Étonnant Pape François

Le 21 octobre dernier, le Pape François a prononcé un discours remarquable en faveur de l’union civile des homosexuel(les). Certes, il ne s’est pas prononcé en faveur d’une union religieuse, que recouvre le terme de mariage, au nom de la symbolique, de l’ontologie même de son Église. Ce que chacun peut comprendre. Mais, décidément, le Pape François n’en finit pas de nous surprendre par sa grandeur morale, son exigence de transparence, ses propos courageux, au regard d’une Église dont trop de prélats se sont égarés sur leur parcours religieux et, parmi ces derniers, ceux encore en activité, qui résistent à ce vent de réforme spirituelle et morale. Il est de ces (grands) hommes qui, conscients de la fonction sociale essentielle qu’est l’exemplarité, réussissent à marquer durablement les esprits, à marquer leur siècle. Ils ne sont pas si nombreux, et pourtant, ils restent des hommes.

 

Petits ajouts (aphorismes) personnels :

 

Ceux qui rejettent des hommes au prétexte qu’ils sont gays sont forcément tristes.

 

« Lesbienne ». Je ne trouve pas ce mot très joli. Il renvoie toutefois à « Lesbos », qui me plaît davantage.

« Gay » est naturellement plus joyeux. Doit-il nécessairement renvoyer à « ghettos » ?

Publié le 24/10/2020
Proverbe américain : Un lion ne s’attrape pas avec une toile d’araignée. Vraiment ?

Peut-être aviez-vous suivi mes « chroniques tasmaniennes », de décembre à mars dernier (desquelles sont nées cette rubrique) ? J’y évoquais, notamment, mes délicates rencontres avec… les araignées de la province australienne. Au point même d’avoir rebaptisé la belle île de Bruny : l’île aux araignées  

 

Je découvre aujourd’hui, dans le Courrier Australien, posté depuis Sydney, que non seulement ce n’était pas qu’une impression, mais que cette réalité s’étend aussi au continent !

Une bonne partie de la province de Nouvelles Galles du Sud est placée en état d’alerte... aux araignées !

Et pas n’importe lesquels des aranéides ! Il s’agit de ceux de la famille des araignées noires (à laquelle appartient notamment la célèbre veuve noire, à l’abdomen taché de rouge) et plus particulièrement l’Atrax robustus (qui porte bien son nom) plus communément appelée Sydney funnel-web, appartenant à la sous-famille des araignées à toile entonnoir que l’on trouve en différents points d’Australie (par exemple sur Fraser Island, dans le Queensland).

 

Il s’agit de l’araignée la plus dangereuse qui soit pour l’homme !

Tout d’abord parce qu’elle est très difficile à repérer, compte tenu de son habileté à se dissimiler dans les coins les plus sombres. Ensuite, parce qu’elle aime bien entrer dans les habitations, surtout lorsque la pluie s’annonce et que l’atmosphère est humide (assez courant en Tasmanie) ; mieux vaut inspecter les placards et vos chaussures avec prudence ! Mais surtout parce qu’elle est très agressive et que son venin, mortel, peut tuer un homme en moins de vingt minutes (pas vraiment le temps de faire les présentations).

Vivement que le soleil revienne briller au-dessus de Sydney et de ses environs 

Publié le 23/10/2020
Confirmation de la conférence sur La Grande Muraille

Je suis heureux, à quelques jours de la date retenue (10 novembre), de pouvoir confirmer ma présence à St Brieuc pour animer cette conférence sur la Grande Muraille. Les organisateurs ont magnifiquement oeuvré pour rendre la chose possible, en louant, exceptionnellement une salle de cinéma (cinéland à Trégueux) de plusieurs centaines de places, qui garantira la bonne mise en place des moyens sanitaires (gestes barrière).

 

Publié le 23/10/2020
Mon pays ne tourne-t-il plus rond ? Sauvons nos Anciens !

Je reprends ici le titre de ma chronique du 18 avril dernier, à propos d’un sujet sur lequel j’espérais pourtant ne plus avoir à revenir.

