Le jour du dépassement !

Cette date est celle (théorique) à partir de laquelle l'humanité a épuisé les ressources naturelles produites par la planète en un an.

Dans mon billet du 01/07, je rappelais que l’an dernier, il s’agissait du 29 juillet. Autrement dit, dès le 30 juillet, nous commencions à consommer plus que ce que la planète peut nous fournir comme ressources.

 

À titre d’exemple : si toute l’humanité consommait comme :

  • les Américains, il nous faudrait : 5 planètes
  • les Australiens, il nous faudrait : 4,1 planètes
  • les Français, il nous faudrait : 2,7 planètes
  • les Chinois, il nous faudrait : 2,2 planètes
  • etc.

 

Au début des années 2000, le jour du dépassement se situait début octobre, et en 1970, le 31 décembre (à l’équilibre). Cela témoigne de la vitesse de dégradation engendrée par notre mode de vie occidental. À ce rythme, nous n’aurons plus aucune ressource nouvelle avant la fin de ce siècle !

 

Pourtant, voici une annonce encourageante : cette année, le jour du dépassement a été recalculé au 22 août, soit un recul providentiel de trois semaines !

 

Que nous vaut ce miraculeux retournement ?    Le coronavirus !

 

L’ONG qui a établi ce calcul (Global Footprint Network) l’explique par : << …la diminution de la récolte de bois et des émissions de CO2 provenant de la combustion de combustibles fossiles. Même si la construction s'est poursuivie pendant la pandémie, l'industrie forestière a anticipé une baisse de la demande à venir et a donc rapidement réduit les taux d'abattage des arbres. >>

 

Il est étonnant comme cette épidémie, épisode ô combien dramatique pour la population mondiale, engendre si vite un bénéfice d’une telle ampleur pour la planète !

Il serait facile de voir là une simple démonstration du haut degré de divergence entre l’idée que l’humanité se fait de son bien-être et la réalité de ce qui devrait être fait pour le bien-être de notre planète.

Mais on peut y voir davantage, et notamment un formidable espoir : la vitesse avec laquelle un simple changement de comportement (parmi tant d’autres possibles) peut influer positivement sur notre environnement global et donc sur notre propre vie sur terre, dans un plus juste équilibre, à moyen et long terme

Publié le 05/08/2020
Australie : le cauchemar continue

Les fortes pluies tombées en février dernier sur une large zone sud-est de l’Australie (Victoria, New South Wales, Queensland) avaient permis de venir à bout des effroyables incendies qui ravageaient alors le pays. Elles avaient toutefois généré de graves inondations, avec des eaux polluées puisque charriant cendres et scories des terres brûlées. (Cf. mon billet du 26 février).

Autant d’épisodes dramatiques qui en précédaient un autre, touchant cette fois le monde entier : la pandémie de Covid 19, et les crises sanitaire et socio-économique qui en découlent !

 

Nous aurions aimé, pour l’Australie, que le cauchemar s’arrêtât là. Hélas, l’hiver (australien) s’avère marqué par de nouvelles et violentes averses ayant impacté ces derniers jours plus de 6 000 foyers dans le seul état du New South Wales, et inondant routes, côtes, zones urbanisées…

 

Devant affronter une des pires crises (annoncée) de son histoire, l’Australie prend durement conscience de l’impact des facteurs environnementaux et en particulier climatiques, sur son économie. Mais beaucoup s’inquiètent également du devenir des écosystèmes du pays.

 

 

Les récents résultats publiés par les équipes de chercheurs de plusieurs universités, à propos de l’impact des derniers incendies sur la faune sauvage, font état non pas de un, mais de TROIS MILLIARDS d’animaux tués ! Pour la grande majorité des reptiles (presque 2,5 milliards ont disparu), des oiseaux (180 millions), des mammifères (143 millions) et de nombreuses espèces de batraciens (plus de 50 millions). L’étude n’a pas encore été menée sur la flore, mais les données à ce sujet ne peuvent être que pires encore. (Pour mémoire : 115 000 km² de terres ont été détruits par les incendies de ce début 2020).

Ce qui fait de ces incendies sans doute le pire incident climatique de l’histoire (moderne) de l’île-continent. (D’autant qu’il s’agit là d’un bilan partiel, car ne prenant pas en compte les animaux ayant survécu, mais malgré tout condamnés à court terme, faute d’habitat, de nourriture, et à la merci de nombreux prédateurs.)

 

Cette brutale prise de conscience, alors que les scientifiques prédisent des prochaines années au moins aussi terribles sur le plan climatique, devrait, espérons-le, inciter le gouvernement de Scott Morrison à adopter un changement radical de politique en matière de protection environnementale.

Publié le 29/07/2020
Prenez garde : il pleut !

Les lanceurs d’alerte ne sont pas les gens les plus aimés de la planète !

