L’Unesco en mode « marche arrière toute » sous la pression de l’Australie.

Peut-être aviez-vous lu ma chronique publiée le 23 juin dernier : « Un grand bravo à l’UNESCO ».

J’étais alors heureux de partager avec vous cette bonne nouvelle à propos de la décision courageuse de l’agence des Nations unies d’ajouter la Grande Barrière de corail à sa liste des sites du Patrimoine mondial en péril.

Courageuse, car la pression du gouvernement australien pour contrer une telle décision (pas nouvelle, cf. plus bas) a toujours été considérable.

 

La communauté scientifique internationale avait également approuvé et félicité l’UNESCO pour sa décision. La dégradation de cet écosystème unique au monde est certes due à de multiples facteurs : depuis des organismes invasifs et destructeurs (à l’exemple de l’Acanthaster pourpre, une étoile de mer) jusqu’au réchauffement climatique qui entraîne le blanchissement (et la mort) des coraux (par la hausse de température de l’eau). Les activités humaines, agricoles et industrielles, ou même maritimes contribuent à ce désastre écologique.

 

Le gouvernement australien affirme faire de sérieux efforts pour préserver la Grande barrière. Et il refuse que ce site, qui lui rapporte plus de 4.5 milliards $ dans le seul secteur du tourisme, soit désormais présenté comme un « chef d’œuvre en péril ». Il demande « plus de temps » pour pouvoir obtenir des résultats significatifs.

C’est ce que le Comité du patrimoine mondial vient de lui accorder !

 

Pourtant…

L’Australie avait déjà été mise sur la sellette il y a 6 ans (2015) et avait déjà obtenu un sursis, en promettant avec force qu’elle investirait des milliards de $ pour sauver le site. Or, durant ces années, le pays a accru ses activités polluantes (contre l’avis des populations concernées) et continue d’être l’un des principaux exportateurs mondiaux de charbon et de gaz naturel. Scott Morrison affiche clairement sa politique de privilégier davantage de revenus pour le pays plutôt que d’investir pour sa préservation. A commencer par son non-engagement à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

Quant à la Grande Barrière, certains scientifiques du gouvernement australien n’hésitent pas à affirmer que plusieurs récifs seraient, contre toute attente, « en train de se régénérer » (sic !).

 

Ce triste épisode ne fait que s'ajouter à une longue liste (elle), celle des réussites des lobbies politiques.

On peut regretter que leur capacité à gagner du temps face à des situations catastrophiques, à coup de promesses rarement tenues soit si efficace. On peut regretter que le temps ainsi gagné soit utilisé à engranger toujours plus de ressources financières, plutôt qu’à tenter de remédier aux problématiques. On peut regretter que la voix des (vrais) scientifiques soit si peu écoutée et que des organisations tout aussi importantes que l’UNESCO pour le patrimoine naturel mondial soient traitées avec tant de mépris.

La « règle » veut que tout lanceur d’alerte soit un complotiste en puissance.

En ce qui concerne Greenpeace ou Sea Shepherd, c’est hélas un traitement très habituel, de la part des institutions officielles. Mais que même l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) ne soit pas non plus entendue lorsqu’elle certifie que "la Grande Barrière devrait déjà être sur la liste des sites en péril"…

 

Le plus regrettable, dans cette prise de position de l’Australie (et donc désormais de l’UNESCO) c’est qu’une telle liste a moins pour objectif d’empêcher un pays d’engranger des revenus touristiques, que de sensibiliser et fédérer un ensemble de nations pour contribuer à la préservation du patrimoine de l’humanité.

Publié le 26/07/2021
Le chant des galahs Coup de cœur de France Inter !

 

Quelle belle surprise, ce matin, en écoutant France Inter, d'apprendre que Le chant des galahs est un Coup de coeur de Jacqueline Pétroz, très appréciée journaliste littéraire de France Inter, dans son émission : Livre de Poche !

Lucie Lemarchand a réalisé une remarquable mise en scène (bruitages, comédiens, effets spéciaux...) pour illustrer le commentaire de Jacqueline Pétroz sur mon ouvrage (repris en poche dans la collection Mikros Noir, de l'Aube)..

