrès est en effervescence, Dick décède jeune, à 54 ans. L’année 2022 marque par conséquent le 40ème anniversaire de sa disparition. Une disparition toutefois purement physique puisqu’il reste un des écrivains phares de la littérature SF passée, présente… et à venir !

 

Cet auteur a fait montre d’une clairvoyance époustouflante en matière de développement des technologies, et en particulier dans celui de la robotique et de l’I.A. (Intelligence artificielle). Aujourd’hui encore, tous les spécialistes des nouvelles technologies ont forcément lu tout ou partie de son œuvre. Mais ce qui fait le formidable succès de ses ouvrages, c’est la capacité de Philip K. Dick à non seulement prévoir les nouvelles sciences qui envahissent notre quotidien, mais aussi anticiper la façon dont notre monde évolue au contact de ces technologies, d’un point de vue social, écologique, humain. (Clifford D Simak est un autre exemple d’auteur de cette veine, avec en particulier son étonnant récit : Demain les chiens).

 

La lecture d’un roman de Philip K. Dick n’est pas seulement un bon moyen de se distraire et en apprendre davantage sur les sciences modernes (ce qui est déjà beaucoup). Ses ouvrages ont le don d’attiser notre curiosité et, surtout, de nous contraindre à réfléchir.

C’est une des raisons pour laquelle le cinéma s’est largement emparé de ses récits (et pourrait même le faire davantage), pour produire des films comme Blade Runner (*), dont le premier volet est apparu sur les écrans en… 1982 ! Précisément l’année où Philip K. Dick nous a quittés.

(*) Le film Minority report est une autre référence de réussite cinématographique appartenant à la SF, tirée de l’œuvre visionnaire de Dick.

 

À lire et à relire :

UBIK                                                                                 (1969)    Éditions 10/18

Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? (1968)    Poche

Le Maître du Haut-château   (Prix Hugo)                   (1962)    Poche

Publié le 22/08/2022
Impensable, inimaginable, insupportable

Sans doute est-il ringard de ne pas aimer la chasse, la tauromachie et, d’une manière générale, tout ce qui va à l’encontre du respect des animaux et de leur bien-être.

Alors… j’assume de passer pour un ringard.

 

Je me demande pourtant s’il est tout aussi ringard de refuser de payer des impôts qui servent et encouragent ces activités. N’est-il pas choquant, en effet, d’apprendre dans le Journal Officiel que les dotations accordées aux chasseurs sous la seule ère Macron ont augmenté de… 23 000% !?

Oui, vous avez bien lu : 23 000% ! Une paille !

 

En 2017, les subsides versés par l’État à la Fédération des chasseurs présidée par Willy Schraen étaient de 27 000€. On pouvait certes regretter que cet argent ne soit pas versé à des associations travaillant à des activités sociales plus essentielles, cependant le montant pouvait passer pour "raisonnable". Mais voilà que le très « Officiel » Journal, nous apprend que, pendant les cinq années Macron, ces dotations ont augmenté pour atteindre en 2021 le montant de : 6,3 millions d’€ !!!

 

6,3 millions d’€ détournés de nos impôts ; qui ne financent pas les hôpitaux ni aucun service public ; qui passent sous le nez des établissements d’éducation ; qui ne subventionnent pas de logement pour les sans abris… Près d’un million de repas auraient pu être distribués aux personnes indigentes. Mais non, cette somme colossale est offerte à des individus qui tuent pour leur seul plaisir (et certainement pas parce qu’ils ont faim) et qui ont les moyens de se payer des équipements extrêmement coûteux.

 

Seulement voilà, le très sympathique (!?) Willy Schraen connaît les bonnes vieilles ficelles, et n’a pas hésité à clamer à qui voulait l’entendre : « Je voterai Emmanuel Macron dès le premier tour ».

 

D’évidence, Macron sait renvoyer l’ascenseur.

Un ascenseur de 6,3 millions d’€. Et, comme si cela ne suffisait pas, ce même Macron a fait diminuer le prix du permis de chasse par 2 ! (200€ au lieu 400€). Il a aussi autorisé l’utilisation de silencieux sur les armes de chasse ! Les « bavures » deviennent ainsi indétectables et les responsables impunis. Et il a maintenu l'autorisation de chasser des espèces menacées, en totale contradiction avec la législation européenne. Pas de soucis : les amendes, ce sont les contribuables français qui les payent.

