Aux origines de Tintin

Après le chien Ergé, membre éminent du Collège de Pataphysique évoqué dans une précédente chronique, voici un autre mystère résolu, précisément à propos de Tintin et de son chien Milou.

 

Connaissez-vous la jolie petite ville de Saint Benoît, dans le Poitou ? Moi, oui. J’ai eu la chance d’y être invité il y a 7 ans, à l’occasion du Prix Benjamin organisé par la ville, dont mon ouvrage, Zhang le peintre magicien était cette année-là le lauréat.

Je garde un excellent souvenir de mes rencontres et de mon séjour sur place. C’est également à cette occasion que je dois d’avoir appris l’existence de deux « personnalités » qui ont de toute évidence marqué le célèbre auteur belge Hergé dans le passé, à savoir : Robert Sexé et René Milhoux.

 

Selon les informations recueillies sur place, le premier a fini sa vie à Saint-Benoît et aura, des années plus tôt, inspiré à Hergé le personnage de Tintin, le nom du second expliquerait celui attribué au compagnon du jeune reporter, le fidèle Milou !

 

Le texte sur la photo ci-dessous n’étant pas forcément lisible, en voici un extrait « en clair » :

Grand voyageur et reporter et photographe, Robert Sexé (1890-1986) a marqué l’histoire de la moto en réalisant avec H Andrieux, en 1926, le premier tour du monde à moto avec le concours de la firme belge Gillet-Herstal. …/… Il réalisa aussi le premier reportage chez les Soviets (URSS) en 1925. Grand ami de René Milhoux, mécanicien et recordman de vitesse de l’époque, Robert Sexé aurait inspiré le personnage de Tintin à Hergé qui, comme lui, travaillait pour le journal « Le Vingtième Siècle ».

 

Photo P V

 

C’est toujours un bonheur de découvrir les petits secrets qui sont à l’origine des histoires et de leurs personnages ; la façon dont les auteurs disséminent ces indices au fil de leurs scénarios, sans s’inquiéter de savoir s’ils seront un jour décodés ou non, peut parfois conduire à de belles « chasses au trésor ».

Publié le 02/04/2021
Le Chant des Galahs chez Mikros Noir

Il ne me reste plus qu’à espérer que les librairies restent encore quelque temps un lieu essentiel !

En effet, les Éditions de l’Aube viennent de me confirmer la sortie en librairie, dans les jours prochains, du Chant des Galahs au format Poche, dans la très belle collection Mikros Noir de cette même maison.

Voici la couverture :

 

 

J’ai un exemplaire en main, et je suis vraiment heureux du traitement que l’éditeur a accordé à l’ouvrage : illustration, mise en page, excellente lisibilité du texte (rare dans ce format)… tout est réussi.

Le prix : 12.90€

 

Si vous avez aimé ce récit et souhaitez le faire découvrir à votre entourage, c’est vraiment le bon moment.  

 

Le Chant des Galahs  Éditions de l’Aube  Collection Mikros Noir

Publié le 31/03/2021
Le mystère des Trois Satrapes

Pour mieux comprendre le « Mystère des Trois Satrapes » et les origines du très fermé et tout aussi mystérieux Corps des Satrapes issu du Collège de Pataphysique, une petite visite à la Cité Véron, près de Pigalle, à Paris, peut s’avérer précieuse.

 

Dès la grille de la modeste impasse franchie, on peut découvrir la plaque murale que voici :

 

Photo P V

 

Ainsi, Jacques Prévert s’installe au numéro 6 de la petite ruelle pavée, avec sa femme Janine et sa fille Michèle, surnommée Minette, en ayant comme voisins Boris Vian (venu un an plus tôt) et la jeune artiste suisse-allemande Ursula Vian-Kübler, que ce dernier vient tout juste d’épouser.

 

Un des intérêts qu’offre cet appartement pour les Prévert est la terrasse (partagée avec les Vian) qui s’ouvre derrière les ailes du fameux Moulin Rouge.

