Quand la Chine nous interroge

La façon dont le gouvernement chinois administre ses affaires intérieures (et extérieures) n’a pas fini de nous interroger ni d’alimenter les pires fantasmes et rumeurs « pro » ou « anti » Chine.

Une chose est toutefois certaine, c’est que « ces gens-là », décidément, ne pensent ni ne fonctionnent comme nous ! (pour résumer la pensée la plus couramment admise en Occident à propos de la Chine).

 

Une autre chose est sûre, si Xi jinping et son équipe se sont essayé (avec pour l’instant une réussite plus que mitigée) à l’exercice du Soft Power en matière de politique étrangère, l’autorité qu’ils exercent à l’intérieur du pays ne s’embarrasse guère de diplomatie.

Le plan est simple : chaque nouveau problème rencontré doit être traité avec force et résolution (image de la main de fer) ; il n’est pas question de laisser quelque communauté ou acteur économique du pays remettre en cause la politique décidée pour le bien commun de celui-ci.

Que les islamistes se mettent en action à l’ouest de la Chine, la rétorsion est immédiate et bien plus violente encore. Que le Tibet, Hong Kong, réclament leur indépendance, l’armée et la police sont aussitôt mobilisées pour y remettre bon ordre.

Voilà pour les exemples les plus repris et cités dans la presse internationale.

 

Mais cette « fermeté managériale » s’exerce dans bien d’autres domaines. Ainsi, la lutte contre le coronavirus. Le combat fait sens pour toute la famille chinoise et il n’est pas question non plus ici de se plaindre de « restriction des libertés individuelles » quand il y va de la survie d’une population d’1.5 milliards d’habitants. La criminalité augmente dans les villes, les accidents de circulation sont plus nombreux, les dérives comportementales liées aux « mauvais exemples occidentaux » se multiplient ? Qu’à cela ne tienne : le déploiement des nouvelles technologies – caméras, reconnaissance faciale, gestion de bases de données sophistiquées, contrôle des medias et de l’Internet…– démontrent une efficacité redoutable pour contribuer au bon maintien de l’ordre et au respect des règles communes indispensable pour éviter la pagaille sociale et limiter la corruption.

Des bavures graves, des abus inacceptables se produisent. Comment pourrait-il en être autrement ? Ce qui compte pour l'Etat, c’est le résultat global. Le Parti ne conservera son pouvoir que s’il réussit à tenir sa promesse de garantir le bonheur et la sécurité de la majorité des Chinoises et des Chinois.

 

Un autre exemple de ce « management à la chinoise » nous apparaît depuis peu à travers les rapports que le gouvernement entretient avec les géants du numérique.

 

Souvent regroupés sous le terme (trop restrictif) de GAFAM, ces sociétés privées géantes ont réussi à acquérir en Occident un pouvoir considérable, alors que pourtant incompatible avec l’idée majeure de démocratie que revendiquent les pays concernés.

 

Un pouvoir qui devrait être d’autant plus condamné (plutôt que favorisé), qu’il repose sur à peu près les mêmes mécanismes que ceux reprochés par l’Occident à la Chine :

- constitution d’immenses et puissantes bases de données dont l’usage est, de facto, incontrôlable

- surveillance des comportements des usagers par le biais d’outils technologiques conçus dans ce but (géolocalisation, habitudes de consommation, données bancaires, données médicales…)

- jusqu’aux images et aux conversations désormais accessibles grâce aux réseaux sociaux, au Cloud, ou aux objets connectés de type Alexa, Google Home, Amazon Echo (*)…

(*) Dès la fin de l’année, Google, Amazon et Apple, accompagnés de la Zigbee Alliance, prévoient de créer un standard commun dédié aux objets connectés. Le message à l’attention du consommateur : une plus grande compatibilité entre les systèmes et donc davantage de facilité et de confort d’utilisation. Réalité plus « subliminale » : accroître l’usage de ces objets au sein de la population et la capture des informations qu’ils permettent. Le cinquième pouvoir (terme inventé par le journaliste espagnol Ignacio Ramonet, ancien directeur du Monde Diplomatique), le plus puissant de tous, est au cœur de la stratégie de conquête des GAFAM.

