Les petits, les obscurs, les sans-grades...

Il est permis aujourd’hui de se poser la question sur ce qui fait la grandeur d’un homme ou sa petitesse, sa renommée ou son anonymat.

 

Quel chanteur de variété ou star de cinéma (de préférence américaine) n’a pas aujourd’hui reçu sa… légion d’honneur ? Comment se garantir, après sa mort, une place au Panthéon ou aux Invalides ? Que faire pour s’assurer « cinq colonnes à la une » qui annoncera notre (inévitable) décès ?

 

Des questions qu’un homme aussi simple et vertueux que le grand sinologue Léon Vandermeersch ne se posait certainement pas.

Il s’est éteint à l’hôpital Cochin, il y a près d’une semaine, dans la nuit du 16 au 17 octobre. Il avait 93 ans. Qui en a parlé ? Où sont les articles, les panégyriques rappelant l’œuvre essentielle de ce chercheur ? L’ensemble de la presse est restée muette sur ce… « non-événement ».

Pourtant, Léon Vandermeersch était un sinologue remarquable, dont le travail a toujours témoigné d’une grande humanité. Très jeune diplômé de philosophie, de chinois, de vietnamien, il a été professeur, puis directeur d’études à l’École pratique de hautes études, chercheur, écrivain et aussi directeur de l’École Française d’Extrême-Orient pendant les dernières années de sa carrière.

Il était un grand spécialiste du confucianisme et de l’histoire ancienne de la civilisation chinoise, en particulier cette période passionnante, foisonnante de philosophie et d’études qu’est celle des Printemps et Automnes dominée par la civilisation Zhou (-1122 à -256 av. J.-C.).

À travers ses écrits, il a su nous éclairer sur le confucianisme et sa profondeur humaniste, les fondements posés d’une République construite sur le « Vivre ensemble », une société ou l’éducation, les devoirs de chacun et les rituels sociaux priment sur les lois et combattent privilèges et injustice. Léon Vandermeersch revient également avec finesse et intelligence sur les notions d’être et de non-être, d’immanence et de transcendance au sein de la pensée traditionnelle chinoise.

 

Que penser du silence qui entoure la mort de cet immense chercheur ? Peut-être faut-il rappeler ce propos de Confucius lui-même, au sujet de la « renommée » :

« Celui qui cultive la sagesse (apprend) et ne cesse de la cultiver, n’y trouve-t-il pas la satisfaction? Si des amis de la sagesse viennent de loin recevoir ses leçons, n’éprouve-t-il pas de la satisfaction? S’il reste inconnu des hommes et n’en ressent aucune peine, n’est-il pas un vrai sage? »  Entretiens  I.1

 

À lire et à relire :

Sagesses chinoises (écriture chorale avec Jean de Miribel)  Flammarion

Wangdao ou La Voie royale, recherches sur l’esprit des institutions de la Chine archaïque    EFEO, 1980.

Publié le 24/10/2021
Leur révolution devait être « verte » et vertueuse…

La première fois que je me suis intéressé de très près à ce qu’avait été la « Révolution verte », au milieu du siècle dernier, c’était dans le cadre de mon enquête documentaire préalable à la rédaction d’Environnement Mortel.

 

 

J’y avais ainsi appris que son lancement « officiel » remontait à 1943, au beau milieu de la Seconde guerre Mondiale, lorsque la Fondation du milliardaire Rockefeller, conjointement avec l'administration de Manuel Ávila Camacho au Mexique, crée l'Office of Special Studies.

Des études très « spéciales », en effet dont l’objectif déclaré était de mieux contrôler le niveau de production des cultures alimentaires par… la génétique. Elles sont à l’origine des cultures OGM, mais aussi des plans de développement des cultures industrielles, des monocultures.

Camacho voulait que l'agriculture mexicaine soutienne l'urbanisation et l'industrialisation du pays. Le vice-président U.S., Henry Wallace, voyant les ambitions de Camacho comme une chance pour l'économie et les intérêts militaires américains, a encouragé la Fondation Rockefeller de travailler en ce sens avec le nouveau président mexicain.

L'Office of Special Studies réunit alors des généticiens et phytopathologistes américains et mexicains dans la recherche pour le développement de variétés de maïs et de blé à haut potentiel de rendement. Plus tard, en 1971, une association internationale, le Consultative Group on International Agricultural Research (CGIAR) sera créée, toujours sous l'auspice de la Fondation Rockefeller, pour contrôler les recherches d'une quinzaine de centres implantés sur la planète. Ces recherches portent sur la fabrication par hybridation de variétés à haut rendement concernant les trois principales céréales cultivées dans le monde : le riz, le blé et le maïs.