 

Plus qu’une honte, c’est une infamie, doublée d’une trahison. Détourner ainsi les impôts des Français pour de simples visées électoralistes ; favoriser (en douce) une activité que la majorité d’entre nous réprouve ; soutenir une catégorie majoritairement aisée à l’encontre des plus démunis…

Nous savions ce Président totalement incompétent en matière d’écologie, indifférent aux questions environnementales, mais qui aurait pu imaginer qu’il irait si loin ?

 

Je reprendrai ici une citation du Mahatma Gandhi, qui concluait un de mes précédents carnets de voyage :

 

« LA GRANDEUR D’UNE NATION ET SON DEGRE DE MORALITE SE MESURENT A LA FACON DONT ELLE TRAITE LES ANIMAUX ».

Publié le 20/08/2022
« Lettre Imaginaire » n°12 : Hommage à Prévert

Il est une région de France que je regrette d’avoir découvert si tard dans mon existence : le Cotentin.

De larges parts de ce territoire sont demeurées sauvages et le climat n’y est pas toujours facile. Cela a sans doute contribué à le préserver, jusque-là, du tourisme de masse. Il m’est parfois arrivé de le comparer avec la Tasmanie, pour ces mêmes caractéristiques, et la beauté de ses côtes. Des routes étroites, déjà presque anglaises, sinuent de troupeaux de vaches en petits villages, réservant de belles surprises à ceux qui s’y aventurent. Ainsi, Omonville-la-Petite, près du cap de la Hague, où se trouve la maison dans laquelle Jacques Prévert a vécu, depuis son acquisition, en 1970, et jusqu’à sa mort, en 1977. Le grand poète et écrivain est d’ailleurs enterré au pied de l’église du village avec sa femme et sa fille.

Cette maison lui correspond si bien. Pleine de charme, de poésie, de modestie. Le jardin, très fleuri, est resté en bonne partie sauvage, comme en butte à certaines « conventions ». Et l’intérieur, généreux, fait de bois, d’escaliers, de petites pièces et de nombreuses fenêtres, est une invitation chaleureuse au repos et à la douceur de vivre.

C’est bien évidemment à son intention que j’ai écrit le poème qui paraît dans cette nouvelle Lettre imaginaire.

(Note : Pierrot, signataire de la lettre, ignorait d’évidence l’existence de la maison d’Omonville-la-Petite).

 

 

 

L'élève Hamlet : Être ou ne pas être dans les nuages ?

Tous les oiseaux font de leur mieux : ils donnent l'exemple.

J. Prévert

 

Monsieur Prévert,

 

Je n’ai jamais eu la chance de vous rencontrer. Et pourtant ! Je crois bien avoir lu toute votre œuvre, et pas qu’une fois.

Je n’avais que neuf ans lorsque l’on m’a offert, c’est étonnant, un de vos ouvrages :« Paroles ». Je dis étonnant car, aux enfants de cet âge, on offre plus volontiers un jouet ou, s’il s’agit de lecture, un livre de contes. Et ne pensez pas que ce sont mes brillants résultats à l’école qui m’ont valu cette marque d’attention inattendue. Mon travail scolaire était tout sauf brillant. J’avais certes l’avantage d’avoir développé le goût de lire, mais sans que cet exercice apparaisse le moins du monde extraordinaire.

Et c’est justement votre recueil qui a tout changé !

Je l’affirme : ma vie en a été bouleversée. Vos Paroles ont libéré la mienne. Sans doute me suis-je d’emblée reconnu dans votre « cancre » qui efface chiffres et mots, dates et noms pour dessiner le visage du bonheur. Jusque-là, amateur de romans d’aventure et de bandes dessinées, je me désintéressais de la poésie. Un art littéraire que je croyais hors de toute réalité, hors du vivant, sans doute trop artificiel. Pourtant, grâce à votre plume, j’ai ri, pleuré, aimé, imaginé, rêvé.

 

Je crois savoir que vous vivez à Paris. Ce qui ne vous empêche pas d’évoquer des baleines et des ratons laveurs, la mer et les astres, des chevaux et des paons. Vous parlez aussi des gens, jeunes ou vieux, ceux de la rue de Seine, ou d’Alicante. Moi, je vis à la campagne, un petit hameau au pied d’une montagne, dont je ne me suis jamais éloigné. Aussi, je me demandais si, pour écrire vos textes, vous aviez été au-delà de Paris. Connaissez-vous l’Inde, les Amériques, les pyramides d’Égypte ? J’aimerais tant découvrir le monde ; lire, écrire des poèmes, et visiter plein de pays. Mais je n’ai que douze ans. Pour voyager, je me réfugie dans la lecture et l’écriture.