 

Non seulement les GAFAM contribuent dans une bonne part à une transformation violente de nos modèles économiques et sociétaux (librairies, petits commerces, medias… la liste serait longue) mais elles construisent surtout un monde auquel les consommateurs par millions semblent désormais incapables d’échapper. Après le luxe (et le « Tu n’es rien si tu n’as pas une Rolex à 50 ans »), s’est formée l’addiction technologique (et le « Tu n’es rien si tu ne changes pas de portable tous les ans » ou « Si tu n’as pas au moins un million de « followers » sur ton réseau social »), et cela malgré l’évidente privation de ces libertés auxquelles nous nous disons tellement attachés !

 

De précédentes chroniques (18/02 et 21/01) évoquent l’exemple très d’actualité du gouvernement australien qui tente courageusement de « renverser la vapeur » afin de sauver ses organes de presse du marasme vers lequel les entraînent inexorablement les géants du numérique type Facebook et Google, ainsi que la violence avec laquelle Facebook, en particulier, a répliqué. On peut également rappeler – ce n’est pas si vieux – les « tweets » de D Trump soudain censurés et les comptes fermés par Tweeter, au nom de… la démocratie !

En Occident, les GAFAM sont en mesure de se passer de l’avis des gouvernements et n’hésitent plus à s’affranchir des impératifs de la démocratie ni de leurs devoirs à l'égard de la communauté (optimisation fiscale, droit du travail...). Ils détiennent le « cinquième pouvoir », le renforcent de jour en jour, et sont prêts à en faire la démonstration lorsque nécessaire.

 

En Chine, avec sa politique beaucoup plus clairement affichée du « tout contrôle », se déroule un scénario très différent. L’Empire du Milieu est devenu un élément central du développement (et de l’usage) des nouvelles technologies. Pas étonnant, dès lors, que des « GAFAM » à la chinoise se soient rapidement constituées. Wechat est devenu le plus grand réseau social au monde, et Ali Baba n’a rien à envier à Amazon. Les méthodes et le discours des dirigeants de ces sociétés ont commencé à se singulariser, entendons par-là : prendre une certaine distance avec la politique sociale et économique décidée par le gouvernement, voire la contredire. Le géant Tencent (propriétaire entre autres de Wechat) et le groupe de Jack Ma (fondateur d’Ali Baba) ont acquis une puissance économique et financière colossale (via leurs services de e-paiement) mais aussi « médiatique ». Ils sont ainsi devenus, pour beaucoup de Chinois (et d'Occidentaux!), des exemples d’une réussite magistrale, au point que leurs faits, gestes et propos sont suivis de près.

 

Cela n’a pas empêché Xi jinping et son équipe d’y mettre très vite le hola.

 

Jack Ma a ainsi disparu des écrans pendant de longues semaines (créant des rumeurs de possible emprisonnement, voire d’assassinat) avant d’y réapparaître en tenant cette fois des discours nettement plus « assagis ». Zhang Feng, vice-président de Tencent, a lui aussi été inquiété, pour une histoire (vraie ou fausse) de pots de vin. Et les deux immenses groupes sont aujourd’hui menacés d’une importante « restructuration », pilotée… par le gouvernement chinois.

 

 

La démonstration qu’en Chine c’est l’état qui conserve le contrôle des géants du numérique, et non l’inverse.

 

De ces approches si radicalement différentes, laquelle est la plus pertinente?  

Publié le 23/02/2021
Des joies du Brexit

Je n'ai certainement pas saisi la totalité des effets bénéfiques du Brexit pour l’Angleterre, le Royaume-Uni ou l’Europe. En revanche, je crois que nous n’en aurons pas fini d’en découvrir les conséquences néfastes.

Ainsi, le cas des apiculteurs anglais. Plusieurs ont voté en faveur du Brexit. Aujourd’hui, il ne fait aucun doute qu’ils s’en mordent les doigts.