Un accueil et des appréciations qui me font chaud au coeur.

 

Voici le lien pour l'écouter  (disponible aussi en replay sur France Inter, Livre de Poche, Jacqueline Pétroz, Dim 25 juillet 2021)

 

https://www.franceinter.fr/emissions/livres-en-poche/livre-en-poche-du-dimanche-25-juillet-2021

Publié le 25/07/2021
Il y a cent ans…

Il y a cent ans est né un auteur incroyablement prolixe, l’un des piliers de la littérature noire française, qui produira à lui seul 288 romans, 20 pièces de théâtre et 16 adaptations pour le cinéma.

Vous avez deviné ? Oui, bien sûr. Il s’agit de Maxel Beeting, alias Verne Goody, alias Kill Him, alias William Blessings, alias D. Ricard, alias Eliane Charles, alias Antonio Giulotti, alias Wel Norton, alias Leopold Da Serra, alias L'Ange Noir, alias Cornel Milk, alias, alias, alias……..

 

Dans le cas où aucun de ces noms d’auteur ne vous évoque un souvenir précis, j’en ajouterai deux qui, j’en suis certain, vous sont beaucoup plus familiers : Frédéric Dard (son véritable nom) et… San Antonio, autre alias, cette fois imposé par le personnage si célèbre qu’il avait créé, et dont il produisait une nouvelle aventure au rythme incroyable d’une par trimestre !

 

Pour le plaisir, voici un rapide aperçu de son œuvre à travers quelques titres, non pas les plus célèbres ni les meilleurs, mais tout de même très parlants :

La Foire aux asticots      Un cinzano pour l’ange noir       On demande un cadavre            Tartempion               Les salauds vont en enfer           Du plomb dans les tripes             Des clientes pour la morgue               Rue des Macchabées     J’ai bien l’honneur de vous buter            A tue… et à toi          Les anges se font plumer       Etc.

 

À sa série des San Antonio, je préfère personnellement les romans noirs publiés sous son véritable nom et construits autour d’une forte intrigue psychologique (digne d’un Simenon, auteur encore plus prolifique : 193 romans, 158 nouvelles, plusieurs œuvres autobiographiques et de nombreux articles et reportages publiés sous son nom, ainsi que 176 romans, des dizaines de nouvelles, contes galants et articles parus sous… 27 pseudonymes !). Mais le succès des San Antonio est indéniable. Et si Frédéric Dard s’est éteint en Suisse en 2000, que les fans de San Antonio se rassurent, son fils Patrice en poursuit l’écriture…

 

À lire et à relire :

Monsieur Joos   Ed. Points   --   Georges et la dame seule   Ed. Fayard

Délivrez-nous du mal   Ed. Pocket   --   Les salauds vont en enfer   Ed. Fleuve Noir

Publié le 19/07/2021
Qu’advient-il de lui ?

Heureux sont les auteurs de thriller et de polars ou de bons romans d’espionnage. L’actualité ne cesse de leur fournir d’excellents sujets et personnages pour servir leur créativité. Mais il arrive aussi que ce soit l’absence d’information au sein de cette actualité qui nourrisse une de ces intrigues avec lesquelles « la réalité dépasse parfois la fiction » !

En voici un très bon exemple avec Julian Assange, celui dont, bizarrement, plus personne ne parle.

 

Que devient Julian Assange ? Doit-on vraiment se désintéresser de son sort ?

 

Assange est le fondateur de Wikileaks, une ONG sans but lucratif, dont l’objectif est de permettre aux lanceurs d'alertes du monde entier de disposer d’une plateforme sur laquelle ils peuvent diffuser leurs information (« fuites » /Leaks) tout en protégeant leurs sources. On peut comprendre qu’un tel projet inquiète de grandes puissances, au premier rang desquelles les États-Unis. Pourtant, aucun pays n’est épargné. Plusieurs millions de documents relatifs à des scandales de corruption, d'espionnage et de violations de droits de l'homme concernant des dizaines de pays à travers le monde ont été publiés sur le site depuis sa création (2006).