 

Les méthodes et produits conçus à partir de ces recherches, annoncés comme miraculeux pour l’humanité, diffusés par de très puissants groupes agro-alimentaires, selon des moyens souvent plus proches de ceux utilisés par la mafia que ceux habituellement admis en matière de commerce, ont eu et continuent d’avoir des conséquences très néfastes pour l’environnement, la biodiversité, la qualité des terres cultivables et la vie des habitants de cette planète ; à commencer par les paysans, en particulier ceux du tiers-monde. Leurs effets nocifs s’avèrent bien plus grands que les progrès tant vantés par les laboratoires des géants de l’alimentaire, sur la hausse des rendements ou la résistance des plants à la sécheresse et aux insectes. On sait désormais que ces progrès sont très variables et, surtout, temporaires, voire réversibles.

Si nombre de paysans ont ainsi été ruinés, et que beaucoup à travers le monde se sont suicidés, en revanche les propriétaires de ces laboratoires et de ces industries alimentaires ont vu leur fortune croître de façon considérable.

 

Aujourd’hui, d’autres politiques s’entendent avec d’autres milliardaires pour, à travers les fondations de ces derniers, lancer une nouvelle… Révolution verte.

 

En début de semaine, l’Angleterre, par la voix de son Premier ministre, Boris Johnson, a annoncé au cours d’un sommet auquel des banques, des milliardaires et des dirigeants de grands groupes internationaux étaient conviés, son plan, basé sur des centaines de milliards d’investissements, destiné à contribuer au « mieux-être » environnemental de la planète.

Le timing de Johnson et de son principal associé dans ce programme, le milliardaire Bill Gates, est impeccable, une semaine avant l’ouverture à Glasgow de la prochaine conférence mondiale sur le climat, intitulée COP26.

 

Johnson et Gates ont présenté ce plan comme une nouvelle… Révolution verte.

Ils se sont évertués à convaincre les dirigeants présents, en particulier ceux de fonds d’investissement comme Blackrock et Blackstone de se joindre à eux. Ensemble, ces deux sociétés gèrent près de 1 400 milliards de fonds pour les investisseurs et les retraités et, à l’instar de la fondation Bill (et Melinda) Gates, oublient toute notion d’humanisme ou d’écologie lorsqu’il s’agit d’investir dans des biens « rentables ». (Leurs investissements dans les industries les plus polluantes de la planète sont très nettement supérieurs à ceux dédiés au « bien-être » de l’humanité, même si toute leur communication institutionnelle ne met en avant que ces derniers).

De son côté, Bill Gates reste très investi (financièrement) dans tous les secteurs de la recherche : informatique, biologique, génétique et donc médicale… Il a, par exemple, contribué aux négociations pour la revente du vaccin mis au point par l’université anglaise d’Oxford au laboratoire privé AztraZeneca. Il est aussi souvent disponible pour « conseiller » les dirigeants de nombreux pays sur leur politique vaccinale. Le milliardaire dégage des profits considérables de ces activités, à côté desquels ses dons pour des œuvres caritatives, bien réels, ne représentent qu’un infime pourcentage, et garantissent à sa fondation de bénéficier d’un statut fiscal très avantageux. Sa fortune personnelle est aujourd’hui estimée à 134 milliards de $, et le place au 4ème rang des milliardaires américains.

 

Nul doute qu’il est le candidat parfait pour succéder à Rockefeller à la tête de cette nouvelle… Révolution verte, et Boris Johnson un allié politique idéal. 

Publié le 24/10/2021
Carnets de voyage...

L’idée de partager mes Carnets de voyages sur ce site (voir rubrique du même nom) semble appréciée si j’en crois le nombre de consultations et les retours qui me sont faits.  D’autant plus lorsque ces mêmes carnets se révèlent sources d’inspiration.

En témoignent ces deux très belles illustrations réalisées par la talentueuse Agnès Gourlay, dont c’est précisément le métier (http://www.agnesgourlay.com) et qui a eu la gentillesse de me les adresser. (*)

Voici donc nos deux amis tasmaniens, l’ornithorynque (monotrème) et le thylacine (marsupial) plus connu sous le nom de « Tigre de Tasmanie » et hélas aujourd’hui disparu, sous les traits que leur a donnés notre artiste.  C’est sans doute ainsi que j’aurais aimé illustrer mes carnets si j’avais eu son coup de crayon et sa maîtrise des couleurs.

Un grand merci à elle.  

 

                 

 

(*) Toute copie, reproduction, enregistrement de ces images, sans autorisation préalable de l’artiste est interdite.

Publié le 21/10/2021
Bon anniversaire, Monsieur Brassens !

En 2016, le chanteur, auteur et compositeur,  Bob Dylan a reçu le Prix Nobel de littérature pour l’ensemble de son œuvre. Cela a donné lieu à une polémique assez déplacée selon moi (il est vrai que la polémique semble le mode d’expression favori de nos contemporains) : la « chanson » appartient-elle au genre « littérature » ?

En ce qui me concerne, la réponse à cette question ne fait aucun doute.