 

En effet, comme partout dans le monde, les colonies d’abeilles connaissent un fort taux de mortalité durant les grands froids de l’hiver. Cela oblige les apiculteurs de certaines régions, pour repeupler leurs ruches, de faire appel à d’autres pays mieux dotés en abeilles. Par exemple, des producteurs anglais peuvent s’adresser à l’Italie, où ils commandent des millions d’insectes pour les importer dans leurs colonies.

Mais plus maintenant. Pas après le Brexit !

 

L’importation d’espèces animales en Grande Bretagne est désormais soumise à une réglementation plus stricte. Et les autorités anglaises n’ont pas hésité à informer leurs apiculteurs que les abeilles seraient « bloquées à la frontière » et certainement détruites !

 

Même si certains apiculteurs envisagent de faire transiter leurs « travailleuses » par l’Irlande du Nord afin de contourner le problème, la situation reste dramatique pour l’avenir à court terme de leur profession.

D’autant qu’un autre danger les guette : le gouvernement britannique a en revanche profité du Brexit pour alléger la réglementation en matière d’usage des pesticides (est-ce une surprise ?), et ce n’est pas non plus une mince menace pour le devenir du monde apicole.

 

Ayant (enfin) pris conscience de la situation, ce sont maintenant les producteurs britanniques de fruits et légumes qui se font du souci pour leurs futures récoltes. Car, sans les abeilles pour polliniser…

 

La question est plus sérieuse qu’il n’y paraît, et elle est pourtant loin de faire la une des medias.

Les Britanniques, mais aussi les Européens vont rapidement faire la démonstration qu’il est plus facile de détruire que de construire, détruire l’Europe plutôt que la bâtir ; et que les visées nationalistes atteignent vite leurs limites.

 

L’abeille, heureuse de butiner la Primula di Palinuro, primevère endémique des côtes de Campanie et de Calabre, ou la Sassifraga des Berici, en Vénétie, le sera tout autant avec les roses et les jacinthes des bois de l’Angleterre. Preuve qu’elle sait bien mieux que nous se montrer bonne « Citoyenne du monde ».

Publié le 21/02/2021
Amarssir pour mieux atterrir ?

Quelle fantastique nouvelle, n’est-ce pas, cet « amarssissage » réussi du véhicule robotisé Perseverance sur la planète rouge !

Une prouesse technologique, c'est certain. Et, apparemment pour beaucoup, une considérable avancée dans le rêve qu’a l’homme de conquérir les étoiles pour, peut-être un jour, s’affranchir des barrières du temps et de l’espace !

 

Étant notoirement novice dans ce domaine de la conquête aérospatiale, je ne puis, moi aussi, qu’admirer la performance. Viser un point aussi éloigné avec autant de précision, programmer tellement de commandes sans commettre la moindre erreur, et « piloter » avec succès un pareil projet avec des équipes internationales… chapeau, pardon, casque bas !

 

Comme le précisait un commentateur sur le petit écran, balayant avec mépris l’objection du coût faramineux de cette mission : « C’est formidable de penser que, en rapportant les milliards investis à la population des pays ayant participé à ce travail, la dépense ne représente que quelques dizaines d’euros par personne. Et chacune de ces personnes a pourtant ainsi contribué à un des plus grands progrès scientifiques du siècle ».

 

Une analyse remarquable, à n'en pas douter. Ne devrait-on pas, d’ailleurs, la développer davantage ? Cette prouesse technologique, dont les medias nous rebattent les oreilles, doit ABSOLUMENT nous remplir d’espoir !

 

En effet, imaginez un peu que, en utilisant ces mêmes performances techniques, managériales, et avec les mêmes volumes budgétaires, on soit un jour capable de fabriquer suffisamment de masques pour protéger la population contre les épidémies ! Et, cerise sur le cadeau, que l’on invente des masques qui ne fassent pas de buée ou qui permettent aux malentendants de lire sur la bouche de leurs interlocuteurs ? Que l’on puisse recruter et former du personnel médical, fabriquer davantage de matériel et ouvrir plus de lits dans les hôpitaux ? Qui sait, nous pourrions même, avec un peu de chance, être capables de fabriquer des vaccins efficaces, accessibles à tous et à très bas prix ?

