Des étoiles au-dessus de la Tasmanie
Même si je vous dis qu'il s'agit d'un vol d'albatros au-dessus de la baie de Murdunna, au sud de la Tasmanie, j'imagine que cette image ne vous enthousiasmera pas outre-mesure. Pourtant, en travaillant sur mon carnet de voyage, elle a tout particulièrement retenu mon attention. J'ai été frappé par la formation de vol de ces cinq grands oiseaux marins. En effet... ... tous les navigateurs, voyageurs, randonneurs, se fient à l’étoile polaire… dans l’hémisphère nord. Mais Down Under on choisira : la Croix du Sud. Celle-là même qui figure sur la bannière australienne. Sur le drapeau, les cinq étoiles de droite figurent cinq états. Elles sont disposées selon la représentation de la Croix du sud dans le ciel. La sixième, plus grosse, représente la Fédération.
Pour vérifier mon intuition, il m'a suffi de superposer les deux visuels. Voici le résultat :
Alors, la Croix du Sud : étoiles la nuit, oiseaux le jour ?
Publié le 16/04/2020
Platypus Art
À l'origine de mon premier séjour en Tasmanie, il y a cinq ans, il y avait mon profond désir d'observer un ornithorynque dans son environnement naturel (in the wild). Pas seulement parce que c'est un mot qui compte au scrabble (Hé non : trop de lettres ! Mieux vaut choisir son patronyme anglais : Platypus) mais parce que, depuis le temps que j'allais en Australie, je n'avais jamais réussi à en apercevoir la queue d'un !
Chaque fois, les locaux me disaient que c'était un animal presque impossible à apercevoir, tant il est discret et craintif. Sans compter qu'il partage l'essentiel de son temps entre son terrier et son "terrain de chasse", autrement dit : sous l'eau ! Or, pour moi, cet animal était un peu l'équivalent, au sein des mammifères australiens, du dragon au sein du bestiaire chinois ; une étonnante combinaison d'autres êtres vivants, avec son bec de canard, sa fourrure de loutre, sa queue de castor, ses pattes palmées, les œufs qu'il pond et les petits qu'il allaite une fois éclos ! Je me suis souvent demandé ce que le créateur de cette étonnante bestiole avait fumé ce jour-là. Ma curiosité s'en trouva d'autant plus excitée lorsque je découvris dans mes lectures que le platypus partageait avec le seul échidné son appartenance à une espèce bien déterminée : les monotrèmes, une lignée directe avec la préhistoire !
Cependant, devant mes échecs répétés à observer un ornithorynque dans la nature australienne, j'en avais fini par me demander si, toujours à l'instar du préhistorique dragon chinois, il n'était pas devenu, au fil du temps, un animal de légende. Jusqu'au jour où un Australien, sans doute ému par ma déception et davantage doué d'empathie, m'expliqua que le platypus a besoin d'un habitat aux conditions particulières avec, si possible, une eau suffisamment pure pour en faire son chez-soi. Selon ce sympathique Aussie, j'aurais toutes mes chances en Tasmanie, île très réputée pour la pureté de son environnement. Ni une ni deux, ma décision était prise : j'irai en Tasmanie observer des ornithorynques !
À mon arrivée à Hobart, en 2015, on m'interrogea sur la durée de mon séjour, s'attendant à l'habituelle réponse de ceux venant d'overseas : entre trois jours et trois semaines. Une profonde interrogation se lisait donc sur le visage de mes interlocuteurs lorsque je répondais : trois mois ! D'où la question suivante : mais pour y faire quoi ? Réponse facile : observer des ornithorynques. Hélas ! Quelle ne fût pas ma déception lorsque, chaque fois, je reçus le même commentaire : << Un ornithorynque ? Mais, mon pauvre monsieur, c'est extrêmement difficile. II vous faudra pas mal de chance, et surtout de patience. Dîtes-vous bien que peut-être au bout de trois mois... vous n'en aurez toujours pas vu la queue d'un ! >> Damned ! Oui, je me sentis maudit, trahi, désespéré. Se pourrait-il que tout cela ne soit qu'une vaste farce, et que j'en sois la victime ? Que ledit animal soit bel et bien une légende ? Il y eut heureusement le samedi suivant... et le fameux marché de Salamanca. C'est une tradition, tous les samedis, se tient sur la place fort justement nommée Salamanca Market, un étonnant marché, riche en stands et animations divers, en couleurs et musiques, où se côtoient marchands de crêpes et de burgers, vendeurs de miels, de souvenirs, de vêtements en tous genres, artisans, maraîchers locaux, etc. le tout dans une ambiance très baba-cool ! Devant patienter jusqu’au début d'après-midi pour récupérer ma voiture de location, je profitai de ma matinée pour me balader dans les allées animées de Salamanca. Jusqu'à ce que je découvre un stand où étaient exposées des photographies de tous formats et presque toutes animalières. Celle, superbe, d'un platypus pris en gros plan, nageant dans l'eau verte d'une rivière, m'interpella aussitôt. Je décidai de l'acheter, me disant que si j'étais