Celle-ci nécessita plusieurs aménagements (dont l'installation de baignoires à "pattes de lions" servant de bacs à fleurs) avant de pouvoir accueillir en diverses occasions les étonnantes réunions du Collège de Pataphysique, fondé quelques années plus tôt par les deux compères, et qu’ils définissent comme une « Société de recherches savantes et inutiles ».

Les trois plus éminents membres dudit Collège, à savoir : Vian, Prévert ainsi que le chien briard de celui-ci, Ergé, constituèrent le Corps des Satrapes, qui donna son nom à la célèbre terrasse : « Terrasse des Trois Satrapes ».

 

On peut imaginer que le chien Ergé, qui aura assisté à tant de réunions et discussions entre les deux grands poètes, n’était plus tout à fait un chien comme les autres, à la fin de sa vie… de chien. Nous n’avons hélas trace d’aucun témoignage recueilli auprès des autres quadrupèdes du quartier, les « loulous de Pigalle », sur leur appréciation d’Ergé, très honorable « chien savant ».

Publié le 30/03/2021
Quand l'esprit de solidarité se montre plus contagieux que le virus

L’une des principales difficultés rencontrée dans la mise à jour d’une rubrique d’actualités est de témoigner de faits heureux, encourageants, bref… « bons pour le moral ».

Ce sera bien le cas aujourd’hui, avec cette chronique concernant le personnel SNCF de la région Bretagne, et tout particulièrement le conducteur de train Fabrice Coulouarn, à l’origine d’une bien belle initiative.

 

Durant une semaine, avec ses collègues et une équipe de volontaires, il a organisé une importante collecte de jouets et de produits alimentaires sur des points de ramassage créés dans la plupart des gares de la ligne qui relie Rennes à Brest. Jouets, peluches, jeux de société, mais aussi denrées alimentaires, ont ainsi voyagé gratuitement pour être redistribués à des associations et à la banque alimentaire.

 

Une initiative personnelle, de l’idée, de l’enthousiasme, des personnes partageant les mêmes valeurs et désireuses de venir en aide aux plus démunis… et voilà une affaire qui roule !

Un geste qui s’inscrit dans la longue histoire de résistance des cheminots français, et qui en inspirera probablement d’autres.

Publié le 28/03/2021
Le sens de la Fête

Il serait intéressant de bien comprendre pourquoi tant de noms d’animaux sont repris de façon péjorative voire comme insultes à l’égard d’humains. Traiter quelqu’un « d’âne », de « cochon », de « vache », « corbeau », « pigeon », « (tête de) moineau », « rat »,… et tant d’autres encore, n’est pas exactement un compliment.

Difficile de ne pas y retrouver les marques de notre incroyable sentiment de supériorité sur tous les autres êtres vivants de cette planète.

 

Cela vaut aussi pour les blaireaux.

Être traité de « blaireau » n’a (il en a été décidé ainsi) rien de glorieux.

Mais de là à maltraiter les blaireaux…

 

La scène se déroule à Saint Didier de la Tour, en Isère. Elle a été filmée et tourne en boucle sur les indispensables réseaux sociaux. Une séquence qui remporte un vif succès et distrait beaucoup.

On y voit un important groupe de jeunes (pré-ados, ados et jeunes adultes) qui sautent chacun leur tour à pieds joints sur un blaireau… un vrai blaireau, l’animal.

 

Une chouette et sympathique soirée comme on aimerait en voir plus souvent en Isère (et sans doute ailleurs, vu l’écho donné à ce moment de pure cruauté gratuite).

Les seuls qui n’ont pas apprécié sont bien évidemment les défenseurs de la cause animale. Ils n’ont pas ri, pas même souri. Ils ont plutôt eu envie de vomir. Mais c’est normal, c’est jamais drôle un défenseur de la cause animale ; des gens qui n’ont vraiment pas le sens de la fête, c’est bien connu.

Ils ont porté plainte. Mais les services de police n’ont pu donner suite. Ceux-ci ont d’abord invoqué le fait que l’animal était déjà mort avant que les « jeunes » ne « s’amusent » avec lui (affirmation douteuse selon ceux qui ont bien visionné l’intégralité de la scène).