Tout près de chez moi, s’écoule une large et belle rivière. J’ai souvent rêvé de m’abandonner à son courant, me laisser porter par ses eaux claires avec l’espoir qu’elle me conduise jusque chez vous, à Paris. Hier, jour de beau soleil, j’étais assis sur sa berge, guettant un bateau ou un martin-pêcheur. C’est là que j’ai décidé de vous écrire. Ne connaissant pas votre adresse, j’ai glissé mon texte dans une bouteille, laissée à la dérive. Qui sait, peut-être vous parviendra-t-il ?

Il s’intitule « Gange » :

 

J'aime la couleur étrange

qu'ont les plumes d'ange

qui descendent les eaux du Gange

 

Sont-elles tombées, graciles

dénudant le dos docile

do si la ré, des anges gardiens du Nil

 

Ou sont-elles la tendre aumône

des anges à tous les hommes

des bords du Rhône aux rives du Fleuve Jaune

 

À moins qu'ce soit le trou, le trou d'ozone

qui tue nos anges, pauv’ petits mômes

quand tout brûle autour de l'Amazone

 

Restent les plumes et l'encre de chine

Les parchemins que les facteurs acheminent

Porteurs de l’espoir qui guide les âmes enfantines.

 

Monsieur Prévert, je vous aime.

Pierrot

 

 

La publication des Lettres imaginaires va marquer une pause. Le temps de profiter de l’été et ses journées ensoleillées, et de voir venir pour la suite…

Publié le 10/07/2022
Ambiance « Chaud-brûlant » pour l’Australie

La rigueur particulièrement marquée de cet hiver en Australie ne doit pas nous induire en erreur.

L’évolution du climat se mesure sur de plus longues périodes. Et cette mesure présage hélas de nouveaux et dramatiques incendies pour les années à venir.

En effet, en moins d’un demi-siècle (40 ans, et donc bien peu de choses à l’échelle de l’histoire de notre planète), la saison des feux en Australie s’est prolongée d’un mois ! Elle passe de 100 jours en 1979 à 130 jours en 2019. Quant à la durée de météo incendiaire maximum, elle y a augmenté de 56% dans le même temps.

 

Juste de quoi prolonger la « barbie season » pour ceux qui pensent que « It’s playing for sheep stations ».  

(Révisons notre australien populaire : « Ceux qui veulent dédramatiser se réjouiront que la saison des barbecues soit rallongée d’autant »).

Publié le 04/07/2022
« Lettre Imaginaire » n°11 : Parce que tu crois au Père Noël ?

 

« Mot valise »

AMÉRICHRISTMAS

Continent considéré comme un modèle de réussite économique et démocratique

par toutes les personnes qui croient au Père Noël.

A. Créhange

 

 

Père Noël,

 

J’ai treize ans, nous sommes début décembre, et je vous écris.

Au moins, je sais que ma lettre sera lue. Je n’ai même pas besoin d’y coller un timbre : La Poste s’engage à vous porter mon courrier, du moment que votre nom figure sur l’enveloppe. Aussi, je garde un réel espoir qu’elle honorera sa promesse en délivrant ma lettre… au vrai Père Noël ! Elle dispose de tous les moyens en ce sens. Moi, pas.

Je vous rassure, je ne suis pas complétement idiot ni attardé. J’ai bien précisé : le « vrai » Père Noël. Autrement dit : vous… monsieur J. B. ! Et si je ne connais pas votre adresse, je sais tout de même qu’elle se situe quelque part aux États-Unis, que vous dirigez une gigantesque multinationale dont le nom commence par « A » et… que vous êtes l’homme le plus riche du monde !

Je joins une note plus précise pour la personne de La Poste qui ouvrira ce pli. Je veux m’assurer qu’elle ait toutes les informations pour retrouver votre adresse. Un simple mot en retour de sa part, comme elle le fait pour chaque courrier reçu, me confirmant qu’elle vous l’a bien transmis, sera mon premier cadeau de Noël.

Mon deuxième cadeau (je vous promets que je n’en demande pas plus), sera votre propre réponse ; la certitude que vous avez lu mon message.

Vous ne me connaissez pas. Je m’appelle Maho et je vis en Bretagne, dans le canton de Gourin. Mes parents tiennent une librairie, ma grande sœur va au lycée et moi au collège. J’ai de très bonnes notes et j’ai hâte d’aller au lycée moi aussi. Pour l’instant, je trouve que l’école c’est trop facile. J’aime lire tout ce qui me passe entre les mains : des magazines, des mangas, des BDs (j’ai constitué une super collection qui fait le bonheur de mes copains), des romans, des revues scientifiques… Je fais également partie de la Ligue de Protection des Oiseaux du Morbihan et du Club d’échecs local. Si vous avez des questions sur moi, n’hésitez pas : je vous répondrai avec plaisir.