incapable d'en photographier un moi-même, je rapporterai au moins un souvenir de mon légendaire "dragon australien". Le vendeur à qui je donnai mes dollars en échange de ce cliché en était aussi l'auteur. Je profitai donc de l'aubaine pour lui narrer ma quête, avec l'espoir qu'il m'entendrait. J'ai eu la chance de tomber sur le type le plus sympa et généreux qui soit ! Il me demanda quel parcours j'avais prévu sur l'île pendant trois mois et, pour la plupart de mes étapes, m'indiqua les meilleurs spots possibles pour apercevoir un platypus. Conscient de mon inexpérience en la matière, il me donna en plus les coordonnées de plusieurs de ses connaissances, bûcherons, fermiers... que je pouvais contacter de sa part au fur et à mesure de mon avancée. Tout cela fonctionna à merveille ! Grâce à ce sympathique Tasmanien, et à ses tout aussi sympathiques amis, j'ai pu réaliser ma quête et observer, de longues heures durant divers platypus évoluant dans leur milieu naturel.
Il subsista pourtant une déception. Mon modeste matériel photographique arrivait, cette année-là, à bout de course ! Impossible, notamment d'obtenir une mise au point stable, avec un focus devenu hors de contrôle. Malgré les nombreuses occasions d'observation, j'en tirai peu de clichés, peu qualitatifs pour la plupart. Je garde notamment en tête une séance avec un ornithorynque, sur la berge d'une rivière, à la tombée de la nuit. Tout habillé de noir, la tête couverte par la capuche de mon sweatshirt, silencieux et immobile, je me tenais à moins de trois mètres de lui. Je l'ai filmé sous toutes les coutures pendant près d'un quart d'heure, tandis qu'il se "grattait la couenne", tentant de chasser les parasites logés dans son épaisse fourrure. L'extase ! Pour lui, comme pour moi. Hélas, une fois rentré dans mon petit chalet de montagne (Craddle mountain), le mini écran de mon appareil me révéla que, lumière baissante aidant, ma mise au point était ratée d'un bout à l'autre. Il me reste au moins le souvenir de cette magnifique séquence gravée dans ma mémoire.
Cette privation de belles images a pourtant nourri, en plus de mon désir de découvrir le sud de cette grande île, le projet d’y revenir, ce qui aura été le cas cette année. Armé d’un appareil en meilleur état, fort de mon expérience précédente dans le nord, j’ai pu à nouveau observer des platypus et, cette fois, les photographier.
Voici un rapide montage (« vue de l’artiste ») réalisé avec trois de ces clichés. D’autres viendront alimenter les (au moins) deux pages que je consacrerai à notre ami monotrème dans le carnet de voyage à venir. Publié le 07/04/2020
Un sourire du ciel !
...Un titre porteur d'espoir, associé au cliché qui suit. Je l'ai reçu ce matin (on connaît ma passion pour les oiseaux) et suis heureux de le partager avec vous. Même s'il n'est pas d'une grande qualité et s'il circule sans doute déjà beaucoup sur internet (?), il me semble que c'est en tout cas une magnifique image.
Publié le 02/04/2020
De l'impact du confinement sur la vie sauvage
Pour celles et ceux qui s'intéressent aux corollaires de l'épidémie Covid 19 (cf. news du 12 mars : "De deux maux, faut-il vraiment choisir le moindre ?") ainsi qu'aux impacts de notre civilisation sur la vie sauvage, je recommande cet article de la revue Reporterre (qui publie régulièrement d'excellents articles) : Bonne lecture ! Publié le 28/03/2020
Opéra des oiseaux
Le confinement auquel nous sommes (presque) tous contraints aura le mérite de susciter / révéler de nouveaux comportements. L'un d'eux est sans conteste l'échange massif de contacts entre personnes soucieuses les unes des autres. Ceci peut se traduire, par exemple, par l'envoi de musiques, vidéos, liens... qui ont pour objectif de divertir, faire du bien, et tenter de ne pas garder l'esprit focalisé sur le covid 19. J'ai ainsi reçu (en rapport avec mon Chant des galahs) cette très jolie vidéo d'un Papageno Papagena (Flûte enchantée) interprété par une multitude d'oiseaux. (Bravo Mr Volker pannes !) Voici le lien : https://www.youtube.com/watch?v=IMXD4h5w8D8
Du bonheur à l'état pur, surtout si votre coeur (à l'instar de celui de l'opéra :) aime s'ouvrir aux performances vocales et, ici, polyphoniques, de tous les beaux "plumus". (A noter : la présence de nombreux oiseaux européens mais aussi australiens parmi les choristes)
Ah, quand leur ramage est à l'égal de leur plumage... ! Publié le 24/03/2020
Un message de Sea Shepherd
A l'heure où les ventes de livres chutent, où les librairies et les bibliothèques sont fermées et où j'étais moi-même parti "en voyage" au coeur de cette belle Tasmanie, j'ai laissé cette rubrique "Actualités" (littéraires) se transformer peu à peu en un blog improvisé traitant de mes (belles) rencontres australiennes avant de passer à une actualité plus "angoissante" (cf billets précédents).