 

L’argument opposé à Assange et ses partisans veut que leurs révélations sont susceptibles de mettre en danger des agents de ces puissances, agissant sous couverture à l’étranger.

Il est clair que, par exemple, des services danois qui, agissant sous contrôle de la NSA, espionnent des responsables européens, ne souhaitent pas que la chose soit révélée. (Ce nouveau et récent scandale sur les basses méthodes des services d’information n’a pourtant pas été révélé par Wikileaks, mais par des journalistes d’investigation de la « presse officielle »).

 

Tout a été tenté pour contrer Assange et l’empêcher de généraliser ses opérations. À commencer par la bonne vieille méthode des accusations sur la personne. N’ayant (semble-t-il) ni tué ni volé, on l’a donc accusé de viol (c’est hélas dans l’air du temps). Les Américains sont à la manœuvre, les Anglais à leur service. Assange a été contraint de se réfugier dans une ambassade pour échapper à l’extradition. Rappelons au passage que ses demandes d’asile à différents pays, dont la France (alors sous Hollande), ont toutes été rejetées. L’ambassade d’Équateur à Londres lui a accordé cet asile, jusqu’à ce que son pays change de gouvernement et opte pour un régime plus proche… des USA. Assange est alors éjecté de l’ambassade (en avril 2019) et aussitôt enfermé dans la prison de haute sécurité de Belmarsch, près de Londres.

Il y attend, depuis plus de deux ans, l’examen de l’appel formé contre le refus de son extradition vers les États-Unis. (Rappelons qu’entre-temps les plaintes pour viol ont été abandonnées !). Là-bas, il risque 175 ans de prison pour avoir diffusé, depuis 2010, environ 700.000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan.

À l’examen, aujourd’hui, des résultats obtenus par les États-Unis dans ces deux pays et de la situation (politique, économique, sociale…) dans laquelle ceux-ci se retrouvent, le risque que fait peser Wikileaks sur les activités américaines dans ces régions apparaît du coup d’une toute autre nature que celle qui a été officiellement mise en avant.

 

Julian Assange est soutenu par de nombreuses organisations de défense de la liberté de la presse. Mais c’est bien peu de choses face à l’enfer qu’il doit subir depuis près de 10 ans. Privation totale de liberté, discrédit, éloignement de sa famille, de ses amis et, bien sûr, impossibilité de poursuivre ses projets. Sa femme et ses deux jeunes garçons (4 et 2 ans) ont dû attendre huit mois avant de le visiter en prison. Julian Assange a aujourd’hui 49 ans, il est épuisé, physiquement et moralement, et ne pourra sans doute jamais se remettre totalement des préjudices subis.

 

Alors, pour répondre à la question en introduction de cette rubrique : non, je ne crois pas qu’il faille se désintéresser de son sort. S’interroger sur le bien-fondé de Wikileaks et les limites ou, au contraire, ouvertures à apporter à de telles associations est tout aussi légitime que nécessaire. Une fois de plus, ce devrait être un débat public et indépendant des pressions judiciaires et policières qu’imposent les plus grandes puissances. Car, ne nous y trompons pas, l’Amérique n’est pas seule en cause. Le sort des lanceurs d’alerte n’est pas plus enviable en Chine ou en Russie !

Une raison de plus pour ne pas les laisser se faire assassiner, même à petit feu, comme c’est le cas pour Assange.

Publié le 18/07/2021
Rapide retour en Tasmanie

Si je suis physiquement loin de la Tasmanie, depuis mon retour en mars 2020, j’en reste chaque jour très proche par le cœur.

Je viens d’apprendre une triste nouvelle ce matin. Elle concerne les plants de leatherwood.

 

Je vous ai déjà parlé de ce miel magnifique, exceptionnel, produit à partir de la fleur de leatherwood, et que nous avions découvert à Hobart lors de notre premier séjour sur l’île en 2015. En 2019-2020 (deuxième séjour) nous avions eu la chance de rencontrer Yves et Georgie, apiculteurs au sud de la Tasmanie, qui produisent ce miel (et d’autres). (cf. Carnet de voyage n°3 sur l’Île de l’Inspiration).