Confiné (dès mon retour en France le 16 mars), j’étais alors le témoin abasourdi, comme beaucoup, des effets de la pandémie et, surtout, des incroyables errances de ceux en charge de prendre les (bonnes) décisions face à elle.

En conclusion de ce billet, j’écrivais :

 

Je garde espoir

- de voir la pandémie s’éteindre ;

- qu’elle ne redémarrera pas trop vite ;

- que nos Anciens ne seront plus jamais laissés pour compte ;

- que les élèves et leurs enseignants ne soient pas les victimes d’une décision trop irréfléchie ou prise pour les mauvaises raisons ;

- que le personnel soignant puisse enfin se reposer, prendre le temps de « digérer » des expériences trop souvent dramatiques ;

- qu’un déconfinement se fasse, raisonnable car géré par chaque individu dans la conscience des risques qu’il encourt et fait encourir aux autres ; intelligent car décidé après que le matériel de protection nécessaire ait été largement distribué (masques, visières, tests…) ;

- que des chaînes de fabrication soient créées et garantissent davantage d’autonomie et de stocks à notre pays ;

- que le comité évoqué plus haut soit réellement mis en place et que ses conclusions soient factuelles et impartiales, hors tout propos électoraliste ;

- que ces conclusions nous aideront à ne pas reproduire une telle somme d’erreurs, en tout cas le moins possible, en cas de récidive ;

- que nous réfléchirons aussi à notre place sur cette planète, en comprenant que notre relation à la vie sauvage n’est pas sans conséquences, ni, non plus, nos recherches scientifiques lorsqu’elles sont menées sans la transparence requise ou, là encore, pour des visées incompatibles avec l’humanisme auquel nous devrions tous œuvrer.

En relisant ces lignes, je me demande à nouveau si c’est moi ou mon pays qui ne tourne plus rond ?

 

Je viens pourtant d’entendre un médecin déclarer : « Il est urgent de confiner les « vieux » (plus de 65 ans !?) puisque, après tout, il s’agit de la population la plus à risque ».

Et de découvrir que d’autres, politiques, journalistes, trouvent ce discours normal.

 

Les « Vieux », les « Jeunes ». Et nous voilà à nouveau divisés, de la plus insidieuse et perverse façon. Faut-il systématiquement diviser pour mieux régner et, surtout, pour masquer ses incompétences ?

Que veut dire « Les jeunes », « Les Vieux » ? Tous les jeunes sont-ils pareils ? Protégés face à cette maladie, inconscients des risques qu’ils prennent et font courir aux autres ? Bien sûr que non !

Tous les vieux sont-ils pareils ? Condamnés à succomber au virus, inutiles sur le plan social et économique, incapables de décider par eux-mêmes, car sans doute en grande partie séniles ? Bien sûr que non !

À quoi riment ces truismes infâmes auxquels on voudrait réduire une population de 60 millions d’habitants ?

 

Il est difficile de ne pas penser ici à ce cher Georges Brassens et son inoubliable texte : « Le temps ne fait rien à l'affaire », dont voici, pour mémoire, les premières paroles :

 

Quand ils sont tout neufs

Qu'ils sortent de l'œuf

Du cocon

Tous les jeunes blancs-becs

Prennent les vieux mecs

Pour des cons

Quand ils sont d'venus

Des têtes chenues

Des grisons

Tous les vieux fourneaux

Prennent les jeunots

Pour des cons

Moi, qui balance entre deux âges

J'leur adresse à tous un message

Le temps ne fait rien à l'affaire

Quand on est con, on est con

Qu'on ait vingt ans, qu'on soit grand-père

Quand on est con, on est con

 

Eh oui, par pitié : entre nous plus de controverses. Le temps (l’âge) ne fait rien à l'affaire !

Toute décision prise face à cette cochonnerie de virus (et il y en aura d’autres, des virus comme des décisions) devrait obéir au respect du triptique :

 

- diminuer le risque sanitaire

- préserver le lien social (et familial)

- se prémunir d’un drame économique dont les plus démunis ne pourraient être sauvés.