Et l’hommage qui sera sans doute rendu à George Brassens dans les jours prochains, puisqu’il aurait eu 100 ans demain, 22 octobre, sera sans doute l’occasion de réentendre plusieurs de ses textes que nombre d’entre nous considèrent comme de purs chefs-d’œuvre.

Publié le 21/10/2021
Voyage, voyage...

Avec quelques jours de retard, célébrons cette date du 12 octobre… 1492, qui témoigne des possibles erreurs d’orientation, même lorsque l’on est le grand Christophe Colomb.

 

Ce fameux vendredi 12, le navigateur génois, alors âgé de 41 ans, et au service des Rois catholiques d'Espagne, pose les pieds sur une île des Bahamas, en croyant se trouver… au Japon !

Pensant avoir enfin atteint « le continent des épices », l’Asie, il nomme tout naturellement les autochtones qu’il rencontre : les Indiens ! Une confusion qui, depuis, ne cesse de hanter les écoliers de tous les pays, contraints de préciser « Indiens d’Amérique » ou « Indiens d’Inde » selon leur propos.

Mais cette erreur n’a en rien entaché la réputation de celui dont l’histoire se souvient comme du « découvreur » de l’Amérique (passant ainsi outre toutes les expéditions, y compris terrestres qui ont, longtemps avant le 15ème siècle, mené sur ce territoire*). Et les Nord-Américains de consacrer leur deuxième lundi d’octobre à cette découverte, en le nommant : « Columbus day ». Les Sud-Américains (et l'Espagne) commémorent aussi l'événement, tous les 12 octobre.

 

* Les premiers "Américains" sont probablement issus d'une région maritime du nord-est de l'Asie. Ils ont emprunté une voie côtière le long du Pacifique Nord pour atteindre l'Amérique il y a environ 15.000 ans.

 

Autant garder cette anecdote en tête, chaque fois que nous nous trompons de route, que ce soit en randonnée ou même pour aller chercher notre baguette.  

Publié le 17/10/2021
Salon littéraire d'Hermillon

Un bel accueil de l’équipe de l’Association le Colporteur à la 32ème édition du salon d’Hermillon, qui attend chaque année trois à quatre mille visiteurs. Là aussi les rencontres ont été belles. Avec les lecteurs, bien sûr, mais aussi avec les quatre autres auteurs sélectionnés avec moi pour le Prix Rosine Perrier 2021. J’ai ainsi fait la connaissance de :

- Gaëlle Nohant, la lauréate du Prix (bravo à elle)

- Caroline Audibert et son beau récit « Nés de la nuit », dédié à l’écologie et plus particulièrement au loup.

- Laure Becdelièvre, et son très remarqué premier roman : « Nus »

- et enfin, un autre Pascal : Pascal Manoukian (et sa très sympathique épouse Carole), pour son livre passionnant : Le cercle des Hommes. Le courant est immédiatement passé avec Pascal, ancien directeur de l’Agence Capa et reporter de guerre, et son intérêt pour les Peuples Premiers.

 

Bien d’autres auteurs étaient présents, la plupart amoureux de leur belle région et de ses montagnes. J’ai en particulier beaucoup apprécié d’échanger avec Jean Laurent Del Socorro, qui écrit pour un large public, ainsi qu’avec Amaury Deshayes, délégué par la belle Librairie Garin de Chambery, partenaire du salon.

 

Bref : deux jours dédiés aux livres et aux échanges, le tout dans un paysage de rêve éclairé par un beau soleil ! Que demander de plus ?

Publié le 14/10/2021
Information importante pour les lecteurs intéressés par Le chant des galahs

J’ai appris ce week-end que Le chant des galahs est en rupture de stock dans ses deux versions imprimées (Poche et Grand Format).

J’ai aussitôt contacté l’éditeur qui m’informe lancer très vite une réimpression.

 

Il y aura donc un peu de retard dans les livraisons (d’ici 2 ou 3 semaines maximum), et j’en suis le premier désolé. Je vous remercie d’avance pour votre patience.

 

Les nombreux commentaires enthousiastes de lecteurs (qui ont eu la chance de recevoir le livre), ces dernières semaines, sont autant d’encouragements à « patienter »   

Publié le 13/10/2021
Rencontre à Epagny Metz-Tessy

Un grand merci à Elsa NURIS, responsable de la bibliothèque La Lyaude à Epagny Metz-Tessy (Haute Savoie) et son équipe de bénévoles, pour leur formidable accueil vendredi dernier.

La discussion à bâtons rompus autour de mon ouvrage, Le chant des galahs, mais aussi et surtout, de la littérature, des voyages, de l’Australie, et même de la Chine, a été des plus agréables.

 

À leur tour, elles m’ont fait découvrir la délicieuse verveine de Haute Savoie, qui n’a rien à envier à sa cousine de Haute Loire  

Publié le 13/10/2021

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