Ces nouvelles technologies nous permettront sûrement, un jour lointain, d’offrir des transports publics gratuits, de supprimer tout le plastique sur terre, de doter les malvoyants d’aides visuelles efficaces, de concevoir des appareils auditifs qui ne coûtent pas une fortune… Quelques dizaines d’euros par habitant, à l’échelle de la planète, pourraient même sauver des millions d’individus de la pauvreté, de la faim et de la soif. Mais, halte-là, ne nous aventurons pas trop loin dans cet univers digne de la science-fiction.

 

Et n’entrons pas non plus dans le jeu de ceux qui, voulant établir des priorités pour le bon usage de la science (au service de l'humanité), s'engagent sur la mauvaise voie.

 

Si l'on considère les dangers et inconvénients de la surpopulation sur Terre, à quoi bon vouloir sauver des vies ? Ne serait-ce pas improductif ? De grands visionnaires et bienfaiteurs de l’humanité comme Elon Musk, Jeff Bezos, et tant d’autres milliardaires qui dépensent sans compter pour que le progrès "soit utile et profite à tous" –, n’en sont déjà plus à vouloir vérifier s’il y a, ou s’il y a eu, de la vie sur Mars ou sur les autres étoiles de notre galaxie. Pour eux, il s’agit bien de préparer leur colonisation, voire leur « terraformation » afin de non seulement en exploiter les ressources (supposées infinies !) mais aussi permettre à des humains d’y vivre, dans le cas (désormais plus que probable) où les dommages que nous créons à la terre deviendraient irréversibles !

 

Alors oui, réjouissons-nous que quelques rares grands esprits pensent à notre place (et investissent pour nous "quelques dizaines d'euros").

Qu'on se le dise : en nous envoyant sur Mars, même par robots interposés, ils ne font que nous aider à ne pas rester trop… terre à terre !

 

Publié le 19/02/2021
Il fallait s’y attendre, et Facebook l’a fait !

Comme je le craignais dans ma chronique du 21-01 dernier (Bras de fer Australie- Amérique), la « guerre » entre Facebook et le gouvernement australien est maintenant "officiellement" déclarée.

 

Devant la fermeture de nombreux medias et la mise au chômage de centaines de journalistes, faute de rentrées publicitaires, l’Australie avait décidé de réagir en promulguant une loi qui obligerait les grosses plates-formes américaines comme Facebook ou Google à dédommager les medias du pays dont elles utilisent les contenus d’information.

À titre d’exemple, Google capture un peu plus de la moitié des dépenses publicitaires du pays et Facebook près de 30%.

 

Ces géants du Net, et en particulier le réseau social dirigé par Mark Zuckerberg, avaient répondu par des menaces de rétorsion à peine voilées au cas où le projet de loi serait adopté. Or, la Chambre des Représentants a désormais donné son accord, et il reste à connaître la décision du Sénat.

 

La riposte de Facebook n’a pas été longue : en une nuit, des milliers d’internautes australiens n’avaient plus accès, via le réseau social, aux infos nationales ou internationales !

 

Les réactions en retour de la part de plusieurs officiels australiens traduisent une évidente colère. Ils jugent inadmissibles que des sociétés puissent ainsi nuire à l’économie en général et au monde numérique en particulier d’un pays, et tout faire pour s’attribuer ainsi une position dominante, quel qu’en soit le coût pour les autres acteurs.

Le ministre des Finances australien avait pourtant eu un entretien qu’il jugeait encourageant avec M. Zuckerberg, très peu de temps avant cette action surprise de Facebook !?

Dans une chronique précédente j’évoquais également l’incroyable cynisme à l’œuvre dans certains milieux d’affaire. Facebook ne déroge pas à la règle en affirmant que « les liens et sites affectés par inadvertance » du fait de cette interruption, seraient très prochainement rétablis (Sic !). Mieux, certains observateurs ont pointé du doigt le fait que les liens avec des sites d’urgences dédiés aux risques climatiques ou à la crise sanitaire avaient été brutalement coupés par Facebook, alors que ceux de plusieurs sites complotistes et/ou diffuseurs de fake news avaient pu poursuivre tranquillement leur activité !