Je dois aussi vous dire que je fais partie de ces enfants qui se sont sentis très déprimés en apprenant que le Père Noël n’existe pas ! Ce n’était pas tant pour ma relation avec lui, qui se bornait à une lettre par an, mais pour le mensonge que révélait cette imposture. Un mensonge dont mes parents s’étaient faits les complices. Certes, ils n’étaient pas seuls. Ce mythe, je l’ai compris par la suite, est le fruit d’un gigantesque réseau d’affabulateurs. Mais que mes parents en fassent partie…

Nous en avons beaucoup parlé, le soir du jour où j’ai découvert la supercherie. J’étais en colère. Mais j’ai vu leur embarras, leur désir de bien faire, le piège dans lequel ils étaient tombés en refusant que leur fils soit « le seul garçon de son âge à ne pas croire au Père Noël ». Et puis, ça n’avait posé aucun problème avec ma grande sœur. Elle avait vite admis le fait, du moment qu’elle continuerait à recevoir ses cadeaux. Je pense même qu’elle a su plus vite que moi voir l’avantage qu’elle allait en tirer. Il est en effet beaucoup plus facile désormais de passer sa commande en direct, et de surfer sur les différents sites avec Maman ou Papa pour s’assurer de faire le bon choix.

Alors, ma colère s’est éteinte. J’ai même eu le sentiment de sortir grandi du passage de cette épreuve ; d’entrer dans le monde de l’adolescence. À mon tour, j’allais pouvoir lever les yeux au ciel et hausser les épaules chaque fois qu’un gamin ou une gamine rêverait à voix haute du Père Noël.

 

C’est alors que j’ai découvert votre existence. C’est vous, monsieur J. B. qui avez pris la place du Père Noël ! Vous vous êtes inspiré de ses méthodes ; vous avez recruté votre propre armée de lutins ; vous surfez sur l’univers du cadeau ; vous êtes le seul à pouvoir accomplir le miracle de délivrer des millions d’objets, en quelques heures seulement, à travers le monde entier.

Certes, vous ne passez pas par les cheminées (aussi : quelle idée saugrenue !). Il ne sert à rien non plus de laisser sur la table de la cuisine un verre de lait et des biscuits pour vos rênes. Vous les avez remplacés depuis longtemps, eux et leur traîneau carillonnant, par une flotte d’avions et de camions qui sillonnent la planète en tous sens et à toute heure. Le costume de celui qui porte le présent tant attendu jusqu’à notre porte n’est pas rouge écarlate ni doté d’une capuche ; il ressemble à tous les uniformes de livreurs. Mais vos stocks sont eux aussi illimités. On peut tout trouver chez vous, et aucune vitrine d’aucun magasin ne pourra jamais concurrencer votre site internet !

C’est une évidence pour moi : J. B. a détrôné et remplacé P. N.

Ce faisant, vous en avez profité pour redonner un sacré coup de jeune au personnage : finie la longue barbe frisée dont on se demandait quelle surprise elle pouvait encore cacher. Terminées les mèches bouclées d’un blanc étincelant et les petites lunettes rondes à monture métallique, apanages du vieillard sans doute perclus de rhumatismes. Au placard le célèbre costume, un tantinet ridicule, à la couleur hésitant entre le rubis et le grenat, la fraise écrasée et la cerise. Adieu la silhouette ventripotente de gros balourd. Votre style à vous est celui du cadre de moins de soixante ans, svelte et dynamique, au visage glabre (ne cachant aucune surprise) et au crâne résolument chauve. Vos costumes sont aussi variés en formes qu’en couleurs, portés avec ou sans cravate, parfois un nœud papillon (ce qu’aucun P.N., à ma connaissance, ne se serait autorisé).

Avec vous, Noël est un temps fermement inscrit dans le futur. La technologie a supplanté le rêve et la magie ; le désir secrètement conçu et mûri toute une année s’est muté en une succession d’envies dont on peut changer comme on veut, selon les « super bonnes affaires à ne surtout pas rater ». D’autant que votre société garantit les meilleurs prix, livraison comprise jusque « dans les souliers sous le sapin » (moyennant tout de même un petit extra).

Tout pourrait donc être formidable, et pourtant j’ai un souci. C’est la raison pour laquelle je vous écris et que je garde espoir de recevoir vos conseils en retour.