 

Le confinement ne répond qu’à la première de ces conditions. Il est donc légitime de tout tenter pour ne pas y recourir.

Le couvre-feu n’en est qu’un pâle palliatif, duquel il n’y a pas grand-chose à attendre, sinon davantage de difficultés pour une bonne partie de la population. Il n'a de sens (et c'est précisément le cas ici) que si une réelle politique de contrôle et de sanction des actes irresponsables a échoué.

Confiner les Anciens ne satisfait à aucun de ces trois critères essentiels. Ceux qui seront préservés du virus ne le seront pas de l'isolement et de la privation d'affection qui tuent aussi.

 

Alors, que faire ?

 

La réponse à cette question cruciale ne réside–t-elle pas dans une analyse des causes observées de la seconde vague ?

 

Qui n’a pas assisté, avec tristesse, au déchaînement des comportements qu’ont été les vacances d’été ? Pour un grand pourcentage de la population resté très raisonnable, un pourcentage au moins aussi grand s’est montré totalement irresponsable.

Et le temps ne fait rien à l'affaire,

Quand on est con, on est con…

 

Puis, de retour dans les cités, comment ne pas observer les terrasses de café bondées, les gens serrés les uns contre les autres, fumant, hurlant, buvant, projetant leurs miasmes à qui veut (ou ne veut pas) les recevoir ?

Et le temps ne fait rien à l'affaire,

Quand on est con, on est con…

 

Comment un gouvernement peut-il émailler la plupart de ses propos du sempiternel : « Nous devons faire confiance dans la population et son sens des responsabilités » ? Alors qu'une large partie de cette population, confite dans son égoïsme pathétique, est incapable de se montrer responsable.

 

Pourquoi s’en prendre à des établissements (en particulier des restaurants) qui ont beaucoup investi pour se montrer exemplaires dans la lutte contre la pandémie, alors qu’il suffisait de fermer ceux (principalement des bars) où aucune règle n’était respectée ?

 

Comment des fêtes privées, impossibles à ignorer compte tenu du vacarme des cris et de la musique, peuvent-elles fonctionner de 22 heures à 4 ou 5 heures du matin, sans être interrompues ni les responsables sanctionnés ?

 

Rarement notre pays a été placé face à une crise de cette importance. Rarement son gouvernement aura fait preuve d’aussi peu d’autorité ! L'impunité, et avant elle la perte du sens civique, rongent notre société

 

Nos forces de police sont-elles donc toutes dédiées à la protection des hauts fonctionnaires, des anciens ministres et présidents et leurs familles, pour être ainsi absents de nos quartiers ?

Qu’elles ne s’aventurent pas dans des zones de non-droit, cela est compréhensible, même si choquant, mais les rues de nos villes sont-elles à ce point à haut risque ? Le manque de moyens et de respect a conduit à une profonde perte de confiance réciproque. Et sans confiance, plus rien ne fonctionne. On demande à nos policiers d'être des éducateurs, on demande à nos éducateurs d'être des parents et... on ne demande surtout rien aux parents, sinon d'être des électeurs.

Pas étonnant que tant de gens se sentent déboussolés.

 

Nos responsables ne cessent de tergiverser par crainte de prendre des décisions liberticides. Ce respect de nos libertés pourrait être tout à leur honneur s’il ne confinait à l’absurde. Depuis quand est-ce atteindre aux libertés que d’empêcher des individus d’en tuer d’autres ?

N’y a-t-il pas urgence à enfin trancher cette question ? (Ce que d’autres faits d’actualité confirment pourtant, avec une insupportable violence.)

 

Notre président avait évoqué un état de guerre face à la première vague. Est-ce différent à présent ? Les actions entreprises depuis, et en particulier face à une seconde vague, sont-elles appropriées à un « état de guerre » ?

Un couvre-feu entrerait certes dans ce champ d'actions, à condition que les priorités ne soient pas systématiquement inversées. Pas sans que soient mis en place les nécessaires contrôles qui éviteraient le développement des cas contacts. C'est aussi absurde que de confiner sans même avoir recommandé et exigé le port du masque. Et je m’oppose avec la plus grande force à cette énormité, sortie d’un cerveau déficient, qui consisterait à mettre nos Anciens sous cloche une fois de plus !