Puis ils ont eu recours à un deuxième argument, imparable celui-là : selon la loi, pour qu’une plainte de maltraitance sur animal soit recevable, il faut que ledit animal soit domestique, apprivoisé ou captif (?). RIEN DE PREVU POUR LES ANIMAUX SAUVAGES !

 

Pas de chance pour les animaux, ce sont les hommes qui édictent les lois (sauf chez G Orwell ou La Fontaine).

 

Quoi qu’il en soit, quelle bonne nouvelle de savoir qu’à Saint Didier de la Tour, en Isère, au 21ème siècle et en pleine pandémie de Covid, on peut ainsi faire la fête… avec des blaireaux !  

Publié le 25/03/2021
Sans rire ?

L’humour marseillais plus fort que l’humour britannique ou juif ?

C’est bien possible. Pour preuve :

Covid - Marseille : « Ils profitent du carnaval pour ne pas porter de masque ».

…à mourir de rire !

 

Une philosophie de la légèreté que l’on ne retrouvera certainement pas dans l’œuvre de Nietzsche, convaincu que la noblesse de l’âme résulte en solitude, incompréhension de la masse et tourment. Selon lui, au contraire :

« Tout esprit profond a besoin d'un masque » (*)

 

(*) à lire et relire, avec 295 autres aphorismes du philosophe allemand, dans Par-delà le bien et le mal  Mercure de France ou 10/18

Publié le 23/03/2021
Pas mieux qu’Anchorage pour relancer… la guerre froide

Est-ce le rude climat d’Alaska qui a incité les principaux intervenants de la récente rencontre Chine - États-Unis à mettre en place tous les éléments durs d’une guerre froide dont les conséquences pour le monde pourraient s’avérer dramatiques ?

 

L’objet de cette entrevue était pourtant de tenter de renouer le dialogue après les multiples signes de rupture et de rétorsion lancés par D. Trump à l’égard de la Chine, tandis que celle-ci continuait d’avancer ses pions pour étendre sa puissance économique sur une plus large partie de la planète.

 

Un protocole avait, comme chaque fois, été établi avant la rencontre. Définissant notamment le fond et la forme de la présentation devant la presse, tenue en début de réunion. Les pions blancs allaient aux États-Unis, en tant qu’hôtes de la réunion, la Chine n’intervenant qu’ensuite, en tant qu’invitée.

 

Et c’est là que tout semble avoir dérapé.

Contrairement à la diplomatie convenue et en usage, Anthony Blinken, Secrétaire d’État américain, s’est lancé dans une diatribe féroce contre la Chine, abordant d’emblée tous les sujets "qui fâchent" : politique de la Chine avec Hong-Kong, Taïwan, le Xinjiang ; les piratages internet contre les USA ; l’implication de la Chine dans l’épidémie de la Covid ; son non-respect des règles économiques ; etc.

 

Cette attaque en règle a provoqué l’ire de la délégation chinoise et entraîné une longue réplique, tout aussi cinglante, du chef du bureau des Affaires étrangères du Parti communiste chinois, Yang Jiechi.

Toujours devant la presse, celui-ci a en particulier reproché aux Américains de tout faire pour nuire aux échanges économiques internationaux et de pousser plusieurs nations à entrer en conflit avec la Chine. Il a également souligné l’implication des USA dans les événements de Hong Kong, et rappelé qu’en matière de Droits de l’homme, l’Amérique n’avait de leçon à donner à personne, surtout au regard de sa façon de gérer sa communauté noire. Il a enfin condamné la manière inadmissible dont les Américains traitent leurs invités.

Une chose est certaine, cette « présentation » devant la presse prévoyait deux minutes de temps de parole pour chaque délégation ; elle a duré en tout près d’une heure !

 

Les Américains, en jouant une ouverture si agressive, ne s’attendaient probablement pas à une riposte aussi vive de la part de ce qu’il est hélas convenu d’appeler leur « adversaire ».