 

La question qui est maintenant sur toutes les lèvres porte sur la prochaine réaction de Facebook dans le cas où le Sénat australien s’accorderait avec l’avis de la Chambre des Représentants !

 

De leur côté, les GAFAM, Facebook en tête, doivent s’interroger sur la réaction potentielle d’autres pays qui pourraient être tentés de suivre l’exemple de l’Australie, au cas où celle-ci déciderait de ne pas céder devant la pression de ces géants du numérique tellement décidés à devenir les nouveaux maîtres du monde.

 

Publié le 18/02/2021
Joyeux Nouvel An

Nongli Xinnian (农历新年)

ou… Fête du Nouvel an, est une fête essentielle du calendrier asiatique, aussi appelée Fête du Printemps (春节). Il est malvenu en revanche de l’appeler « Nouvel an chinois », puisque la Chine est loin d’être le seul pays d’Asie à la fêter.

 

Il s’agit en tout cas d’une grande célébration et l’occasion pour tous de se retrouver en famille, même s’il faut pour cela parcourir des milliers de kilomètres.

 

Demain, vendredi 12 février 2021, débutera l'année du Buffle de métal. Elle se terminera le lundi 31 janvier 2022.

 

Petite anecdote à ce sujet : il est possible qu’à l’occasion de ce nouvel an, mondialisation oblige, de nombreux français dégustent un peu de cuisine asiatique, et que de l’autre côté de la planète, surtout dans les grandes villes, soient consommés de délicieux croissants.

Or, « croissant », en chinois, se dit Niújiǎo mianbāo (牛角面包) « Petit pain en forme de corne de buffle » !

 

D’où l’illustration que j’ai choisie pour composer cette carte de Nouvel an, à laquelle je joins, à votre intention, tous mes vœux de Bonheur et de Prospérité.

Publié le 11/02/2021
Tous les moyens sont-ils bons pour remporter les élections ?

À l’heure même où s’ouvre le procès de Donald Trump aux États-Unis, pour avoir incité des partisans à investir le Capitole par la force, et après que ce même Donald Trump n’ait cessé de faire courir mensonges et rumeurs sur d’hypothétiques fraudes électorales, seules capables d’expliquer sa non réélection, il est intéressant de noter que des techniques identiques de manipulation et de désinformation ont cours, en ce moment même, de l’autre côté de la planète !

 

Je veux parler de la Birmanie (déjà évoquée dans ma chronique du 1er février : « Nouveau coup d’état au Myanmar »).

 

Il serait légitime, en effet, de s’interroger sur les réelles motivations de la junte militaire birmane, qui ont conduit :

- à l’invalidation (par la force) des résultats des élections démocratiques de novembre dernier. La LND, parti d’Aung San Suu Kyi, avait remporté 83% des sièges « disponibles » au Parlement (sachant que 25% des sièges y sont « réservés d’office » aux militaires)

 

- à l’installation d’un état martial dans tout le pays

 

- à l’arrestation du chef de l’État Win Myint, ainsi que celle de sa Conseillère d’État et ministre des Affaires étrangères Aung San Suu Kyi (Prix Nobel de la Paix) et de diverses personnalités de la LND

 

- et à une possible condamnation d’emprisonnement ferme pour le Président et sa ministre.

 

Les seuls motifs invoqués pour justifier de ces incarcérations pourraient prêter à rire si, en réalité les conséquences induites n’étaient pas autrement plus graves.

Les deux « inculpés » sont susceptibles d’écoper d’une peine de 3 ans d’emprisonnement.

- Aung San Suu Kyi, pour avoir acheté et utilisé pour son usage propre 6 talkies-walkies (sic !)

- Le Président Win Myint pour avoir autorisé des véhicules à passer devant le palais présidentiel, « en violation des règles de protection contre la Covid » (re-sic !)

Des motifs tellement ridicules qu’ils ne peuvent qu’encore plus alimenter la colère et le sentiment d’injustice déjà profonds du peuple birman.