Je continuerai donc aujourd'hui avec ce communiqué qui, je crois, tranche avec la "pauvreté" de ceux que nous entendons en boucle depuis des mois. Il est adressé par Lamya ESSEMLALI, présidente de SEA SHEPHERD FRANCE, une association environnementale dont les actions sont désormais mondialement connues, et principalement dédiée à l'univers marin. Ses propos m'apparaissent d'une grande clairvoyance et je choisis de les partager avec vous : "Nous voilà tous confinés depuis quelques jours, plongés dans une crise sanitaire contemporaine sans précédent. Des événements, des institutions, des traditions, des entreprises, que nous croyions aussi immuables et éternels que le sont le soleil ou les marées sont brutalement stoppés nets. Voilà qu’un micro-organisme met l’humanité à plat ventre et lui fait mordre la poussière. Brutal rappel à l’ordre pour les « les maîtres du monde », ramenés à leur rang de mortel, vulnérable et dépendant du monde naturel. Nous ne sommes pas une légende divine. Nous sommes un primate imberbe qui a appris à maitriser la technologie et qui s’en sert pour dominer et dévorer le monde, ses habitants et ses habitats. À l’égard du Vivant, nous nous comportons comme un virus sans conscience, sans réflexion, sans sentiment, sans intelligence, avide de coloniser, d’exploiter à l’infini, ignorant du fait que la mort de notre hôte sera aussi la nôtre. Nous sommes la plus grande cause d’extermination du Vivant que la planète n’ait jamais connu. Il y a plusieurs décennies déjà, nous avons déclenché la pire crise d’extinction massive de l’histoire du monde et ça sera là le seul héritage de notre très bref passage sur cette planète. Rien de nos constructions, de nos écrits, de nos musiques, de nos inventions, rien ne restera. Ne restera que la poussière d’un monde en ruine qui mettra des millions d’années à se remettre de notre passage. Nous sommes une espèce immature, un gamin égoïste et capricieux qui s’est procuré l’arme atomique. Covid-19, en nous rappelant notre vulnérabilité et notre dépendance au reste du Vivant, nous donne une opportunité unique de grandir en devenant enfin plus humbles. Les germes du mal qui nous attaque sont tous nés dans le terreau mortifère de notre rapport au reste du Vivant, notre rapport aux animaux et aux éco-systèmes. Nous avons créé ce qui nous tue. Grippe porcine, grippe aviaire, maladie de la vache folle, SRAS, VIH-1, Ebola, … Et maintenant Covid-19. Tous découlent de la même chose : la destruction sans limite du monde sauvage, l’élevage intensif, l’uniformisation des milieux, notre comportement collectif hystérique, sans éthique et sans conscience. Coronhumanus reste à ce jour le virus le plus mortel que la planète ait connu. A la différence des autres virus, nous sommes capables de penser, de réfléchir, de philosopher… Nous sommes capables de comprendre, parait-il. Quelques jours de confinement à Venise et voilà que les eaux redeviennent transparentes, les poissons reviennent, les dauphins font leur apparition dans le port de Cagliari… C’est à la fois beau et triste, source d’espoir et source de honte. De quoi nous faire réfléchir. En Chine, on sait déjà que la chute de la pollution a sauvé plus de vie que le virus n’en n’a fauché. Un virus mortel qui nous sauve de nous-mêmes. Quelle ironie. Nous sommes donc en guerre contre un virus oui. Le virus de la cupidité, de l’arrogance, de l’égoïsme. Le virus de l’anthropocentrisme qui donne la fièvre au monde au sens littéral du terme. Nous sommes en train de perdre cette guerre et Covid-19 est peut-être notre dernière chance de le comprendre avant qu’il ne soit vraiment trop tard. Cette crise est un avertissement, une répétition et surtout une partie de campagne en comparaison de ce qui nous attend avec l’extermination du Vivant dont nous sommes coupables et l’effondrement écologique qui en découlera immanquablement."