 

Parce que le temps ne fait rien à l'affaire...

Publié le 21/10/2020
Prendre soin… du Diable !

J’espère que vous le savez : vous pouvez consulter gratuitement mes carnets de voyage en Tasmanie, à partir de l’onglet « Carnets de voyages » de ce site.

Le troisième de ces carnets présente « Les habitants du bout du chemin » : marsupiaux, monotrèmes, insectes et reptiles. Et, parmi les marsupiaux, sans doute le plus célèbre d’entre eux (en Tasmanie), un carnivore de la taille d’un chien, au cri étrange (qui tient à la fois du cochon qu’on égorge et du râle d’un ectoplasme), aux oreilles glabres, roses et pointues, et dont les mâchoires peuvent broyer un os d’un seul coup. Je veux bien sûr parler du Diable de Tasmanie.

Il m’a fallu beaucoup de patience pour pouvoir l’observer, rarement en journée, plus souvent une fois la nuit tombée. Vous en trouverez quelques beaux portraits dans ce carnet.

 

 

Son statut de charognard, pourtant fort utile dans l’écosystème tasmanien, lui a longtemps valu d’être mal considéré. L’homme promène un regard injuste (et dommageable) sur les différentes espèces qu’il est amené à côtoyer, et toutes ne bénéficient pas du capital sympathie du koala ou du wombat.

Mais lorsque l’on a découvert, en 1996, que le diable était atteint d’une maladie grave et apparemment incurable qui décimait sa population, les naturalistes ont commencé à sérieusement s’inquiéter.

Il s’agit d’un cancer de la face, hélas facilement transmissible d’un diable à l’autre, du fait des morsures qu’ils s’infligent lorsqu’ils s’affrontent ou s’accouplent. Une fois atteint, l’animal a peu de chances de survivre. La tumeur l’empêche de se nourrir, et il succombe dans de longues et horribles souffrances.

 

Lors de mon premier long séjour tasmanien, en 2015, un spécialiste m’avait expliqué qu’il subsistait une toute petite lueur d’espoir. Car, pour la première fois, des biologistes avaient pu observer des signes de régression du cancer chez quelques spécimens. Peut-être une parade de leur système immunitaire face à cette terrible maladie.

En attendant, pour protéger la race, dont 85% des individus ont déjà disparu, des réserves ont été créées en différents points de l’île, et un programme d’information de la population a été mis en place pour contribuer massivement à la préservation de l’espèce menacée d’extinction. On ne compte plus que 25 000 diables en liberté, contre 160 000 au début des années 90.

 

Il semble qu’aujourd’hui une nouvelle étape vienne d’être franchie dans la volonté des Australiens de ne pas voir disparaître ce petit animal.

 

26 spécimens (en bonne santé apparente) viennent d’être relâchés dans un sanctuaire de 400 hectares, au nord de la province de Nouvelles Galles du Sud.

 

Une action qui aurait pu passer inaperçue si le marsupial n’avait pas disparu depuis trois mille ans du continent ! Il semble qu’à l’époque ce soit le dingo qui se soit chargé de l’éradiquer.

 

Difficile de dire, pour l’instant, si ces diables réintroduits (et ceux à venir et à naître) seront à leur tour sortis de la zone de réserve et remis en complète liberté. L’espoir en ce sens vient de l’idée que les diables pourraient contribuer utilement (et naturellement) à réduire l’importante population de chats sauvages et de renards, espèces importées par les colons et responsables d’un grand nombre de disparitions d’oiseaux, de mammifères, de reptiles et de batraciens.

 

Compte tenu des déséquilibres, voire des désastres que provoquent la plupart des interventions humaines dans les délicats équilibres écosystémiques, espérons qu’une analyse très approfondie sera menée au préalable à ce sujet.