 

Seulement, si les militaires restent conformes à leur manque de finesse, ils conservent également leur efficacité. Une confirmation de la peine suffira à supprimer toute chance aux deux intéressés de se représenter à un processus électoral pour toute la durée de leur condamnation. Leur parti serait même contraint de les radier définitivement.

 

Ces derniers mois, la junte, bien décidée à faire fi du processus démocratique et à dénier à son peuple toute évolution en ce sens, avait déjà dénoncé à force cris « l’irrégularité du scrutin du 8 novembre », et dénoncé pêle-mêle, à la façon de Trump, les « millions de bulletins de vote frauduleux » et « la partialité de la Commission électorale ».

Comprenant que cela ne suffirait pas, elle fomente son coup d’état le 1er février et se prépare maintenant à éliminer des prochaines élections les candidats du peuple. Il faut dire que le parti de la junte, l’USDP n’a pas brillé par ses résultats lors des dernières élections (seulement 6% des sièges remportés à la Chambre Haute et 8% à l’Assemblée Nationale).

 

À la manœuvre : l’ancien chef des armées et senior général Min Aung Hlaing, l’ennemi de toujours d’Aung San Suu Kyi, et actuel Président du SAC, le puissant State Administrative Council.

Déjà visé par des sanctions sur ses intérêts à l’étranger, de la part de l’ONU et des États-Unis, on peut imaginer que Min Aung Hlaing ait tout à craindre d’un trop fort virage démocratique de la nation birmane. La constitution pourrait être révisée et les clauses protégeant les militaires être levées. Lui et d’autres membres de la junte auraient alors de nombreux comptes à rendre pour leurs multiples malversations, tant devant la justice de leur pays qu’à l’international. A nouveau, l'histoire en cours pour D Trump.

Peut-être même serait-ce leur tour d’être incarcérés, et pour beaucoup plus longtemps ?

 

En attendant, si la LND se voit privée de ses candidats (pendant au moins 3 ans), la junte et l’USDP auront toutes leurs chances pour les prochaines élections que les Généraux « promettent » de réorganiser… dans un an !

 

Publié le 11/02/2021
Un bel exemple « d’entraide » entre différentes espèces de la faune australienne

Ce n’est un secret pour personne, l’Australie est à présent soumise à un constant « régime sec », avec des régions de plus en plus étendues qui ne reçoivent presque plus d’eau de pluie. Les incendies violents qui en résultent n’arrangent rien. Peut-être avez-vous encore en tête, d'ailleurs, ces images terribles de koalas, de reptiles, de possums incapables d’échapper aux brasiers.

L’Est de l’île continent, qui termine peu à peu sa saison d’été, est à nouveau soumise à des incendies, mais surtout à une terrible sécheresse qui, à nouveau, menace les survivants de la catastrophe climatique de l’année dernière.

 

Au milieu de ce triste constat, une observation étonnante et heureuse a été faite par des fermiers et des biologistes. Ils ont été témoins de l’aide providentielle que les wombats apportent aux autres espèces animales qui partagent leur territoire.

 

Photo PV

 

Si le wombat ne vous est pas familier, vous pouvez vous référer aux pages 10 à 12 du Carnet de voyage n°3 sur la Tasmanie (consultable et téléchargeable gratuitement depuis la rubrique « Carnets de voyage » de ce site).

Il s’agit d’un marsupial herbivore (il en existe en fait 3 espèces) très sympathique (sauf à lire Kenneth Cook et sa Vengeance du Wombat, que je vous recommande vivement). Il est proche du koala. Mais, à la différence de ce dernier, il ne grimpe pas aux arbres ; les pattes bien sur terre, il préfère les terriers au fond desquels il aime s’abriter.

 

Le niveau des nappes phréatiques ayant considérablement baissé, nos amis aux talents de pelleteuses mécaniques, et aussi de sourciers, se sont vus contraints de creuser plus profond afin de trouver les précieuses réserves d’eau. Ils ont ainsi agrandi les puits d’origine, permettant à des espèces animales différentes (oiseaux, possums, guanas, échidnés, émeus…) de venir se désaltérer à ces points d’eau providentiels.