Ils viennent de m’informer qu’une large partie des plants de leatherwood sont actuellement menacés d’être détruits, du fait de nouveaux projets industriels et des constructions de routes qui les accompagnent.

 

Même en ce paradis terrestre, ce sanctuaire de la nature, qui devrait être intégralement protégé, le gouvernement australien continue de détruire une faune et une flore pourtant uniques au monde.

 

Heureusement, un groupe de résistance s’est formé et a déjà lancé (processus démocratique oblige) une pétition en ligne pour tenter de faire barrage à ces projets. Il n’y a hélas pas tant d’habitants que cela pour que cela soit très impressionnant. Mais, au moment où je partage ce lien avec vous : http://chng.it/tM6mtVcQB6  20 856 personnes ont signé sur un objectif de 25 000. Un bel espoir en perspective.

Publié le 16/07/2021
Etre ou non "Propriétaire"

Dans Le chant des galahs (Éditions Aube Noire), paru l’an dernier, est posée la question de l’appropriation de parties entières de notre planète par des organisations privées.

La découpe de la surface terrestre et de ses richesses, comme on le ferait d’un énorme gâteau, ne date pas d’hier et ne cesse de nourrir les fortunes de quelques milliers de milliardaires, au détriment de plusieurs milliards d’êtres humains. Et cela n’est pas fini puisque les jalons sont déjà posés par les plus grandes puissances économiques (privées et publiques) afin de confisquer à leur seul profit les fonds des océans et, déjà, de gros morceaux de la Lune, puis de Mars, à travers les programmes, présentés comme scientifiques, de la conquête spatiale.

De fait, le concept de propriété se révèle sans fin, à la fois dans le temps et l'espace, mais aussi quant à la nature des "objets" nourrissant nos appétits égoïstes ; il ne s'agit pas seulement de foncier et de richesses naturelles, mais aussi d'idées, de brevets, d'êtres vivants, et même encore trop souvent... d'êtres humains !

 

Cette question de la « propriété » semble donc de tous temps. Elle est au fondement des civilisations et les accompagnera certainement jusqu’à leur disparition, puisqu’il apparaît aussi qu’elle est et sera la cause de leur perte.

 

Il n’est pas étonnant que les anglo-saxons, ardents pionniers de l’ère industrielle, aient majoritairement défendu le droit à la propriété comme étant fondamental, inhérent et donc indissociable de la société civile.

À ce jeu, les Français ne se sont jamais montrés aussi brillants (entretenus en cela par l’idée de « peuple romantique »). Peut-être le doivent-ils à leurs philosophes qui ont préféré aux places de marchés celle des livres et des idées. On peut notamment citer Rousseau qui, dès 1754, dans son Discours sur l’origine de l’inégalité, écrivait en visionnaire :

 

<< Le premier qui ayant enclos un terrain s’avisa de dire Ceci est à moi !, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres ; que de misères et d’horreurs n’eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous d’écouter cet imposteur ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n’est à personne. Mais il y a grande apparence, qu’alors les choses en étaient déjà venues au point de ne pouvoir plus durer comme elles étaient ; car cette idée de propriété, dépendant de beaucoup d’idées antérieures qui n’ont pu naître que successivement, ne se forma pas tout d’un coup dans l’esprit humain. Il fallut faire bien des progrès, acquérir bien de l’industrie et des lumières, les transmettre et les augmenter d’âge en âge, avant que d’arriver à ce dernier terme de l’état de nature. >>

 

Alors, Rousseau était-il un dangereux communiste avant l’heure ?

C’est sans doute ce que l’on reprocha à François Noël Babeuf, révolutionnaire français né en 1760, qui défendait lui aussi le droit à l’égalité, était favorable à la collectivisation des terres ainsi qu’à l’abolition de l’esclavage. Ses idées ont donné naissance au Babouvisme, courant de pensée qui, selon les historiens, préfigurait le communisme et l'anarchisme ! Les ardents défenseurs de la propriété privée ne s’en laissèrent pas compter et s’approprièrent… la tête de Babeuf, qui mourut sur la guillotine, en mai 1797.