 

Mais il est certain que la création d’une population réserve de diables en bonne santé semble essentielle, au moins le temps que le système immunitaire de ces étonnantes créatures se soit suffisamment adapté.

Publié le 21/10/2020
Ambitions hégémoniques… et Guerre des étoiles !

 

La délimitation d’un territoire en vue de son appropriation par une partie vis-à-vis d’une autre est à l’origine de la majorité des conflits sur cette planète. Conflits entre familles voisines, copropriétaires, monde agricole et citadins, pays frontaliers (ou pas), pêcheurs… qui émaillent notre actualité au quotidien.

Si le monde animal n’échappe pas aux guerres territoriales, l’homme développe à l’extrême cet instinct de propriété. Ce n’est d’ailleurs pas tout à fait un hasard si la plupart des très grandes fortunes de ce monde se sont bâties sur des activités foncières, immobilières. Ni si l’un des jeux « de société » les plus connus et surtout pratiqués au monde est… le Monopoly ; un jeu qui consiste à ruiner ses concurrents par des opérations immobilières !

Dans la réalité, et à l’échelle des nations, les États-Unis ont toujours gardé une certaine avance dans la course menée par les pays pour l’appropriation de territoires hors de leurs frontières.  Ces mêmes États-Unis qui, rappelons-le, ont inventé le Monopoly, en 1935. 

 

Je me rappelle, notamment, d’une conférence que j’animais en 2016, à propos de la puissance économique chinoise (Cf. conférences : Le double regard du Dragon). À la fin de mon intervention, un auditeur avait évoqué son inquiétude face aux nombreuses acquisitions réalisées par la Chine, en Europe, en Afrique, au Brésil… Une inquiétude d’autant plus compréhensible quand la majorité des medias français aime présenter chaque nouvel investissement chinois comme une menace économique et, même, comme une possible invasion à moyen ou long terme.

Ainsi le magazine l’Express qui titrait cette année-là, dans un de ses numéros : « Le dragon chinois s’apprête à avaler l’Europe ».

 

Dans ma réponse à cet auditeur, j’ai exprimé mon étonnement que l’Express ne se soit pas posé la même question et soulevé les mêmes inquiétudes à propos des USA. En effet, deux ans plus tôt, 36 millions d’hectares de terres agricoles avaient été vendus dans le monde. La Chine, 20% de la population mondiale, avait contribué à hauteur de 6% de ces achats. Les USA, 4% de la population mondiale, avaient, eux, contribué à hauteur de 21%. Ainsi, quand les États-Unis acquièrent approximativement 25 fois plus de terre (en ratio par habitant) que la Chine, c’est tout de même le « méchant dragon » que la presse française préférera pointer du doigt.

 

Aujourd’hui, la course aux territoires prend une dimension nouvelle.

Il s’agit en effet de s’approprier d’autres millions d’hectares, et donc des ressources, mais dans l’espace ! Et à commencer sur la Lune. À nouveau, les USA ont pris le leadership des opérations, en particulier avec un programme choral orchestré par la Nasa, intitulé : les Accords d’Artémis. Sept pays ont co-signé cet accord. On y retrouve bien sûr les Five Eyes (à l’exception de la Nouvelle-Zélande) : Australie, Canada, Royaume-Uni (en plus des USA), mais aussi le Japon, les Émirats arabes unis, l’Italie et le Luxembourg.

Cet accord entend encadrer juridiquement l’exploration de la Lune et d’autres satellites ou planètes, en appliquant notamment des zones de sécurité sous leur seul contrôle ! Des opérateurs privés pourront ainsi procéder à l’exploitation de ces zones avec la garantie de la « protection » des États signataires. Sous-entendu… contre les éventuelles revendications des États non signataires, telles la Russie ou la Chine, dont les appétits « extra-terrestres » sont, eux aussi, particulièrement aiguisés !

 

De quoi apporter, une fois de plus, une étonnante justification à la littérature d’anticipation, qui n’aura jamais porté si bien son nom.