 

Initialement, je veux dire avant de préférer cet échange en direct avec vous, j’avais choisi comme cadeau (pour le Noël à venir) un roman de science-fiction qui n’est hélas plus publié et que l’on ne peut acquérir que d’occasion. Je l’ai vite trouvé sur le site de A., votre société, et à un prix très correct, « Livraison garantie avant le 20 décembre ». Je n’ai évidemment pas oublié que mes parents sont libraires. Malheureusement, ils n’avaient aucun moyen de se procurer ce livre. Aussi ai-je été tenté de leur suggérer une commande sur A…

Mais je n’ai pas osé.

Peut-être auraient-ils accepté, juste pour me faire plaisir, mais je sais que je leur aurais fait de la peine. Ils parlent de plus en souvent de leurs difficultés et je les sens moins heureux qu’avant. Ils ont du mal à maintenir leur commerce à flot. En fait, ils fulminent contre la concurrence impitoyable que vous leur opposez. Ils enragent si l’on prononce le nom de votre plate-forme en leur présence. Ils en sont à imaginer de devoir mettre la clé sous la porte. Du coup, je comprends leur tristesse : c’est le rêve de toute leur vie qui se briserait !

Je crois que le problème, c’est qu’ils ne seront jamais aussi bons commerçants que vous. Ils aiment trop les livres ! C’est vrai qu’ils prennent parfois du temps pour conseiller leurs clients. Ils rédigent des fiches de lecture (ils m’ont même demandé d’en écrire, pour le rayon jeunesse) et il arrive que leurs commandes tardent à arriver, vu qu’ils n’ont pas tous les ouvrages en stock.

Il me semble que votre modèle est plus adapté au monde d’aujourd’hui. Et puis, votre entreprise est devenue si importante que c’est maintenant au monde de s’y adapter ! Car il est vrai que plus personne n’a le temps de rien. C’est si rapide de surfer sur votre plate-forme, trouver l’objet de nos rêves ou changer d’avis grâce aux publicités que vous affichez sur toutes les pages. La commande se passe en deux minutes et il est souvent possible d’être livré à domicile en 24 heures. Question efficacité, impossible à battre !

Seulement, j’ai lu plusieurs articles et reportages à ce sujet. J’ai cru comprendre que si tout le monde commandait chez vous, plein de commerces comme celui de mes parents fermeraient pour de bon. Alors, qu’est-ce que je dois faire ? J’ai l’impression d’être pris entre deux mondes.

Tout cela a même transformé Noël.

Dans les « vieux » livres, on en parle comme d’une féerie, un moment de partage et de bonheur animé par des chants d’enfants et de joyeux lutins qui se démènent pour que la fête soit la plus réussie possible. Aujourd’hui, on dirait que les gens dépriment à l’approche de Noël. Une fête triste, qui se résume à la distribution de cadeaux (avec toutefois un « Super avantage à ne pas rater » : la garantie que si l’un d’eux ne plaît pas, ce n’est pas grave, puisqu’il pourra être revendu dès le lendemain).

Nous sommes très loin de la magie évoquée dans les contes de Dickens ou d’Andersen, même quand ils sont un peu tristes eux aussi, mais pour d’autres raisons.

 

Quand j’ai renoncé à demander à mes parents de commander mon livre sur votre site, je me suis surpris à imaginer, sans doute pour me consoler, qu’un matin de 25 décembre, sans que je m’y attende, je trouverai au pied du sapin, entouré de traces de suie, un petit paquet, enveloppé et enrubanné à l’ancienne, avec un joli papier aux couleurs chatoyantes découpé plus ou moins droit. Je l’ouvrirai et découvrirai mon cadeau. Il lui aura fallu des années pour me parvenir, et il n’en sera que plus précieux à mon cœur.

Alors, tout ne serait-il qu’une question de course contre le temps ? Et comme « le temps c’est de l’argent », il est possible d’en gagner beaucoup. Est-ce parce que vous avez compris cela que vous avez créé votre société et qu’elle réussit si bien dans le monde entier ?

Mais… si en réalité le temps n’existait pas ? qu’il n’était qu’une illusion ? (comme je l’ai lu dans plein de revues scientifiques récemment). Ne faudrait-il pas dès lors tout réinventer ? Si la plupart des adultes qui ont, toute leur vie durant, donné foi à l’idée d’un passé, d’un présent et d’un futur, apprenaient qu’il ne s’agit que d’une vue de l’esprit, pourquoi refuseraient-ils… de croire au Père-Noël ?

 

J’espère sincèrement ne pas vous ennuyer avec mes questions, monsieur J. B., et si vous me répondez, j’en serai d’autant plus touché, car je sais comme le temps vous est si précieux.

Je vous souhaite un joyeux Noël.

Avec mes cordiales salutations,

 

Maho

Publié le 04/07/2022

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