 

Mieux, lors des violents incendies, il a été également rapporté que diverses espèces se sont réfugiées dans les terriers de wombats qui, malgré leur tempérament habituellement asocial, les ont laissées faire. Ils avaient pourtant les moyens de les en empêcher, comme ils le font habituellement, en bouchant l’entrée de leur refuge, tête la première, ne laissant apparaître à l’extérieur que leur rebondi postérieur. Celui-ci est en effet doté d’un solide bouclier invisible : une épaisse plaque de cartilage qui recouvre leurs fesses.

 

Ces observations semblent en tout cas mettre en évidence une possible expression de solidarité entre espèces animales différentes, face à l’adversité !

 

Publié le 09/02/2021
Shakespeare and company...

Connaissez-vous l’étonnante librairie, sise près de Notre-Dame, qui répond au nom évocateur de Shakespeare and company ?

Si vous aimez les livres et un parfum d’authenticité, c’est un endroit à visiter absolument.

 

Une relation américaine, un homme d’affaires vivant à Los Angeles, me l’a faite découvrir, il y a près de trente ans. Il m’avait même présenté à son propriétaire de l’époque, avec qui il avait suivi une partie de ses études à Paris.

J’en garde un délicieux souvenir, fait de complicité autour des livres, de l’écriture et des auteurs. Je ne savais pas encore que j’en ferais, moi aussi, mon métier, quelques années plus tard.

 

Certes, le tourisme est passé par là et, compte tenu de la réputation internationale du lieu, il est hélas sur tous les guides, ce qui explique un certain afflux de badauds en shorts et T-shirts. Mais il ne faut pas renoncer pour autant. C’est réellement un bel endroit.

 

Pourquoi en parler maintenant ? Parce que nous sommes début février, et que le 2 février 1882 naissait en Irlande un certain… James Joyce (1882-1941).

Un enfant qui s’avérera un élève brillant, particulièrement doué pour les langues (qu’il continuera d’étudier quand il viendra s’installer à Paris en 1903). Même s’il a été publié pour la première fois à l’âge de 9 ans (pour un poème), personne ne pouvait se douter alors qu’il deviendrait le plus connu des auteurs irlandais !

 

Ayant hérité des tares de son père, alcoolique et dépensier, il aurait pu tout aussi bien finir dans la misère et l’anonymat. Mais une bonne fée veillait apparemment sur lui, une éditrice anglaise : Harriet Shaw Weaver. Convaincue de son talent, notamment depuis la parution des Gens de Dublin, elle lui assura de quoi poursuivre l’exercice de son art. C’est aussi le temps pour Joyce des grandes rencontres : de Beckett à Hemingway, en passant par Proust. Excusez du peu.

 

Et quand James Joyce met un point final à son roman fleuve Ulysse, c’est à la librairie anglo-saxonne (et parisienne:) Shakespeare and company, que celui-ci est publié.

 

Un pari étonnant pour cet « OVNI » de la littérature. Il faut dire que l’évocation d’une seule journée traitée selon 18 angles différents était un pari osé. Très « osé » aussi (pour l’époque) en était le style. Les détracteurs de Joyce se déchaînèrent, n’hésitant pas à traiter l’Irlandais de pornographe et de misérable. Au point que l’ouvrage jugé obscène sera longtemps interdit sur les rayons des librairies.

 

Il est certain en tout cas que le procédé narratif choisi par Joyce, certes très original, rend la lecture de son récit particulièrement ardue. Aujourd’hui encore, même si Ulysse, enfin réhabilité, est présenté comme un chef d’œuvre de la littérature, il reste semble-t-il le livre « le plus difficile à lire jusqu’à la dernière page » pour une majorité de lecteurs.

 

Quoi qu’il en soit, n’hésitez pas à aller faire un tour dans les étages (poussiéreux) de Shakespeare and company.

Je serais étonné que vous n’y retrouviez pas un peu de l’âme de Joyce, sur un fond de ballade irlandaise et, qui sait, un vieil exemplaire d’Ulysse, qui n’attend plus que vous pour se dégourdir les pages.  

 

Publié le 08/02/2021

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