L’ennui, c’est qu’elle a toujours déroulé ce scénario sous forme de conflits, plus graves encore que ceux que nous connaissons sur Terre, d’ampleur interstellaire. Selon ses auteurs, la course aux étoiles se transforme vite en « Guerre des étoiles » qui n’est elle-même qu’une guerre de drapeaux… étoilés !

 

Alors, Monsieur Hergé : Objectif Lune ?

Publié le 16/10/2020
Résilience ou Résistance ?

Si vous avez lu Environnement mortel (sinon, je vous le recommande ), c’est que probablement, vous aussi, vous vous intéressez aux questions que pose cet ouvrage sur la gestion internationale des circuits de fabrication et de distribution agro-alimentaires, et, par-delà, de son impact sur la vie des paysans dans le monde, au Sud comme au Nord, ainsi que sur l’environnement.

 

 

Bien sûr, il s’agit, dans la forme, d’un thriller. Une enquête qui débute en Chine, à partir de l’empoisonnement d’enfants avec du lait à la mélamine. Mais sur le fond, il s’agit d’une enquête de plus de trois ans, sur des faits réels, d’actualité, richement documentée.

Mon souhait, en écrivant ce récit, en plus de « divertir », était donc bien d’informer et aussi d’ouvrir des pistes que chaque lecteur peut décider de poursuivre ou non.

Je décrivais une montée en puissance des multinationales privées, des lobbyistes qu’elles emploient, des fonctionnaires qu’elles corrompent, ainsi que de la résistance qui tentait alors de s’organiser aux quatre coins de la planète, en France comme en Inde, en Amérique du Sud et même en Chine.

 

Le livre a été publié en 2012. Je pouvais craindre, huit ans plus tard, que son propos soit devenu obsolète, et les faits d’actualité des faits du passé. Il n’en est rien. Les faits restent les mêmes, ils se sont simplement aggravés. Le véritable changement se produit dans la RESISTANCE qui s’est considérablement développée et, surtout, même si elle demeure souvent le fruit d’initiatives locales, a pu tisser des réseaux à l’échelle internationale grâce, en particulier, aux échanges que permet Internet.

C’est une très bonne nouvelle !

 

J’en veux pour preuve une publication dont je viens de terminer la lecture, publiée par l’excellent The Conversation, et dont l’auteur est Morgan Meyer, sociologue et Directeur de recherche au CNRS.

 

Après avoir rappelé la situation de dépendance totale dans laquelle se trouve le monde paysan dans la majorité des pays :

- matériel agricole commercialisé dont la technologie est verrouillée, inaccessible pour ses utilisateurs

- idem pour les logiciels de gestion des exploitations

- semences distribuées par trois entreprises dans le monde (Monsanto, Dow-Dupont, Syngenta) qui imposent leur politique tarifaire et de redevances, leurs méthodes coercitives et les mauvaises pratiques qui vont de pair

- arsenal législatif, soutenu par les plus gros syndicats agricoles, définissant les « interdits », limitant les échanges, forçant à « entrer dans le moule »...

Ainsi que ses effets :

« La liste des conséquences négatives de cette emprise du marché sur les agriculteurs est longue : des prix élevés, des agriculteurs endettés, des produits standardisés, une diversité végétale et animale en décroissance, une vision d’une agriculture très productiviste et peu éthique, une dépendance envers les acteurs privés, une dévaluation et disparation des savoirs locaux et ancestraux notamment. »

...Morgan Meyer cite plusieurs exemples d’initiatives formidables prises par des paysans qui souhaitent exercer leur dur et beau métier avec davantage d’autonomie et de liberté.

 

Ainsi : la coopérative L’Atelier Paysan https://www.latelierpaysan.org  qui partage sur son site plus de 80 tutoriels pour, entre autres, apprendre à fabriquer un lit de désherbage à partir de 2 vélos, remplacer un tracteur par une… Chtit’bine (qui existe aussi en version à énergie solaire), construire soi-même un bâtiment agricole, etc. et diffuse des plans de construction de machines agricoles sous licence libre !

Ou encore, le Réseau semences paysannes  https://www.semencespaysannes.org , un collectif qui revendique une autonomie semencière et milite pour défendre les droits fondamentaux des paysans sur leurs semences, en construisant une alternative collective aux variétés industrielles.