 

Lorsque plus tard, le grand Jaurès produit justement un important ouvrage sur l’Histoire de la révolution française, il écrit : « La propriété foncière est mère d'inégalité et de brutalité. » Le socialiste s’accordait-il ainsi aux idées de Rousseau et de Babeuf ? Ce serait une erreur de le croire. En effet, le texte de Jaurès s'harmonise davantage d'accents anglo-saxons en proposant le salut de la société moderne par le passage du mode féodal au mode industriel, allant jusqu’à défendre… le droit à la propriété... industrielle. Voici le texte duquel la phrase citée a été extraite :

 

<< La propriété foncière est mère d’inégalité et de brutalité. Quand son action est sans contrepoids, elle produit le système féodal qui isole et asservit les hommes, qui morcelle les sociétés et abêtit les paysans. Et bien loin que la propriété foncière puisse être inspiratrice d’égalité ; bien, loin qu’elle puisse propager parmi les hommes la douceur de vivre et l’innocence des mœurs, c’est du dehors seulement et sous l’action de la propriété industrielle qu’elle se transforme et s’humanise. Il a fallu que des artisans, des hommes d’industrie et de négoce, enfermés dans les communes urbaines, arrivent à la richesse et achètent de la terre pour que le lourd monopole féodal cessât de peser sur le sol et sur les hommes, et la propriété foncière ne pourra entrer dans le mouvement démocratique que si elle est comme assouplie et pénétrée d’égalité par la propriété industrielle elle-même. >>

Non, c’est un fait, Jaurès n’était ni communiste ni anarchiste.

 

Et que dire du grand Michel Serres qui, dans son amusant texte, Mal propre, paru beaucoup plus récemment (2008, Ed. Le Pommier), commentait cette question de la façon suivante :

 

<< Le premier vivant qui ferma un terrain en s'avisant de pisser sur son pourtour devint le premier propriétaire en même temps que le premier des pollueurs. Voilà du Jean-Jacques en version écolo. De la pollution vient l'appropriation et réciproquement. Depuis l'invention de la chasse d'eau-fin du 19è siècle à Londres - et celle du tout-à-l'égout, il devint, en effet, difficile - et fort rare - de pouvoir marquer nos niches par l'urine ; changeant de régime, nous nous rabattîmes sur d'autres techniques, dures et douces. Ne prenant, dans nos comptes, que les premières, nous risquons de ne pas résoudre le problème. Non, je me trompe, tout peut changer. Car, inversement, ne pas polluer, cela équivaudrait à ne point s'approprier ni envahir. >>

 

Pour revenir à l’Australie, si imprégnée de culture anglo-saxonne, l’île-continent abrite une autre culture, fort ancienne et fort différente. Celle des Aborigènes. Selon celle-ci, le pays, la terre, est l’endroit auquel on appartient, et non l’inverse. Une conception aux « antipodes » de la nôtre, qui a le mérite, en plus de sa simplicité, de résoudre une bonne fois cette question du droit à la propriété et des atrocités commises en son nom.

Mais pourquoi faire simple quand on peut…   

Publié le 11/07/2021
Retour en nature

Avec ce début d’été et les déplacements de nouveau possibles, les envies de retrouver un peu de nature ne manquent pas. À l’instar de centaines de milliers de Français, j’avoue une réelle fascination pour les oiseaux, et je profite de mes déplacements pour, chaque fois que possible, en observer de nouveaux.