Leur crédibilité était toutefois entamée au moment d’affirmer, après réunion, que ce sont les Chinois qui avaient voulu provoquer ce clash, avec l’intention délibérée de rendre la situation actuelle entre les deux puissances encore plus tendue.

 

Crédibilité d’autant remise en cause par les attaques de Joe Biden contre son homologue russe, accusant celui-ci d’être « un tueur » et de « devoir s’attendre à en payer le prix ». En des termes plus symboliques, cela signifie une condamnation à la peine capitale, celle-ci n’étant pas abolie aux États-Unis.

 

Qu’est-ce que le Président américain et ses conseillers attendent d'une pareille diplomatie ?

Ils ne peuvent ignorer les multiples signes de rapprochement entre la Chine et la Russie, ainsi que leurs alliés.

La guerre économique est en place depuis longtemps, suivie d’une récente période de nouvelle guerre froide. En glaçant davantage les relations entre les deux blocs, le prochain niveau de confrontation risque bien d’être militaire.

 

Souhaitons que la prochaine rencontre, si prochaine rencontre il y a, ait lieu non pas en Alaska ou au Pôle Nord, mais plutôt à Miami ou à Hawaï.

Un signe de « réchauffement » que la planète considérerait, cette fois, comme bienvenu ! 

Publié le 21/03/2021
Il y a 150 ans...

Dans des temps où une part de la France s’insurge contre les privations de liberté que lui impose la pandémie (Covid 19), il est intéressant de rappeler que ce 18 mars marquait très précisément les… 150 ans de la Commune !

 

La célèbre et terrible insurrection de parisiens, pour la plupart ouvriers, révolutionnaires, socialistes, s’acheva le 28 mai, au terme d’une « Semaine sanglante ».

Pendant plus de deux mois, le mouvement insurrectionnel, pourtant improvisé, a régné sur la capitale, sous le nom de Commune de Paris.

 

Comme toujours, dans des épisodes aussi forts, de nouvelles idées, mais aussi de nouvelles figures populaires émergent. Parmi elles, plusieurs femmes, dont la célèbre « Veuve rouge de la Commune ».

 

Louise Michel (née 21 ans plus tôt, en 1830) était une femme éduquée (ayant son brevet d’institutrice), intéressée par les valeurs morales qu’elle étudie notamment au travers de la poésie et de… la politique !

C’est sur la Butte Montmartre qu’elle fait pour la première fois parler d’elle, au tout premier jour de la Commune. Lorsqu’Adolphe Tiers donne l’ordre à l’armée de récupérer les canons sis sur la butte, Louise Michel, à la tête d’une troupe de femmes du quartier, n’hésite pas à faire barrage aux soldats, y compris lorsque ceux-ci reçoivent l’ordre de tirer. Devant le courage et la résolution de ces femmes, les militaires refusent de faire feu, et certains se joignent même aux insurgés.

Les semaines suivantes, Louise Michel est de chaque combat, prenant tous les risques, secourant les blessés, exhortant la population à rejoindre le mouvement. La Veuve rouge tient bon, y compris pendant la Semaine sanglante à l’issue de laquelle, comme tant d’autres, elle est arrêtée et déportée.

Elle ne revient en France qu’en 1880, à l’occasion de l’amnistie générale.

Entre-temps, elle s’est convertie à l’anarchisme dont elle devient une cheffe de file importante dans le pays. Elle met son talent de rédactrice et d’oratrice au service de sa cause, ce qui lui vaut d’être arrêtée à de nombreuses reprises. Elle n’abandonne pourtant jamais son combat, et repart, de meetings en conférences, chaque fois qu’elle a fini de purger sa peine.

À sa mort, en 1905, terrassée par la maladie, elle laisse derrière elle de nombreux écrits qui témoignent de ses idées et de son combat contre l’immoralité politique.

 

À lire et relire :

Mémoires de Louise Michel,  Éditions La découverte

Lettres à Victor Hugo, Le Mercure de France

Publié le 19/03/2021

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