Voici d’ailleurs la présentation de ce collectif sur la page d’accueil de son site :

« Le monopole radical exercé par l'industrie sur les semences a provoqué la disparition de 75 % de la biodiversité cultivée en 50 ans. Pourtant, les paysan-e-s du monde ont toujours sélectionné et produit leurs semences et par-delà entretenu cette biodiversité cultivée essentielle à notre alimentation. La majorité d'entre eux utilisent toujours des semences paysannes. A l'opposé des hybrides F1, des clones et autres OGM industriels, les semences paysannes sont libres de droits de propriété et sélectionnées de façon naturelle dans les fermes et les jardins menés en agriculture paysanne, biologique ou biodynamique. Rustiques et peu exigeantes en intrants, elles possèdent aussi une grande diversité génétique qui les rend adaptables aux terroirs, aux pratiques paysannes ainsi qu'aux changements climatiques. Elles forment ainsi une des leviers principaux pour assurer la souveraineté alimentaire des populations au sud comme au nord. »

 

Et Morgan Meyer de conclure par une note très optimiste : « Au niveau législatif, le combat des réseaux de semences paysannes a porté ses fruits : la vente de semences paysannes sera autorisée en Europe à partir de 2021. »

Publié le 14/10/2020
Et coup de chapeau à… la Nouvelle-Zélande !

Chère Nouvelle-Zélande, habituellement si discrète, son actualité la place sous les projecteurs et, une fois de plus, plutôt pour le meilleur !

Certes, il y a les incendies qui ont commencé tôt leur œuvre, dans l’île du Sud, détruisant près de 6 000 hectares et plusieurs maisons, sans toutefois que des victimes soient à déclarer (blessés ou tués). S’ils ne sont pas inhabituels dans cette région, dès le printemps, leur violence l’est davantage et a sidéré les habitants. L’hiver a été l’un des plus chauds de l’histoire climatique de l’île, confirmant l’impact du réchauffement climatique qui a très probablement favorisé les départs de feux. Le gouvernement semble toutefois confiant de pouvoir rapidement maîtriser l’épisode en cours, et ainsi éviter le terrible scénario qui a frappé l’Australie fin 2019 et s’est poursuivi tard en 2020.

 

Mais si Jacinda Ardern, Première ministre, fait autant parler d’elle depuis de nombreux mois, c’est surtout pour sa lutte exemplaire contre… la Covid 19.

25 décès à déplorer en tout et pour tout en Nouvelle-Zélande, depuis le début de la pandémie ; 1866 cas de contaminations (avérées et/ou possibles) avec 1800 guérisons !

Un résultat exemplaire que beaucoup attribuent à la politique prompte, ferme, contrôlée, et sans aucun faux-fuyant ni tergiversation de la jeune cheffe de gouvernement. Son discours clair, direct, suivi d’actions efficaces et immédiates a totalement convaincu les Néo-Zélandais, avec une cote de confiance maximale.

 

Nombreux sont les pays qui préfèrent ignorer cet exemple et qui, sans nul doute, en feront de même à l’annonce étonnante que vient de faire Madame Ardern, à propos de sa volonté d’expérimenter une semaine travaillée de… quatre jours !

 

La Première ministre a considéré avec beaucoup d’intérêt les analyses et les conclusions d’un rapport publié par Perpetual Guardian, une très ancienne et solide société néo-zélandaise de gestion d’investissements et de patrimoines, dont le siège est à Auckland.

Cette société teste depuis déjà quatre ans une organisation du travail basée sur une semaine de quatre jours. Elle est partie du constat qu’un employé en bonne santé physique et morale est plus productif que s’il ne l’est pas. (Une évidence qu’aimerait Woody Allen avec son : « Mieux vaut être riche et en bonne santé que pauvre et malade »). Or, Perpetual Guardian le sait (et elle n’est pas la seule) : l’équilibre difficile à trouver entre vie privée et vie professionnelle est un facteur de stress considérable et en croissance constante. Lorsque cet équilibre n’est pas acquis, il en découle stress, fatigue, maladies ainsi que… absentéisme et baisse de productivité.