J’espère juste que les générations futures auront elles aussi cette chance, tant il est vrai que nos pauvres oiseaux sont maltraités : disparition de leur nourriture (liée elle-même à la disparition des insectes, du fait de l’usage toujours trop intense des insecticides), de leur habitat (urbanisation, suppression des haies, diminution des forêts « vivantes »…), et enfin la prédation : chasse, chats, produits toxiques…

 

À propos de ces trois types de prédation, les faits s’accumulent :

- les chats laissés en liberté (nourris ou pas) sont non seulement responsables de la disparition de 160 espèces d’oiseaux à travers le monde, mais surtout continuent de tuer plusieurs centaines de millions d’oiseaux chaque année (ainsi que de millions de reptiles, amphibiens, chauve-souris…). En France, ils en tuent plusieurs dizaines de millions par an. Vous aimez les chats et vous aimeriez malgré tout qu’ils tuent un peu moins ? Pensez à les munir d’un collier doté de signaux visuels et sonores (clochette, bandes de couleur…). C’est simple, et cela permet de réduire la prédation jusqu’à 60%).

 

- les produits toxiques sont hélas légion. Ainsi les organismes des goélands de l’île de Ré (réserve naturelle de Lilleau de Niges), étudiés par une équipe du CNRS, révèlent une présence inquiétante de substances perfluoroalkylées… des perturbateurs endocriniens qui affectent les organismes vivants. L’usage abusif de ces substances dans toute l’industrie n’a pas fini de nous réserver ses mauvaises surprises.

 

- la seule bonne nouvelle (mais de taille) vient de la chasse (une fois n’est pas coutume). La France, malgré les nombreuses protestations citoyennes, autorise toujours la chasse à la glu (les oiseaux pris dans ces pièges connaissent une fin atroce) et est même le seul pays en Europe à encore l’autoriser. Mais elle vient enfin de se faire retoquer par la Cour de justice de l’UE qui a jugé illégale cette pratique ! Nombreux sont les politiques qui tirent à boulets rouges sur la Commission Européenne, celle-ci s’est pourtant montrée plus efficace que Mr Dupont-Moretti et le Conseil d’État français.

 

Pour l’ensemble de ces questions, est-il utile de le rappeler, nous avons la chance de pouvoir aider une association qui se bat « becs et griffes » pour préserver les oiseaux de nos forêts, villes, et campagnes : la LPO dirigée par le très courageux Allain Bougrain Dubourg.

N’hésitez pas à découvrir leur site. www.lpo.fr     

Publié le 30/06/2021
Poème

C’était un homme qui aimait profondément les mots.

Jusqu’alors, il avait beaucoup écrit, surtout pour lui-même.

Puis il s’est dit, donnant raison à Monsieur Hugo

Qu’il était temps d’écrire pour les autres, et aussi pour l’argent, tout de même.

 

C’était un homme qui aimait profondément les mots.

Et sa vie lui avait enseigné que, de deux mots, mieux vaut choisir le moindre.

Alors, de déductions en réductions, voire même en soustractions ; mot à mot,

Il avait trouvé les mots. Trois moindres mots seulement. Pourquoi et à qui s’en plaindre ?

 

C’était un homme qui aimait profondément les mots.

Il avait retenu « a », modeste mais ambitieux verbe du troisième groupe ; sauvé « y », discret pronom personnel

Ainsi qu’une superbe interjection au renflement arrondi de cul de poule, « ô ».

Trois mots avec lesquels il tenait enfin l’essentiel.

 

Cet homme qui aimait profondément les mots

Durant des mois, des années, posa « a », lança « y »

S’évertua à faire rouler « ô »

Et put enfin écrire sa poésie.

 

Ô

Ô a y et y a ô

Ô

Ô

Ô

A

A

A

Y

Y

Y

Y a ô et ô a y

 

Cet homme aimait profondément les mots

Mais personne n’aima les siens.

Le moindre n’avait plus la cote et le rien encore moins

Le poème resta lettres mortes. L’homme ne dit plus un mot.

 

Depuis ce temps, sur la tombe de l’homme qui aimait profondément les mots

Ruissellent les mots par milliers, crus creux ou gros

Vains, vides, blessants et empruntés ; en autant de phrases et de formules coulant à flots

Jusqu’à inonder le cimetière, puis le monde, que tous ces mots rendent de plus en plus sot.

 

Publié le 26/06/2021

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