Publié le 20/03/2020
Le virus de l'angoisse
Parmi les effets pernicieux du coronavirus (cf. news du 12 mars dernier), voici à présent l’arrêt brutal de mes courtes chroniques tasmaniennes. Cela est certes bien peu de choses, mais je tenais à vous en informer, vous qui les suivez peut-être sur mon site. À mon arrivée à Melbourne (depuis Hobart), j’ai en effet appris que mon billet de retour était annulé par la compagnie aérienne, et que les frontières françaises étaient désormais fermées. Il a donc fallu imaginer un plan d’urgence pour mon « exfiltration » vers l’hexagone. Par chance, l’Allemagne (seule) n’avait pas encore fermé ses portes. Alors, ni une ni deux : en route vers Munich, via Singapour, puis Munich-Paris. Durée totale du voyage : + de 40 heures ! Épuisé et pas mal secoué par la constante angoisse environnante (en Australie, durant le voyage…), j’ai été très heureux de retrouver mon appartement parisien. J’ai toutefois un peu déchanté en comprenant que j’y étais de fait confiné (précaution normale au vu de la situation sanitaire dans le pays), puis de m’apercevoir qu’il m’était impossible de me procurer, ici aussi, masques, liquide hydro alcoolique, et… papier toilette ! Plus un rouleau de « pq » dans les rayons, plus un paquet de pâtes, etc. La panique coronavirus n’avait pas épargné la France !
Autre désagrément : mes difficultés à comprendre les messages flous et contradictoires du gouvernement. Le plus flagrant, selon moi : « Les masques sont inutiles quand on est en bonne santé » !? Ils sont désormais réservés au seul personnel médical. (Ah bon, donc les masques peuvent protéger ?) Du coup : en porter malgré tout, serait devenu (en seulement 48h), et à force de communication toxique, « une preuve totale d’incivisme ». Étant donné la dimension héroïque (certes légitime) acquise par les acteurs de la santé, je m’attends à des séances de lynchage en pleine rue, par des personnes bien-pensantes sur les rebelles porteurs de masque ! Ce message du gouvernement, en plus d’être « malsain », est réellement indécent. Étonnante façon de masquer son incapacité (et son incompétence) à produire les équipements dont nous avons en l’occurrence tous besoin : personnel soignant et malades, certes, mais aussi les gens « sains » (qui sont d’ailleurs peut-être des porteurs asymptomatiques, vu que l’on ne peut tester qu’un pourcentage infime de la population). Impossibilité de tester une plus large population ; pas assez de lits ; un personnel soignant déjà épuisé (et qui, avant d’être traité en héros, était il n’y a pas si longtemps surtout victime de mépris face aux manques sanitaires qu’il dénonçait déjà) ; pas assez de locaux ; pas assez de masques et de liquide hydro alcoolique ; et plus du tout de… papier toilette ! Le bilan n’est pas brillant pour une société qui se qualifie de hautement évoluée. Mais surtout, n’est-il pas enfin temps de cesser de monter des parties de la population contre les autres ? « Diviser pour mieux régner », un adage qui a certes fait ses preuves, mais tout dépend de quel règne l’on rêve.
Je vais bien sûr rester le plus possible chez moi. Lire et, peut-être, écrire ; regarder de bons films ; réfléchir à un nouveau carnet de voyage (sur la Tasmanie), mais avant tout cela : tenter d’installer un bidet dans ma salle de bains, ainsi qu’un métier à tisser, pour produire mes propres masques, au risque de me faire lyncher si je mets le nez dehors !
Gardons espoir : l’angoisse retombera et l’amour reprendra le dessus, du moins si j’en crois James Baldwin (dans son fameuxThe fire next time) à qui je laisse avec plaisir le soin de conclure ce billet :
« L'amour arrache les masques sans lesquels nous craignons de ne pas pouvoir vivre et derrière lesquels nous savons que nous sommes incapables de le faire. » Publié le 20/03/2020
Conférence du 8 avril sur Confucius
Pour information, et dans la suite logique des conséquences de l’épidémie de Coronavirus, j’informe les personnes intéressées que ma conférence sur Confucius, prévue le 8 avril prochain, a été annulée par les organisateurs, et ce avec mon plein accord. Celle-ci est donc reportée à une date ultérieure dont je vous informerai dès que j’en aurai connaissance. Publié le 12/03/2020
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