 

Si les économistes reconnaissent volontiers l’importance du capital humain dans l’économie d'un pays (en tant notamment que facteur essentiel de la croissance), il serait temps que le patronat et les institutions reconnaissent que cela vaut aussi pour les entreprises. La surcharge de travail ne devrait être que ponctuelle, et le temps de repos, en revanche, assuré et régulier pour garantir une meilleure santé des employés.

L’expérience conduite par Perpetual Guardian, sur un échantillon de 240 personnes, a démontré que la productivité obtenue par les équipes en quatre jours était la même qu’en cinq jours, autrement dit, une hausse sensible de la productivité horaire. Mais, plus intéressant encore : l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle s’est amélioré de 40%, tandis que le niveau de stress a baissé de 16% ! Les personnes évaluées ont témoigné d’une baisse de fatigue et d’une nette amélioration de leur concentration, ainsi que de leur confiance, leur motivation, leur engagement au sein de l’entreprise.

 

Considérer qu’un ouvrier, un employé, un cadre, sont plus efficaces (et heureux) lorsqu’ils sont reposés et en bonne santé, plutôt qu’épuisés et anxieux, pourrait paraître une évidence. Pourtant, en France, avec le Medef en tête, une grande majorité de patrons et de politiques continuent d’affirmer qu’il est prioritaire de « Travailler plus » pour (peut-être) « Gagner plus ». Crise aidant, ce même Medef recommande l’allongement d’urgence du temps de travail, pour sauver l’économie.

Il semble ainsi ignorer le propos de nombreux économistes qui appellent à un changement profond de paradigme pour permettre une évolution équilibrée du partage de la vie en entreprise et de la vie tout court, dans une société où les loisirs détiennent une place prépondérante tant au plan familial, sociétal… qu’économique !

Les représentants du Medef semblent également ne tirer aucune leçon de cette pandémie que nous traversons, et en particulier du temps de confinement et du télétravail avec lesquels les employés ont démontré une plus forte productivité. L’explication est simple : moins de stress pour gérer les impératifs familiaux (horaires d’école des enfants et leurs diverses activités, livraisons à domicile facilitées, démarches administratives, meilleur temps de sommeil, gain important (en temps, repos, détente…) sur les déplacements, temps consacré à la famille mieux réparti, visites médicales facilitées, activité physique, etc.

 

Alors, à propos d’Amish ?

 

En revanche, Jacinda Ardern se pose en véritable progressiste pour son pays. Elle a récemment annoncé considérer l’expérience menée par Perpetual Guardian comme une solution possible à la sortie de crise du coronavirus, et sa volonté de l’étendre à l’échelle du pays.

 

Car, ne nous y trompons pas, même si la crise sanitaire a été remarquablement gérée en Nouvelle-Zélande, les effets de celle-ci sur l’économie du pays n’en sont pas moins là. La chute du PIB est vertigineuse, principalement due à l’effondrement du secteur du tourisme (frontières fermées oblige).

Or, une autre évidence veut que le tourisme intérieur pourrait bénéficier du fait que les salariés travaillent un jour de moins par semaine.

 

Quoi qu’il en soit, le mode de gouvernement qu’établit Madame Ardern et son équipe en Nouvelle-Zélande tranche par son originalité avec les sempiternels discours d’un autre âge que l’on entend en Europe (ou même chez son voisin, l’Australie).

 

Nous avons tous l’intuition qu’une crise aussi exceptionnelle comme celle que le monde traverse actuellement, appelle à des changements, sans doute radicaux, davantage qu’à l’application des bonnes vieilles recettes du capitalisme ultra-libéral.

Considérer la réduction du temps de travail comme une possible solution pour une meilleure économie associée à un progrès social, est un pari osé qui en fera hurler plus d’un dans notre hexagone.

 

Pourtant : et si Jacinda Ardern avait une fois de plus raison ?

Publié le 10/10/2020

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