 

L’évolution de nos sociétés en matière de progrès technologiques associés à nos modes de consommation, ainsi que dans leur conception du bien-être individuel et collectif, crée, nous le savons, un important clivage au sein de la quasi-totalité des communautés : familles, populations, gouvernants… Il y a ceux qui s’inquiètent, questionnent, réagissent, alertent. Ils craignent pour eux, mais aussi pour la planète, l’avenir de leurs enfants, de tout ce qui vit ici-bas. Et puis il y a ceux qui ont le désir (et la capacité) de rester fondamentalement confiants, une façon comme une autre de maîtriser leurs angoisses. Ils veulent profiter de tous les progrès et sont persuadés que la forme d’intelligence qui caractérise la race humaine et en ferait une espèce supérieure à toute autre, ne pourra, à son terme et quelques soient les incidents de passage, qu’aboutir à un monde meilleur, de parfaite harmonie.

Ceux-ci accusent les premiers de systématiquement dramatiser, d’être incapables de jouir des merveilles de la modernité, de ne voir que le verre à moitié vide, alors qu’il serait si facile de le remplir pour de bon ! Ils les taxent volontiers de « théoriciens du complot » (il y en a aussi, hélas!), ayant choisi le mode de l’affabulation et de la chimère pour mieux tromper leurs propres frayeurs. Les derniers traitent alors les premiers de Cassandre, prophète maudite des dieux, qui dérange, ennuie, agace et que l’on préférerait silencieuse. 

 

Dans Les onze orphelins de Mme Li, j’évoquais l’inquiétude du gouvernement de Chine, pays de pratiquement un milliard et demi de consommateurs potentiels, face à la diffusion massive de nouvelles drogues (comme le Crystal), plus technologiques, plus efficaces et par conséquent plus redoutables. Des drogues consommées, nous y revoilà, dans le but d’en finir avec nos angoisses.

La Chine, l’Australie, les États-Unis et la plupart des autres pays, constatent l’essor constant du trafic de drogues dures. Une addiction (parmi de nombreuses autres) qui contribue, dans le meilleur des cas, à la dégénérescence des cerveaux de ceux qui en usent.

Or, cette dégénérescence est une forme de dépérissement dont la fréquence et la précocité s’accentuent au sein de nos sociétés, et pas seulement dans les communautés de toxicomanes.

<< Erreur d’analyse >> rétorquent les « confiants » qui ne veulent surtout pas quitter trop vite leur doux nuage doré. << L’augmentation des cas de dégénérescence n’a aucun rapport avec une quelconque dégradation de nos modes de vie. Ce sont simplement nos méthodes de détection et de diagnostic qui ont évolué, permettant aujourd’hui de donner une image plus précise de la réalité ! >>. Un point de vue somme toute bien rassurant, et qui sonne si juste.

Comptons par conséquent sur ces chères bonnes âmes pour balayer d’un simple revers de main une autre alerte lancée cette fois par des environnementalistes (qui, comme chacun le sait, ont la sale manie, avec la tristesse qui les caractérise, de vouloir partager leur anxiété avec autrui).

 

Selon ces derniers, la consommation de plastique dans le monde est devenue la source de bien des dangers. Il serait donc urgent d’en réduire la production, mieux : la supprimer ! Nos océans seraient envahis par cette matière chimique dont la biodégradabilité n’est pas exactement le point fort : le plastique ne se détruit pas avec le temps, il se désagrège seulement en autant de fines particules.

La vue d’étendues de sacs, bouteilles, ustensiles divers et (a)variés qui dansent sur les reflets d’argent et de fait changeants, sur toutes les mers de la planète, n’est certes déjà pas du meilleur effet. Hélas, toujours selon ces satanés environnementalistes, il semble que ces millions de tonnes (sic !) de plastique provoqueraient en plus de lourds dégâts au sein de la faune marine. À force d’évoluer au milieu des résidus produits par notre beau progrès technologique, poissons, crustacés et mammifères marins finissent inéluctablement par les ingérer !

On peut aisément imaginer la surprise de ceux qui, après avoir ouvert le ventre d’une baleine, y découvrent plusieurs centaines de kilos de plastique ! (Le cas est attesté et désormais récurrent.)

Ainsi, les poissons que nous pêchons puis consommons seraient élevés à l’acétate, à la caséine formolée, à la cellulose, au nylon, au phénoplaste, au polyamide, au polycarbonate, au polychlorure de vinyle (P.V.C.), au polyester, polyéthylène, polypropylène, polyuréthanne, à la résine de synthèse, polyacrylique, au silicone, au similicuir, au thermoplastique, à l’urée-formol, au vinyle…

 

Serait-ce là une nouvelle théorie du complot, lancée cette fois contre les fabricants de polymères ? Évidemment, répondent les abonnés à la béate tranquillitude (mon néologisme pour « tranquille attitude »). Réponse qu’ils expriment d’ailleurs presque à regret. Car, fidèles défenseurs du progrès et de la croissance à tout prix, les voilà qui imaginent déjà l’industrie de la pêche modifiant ses bateaux usine, sur lesquels les poissons sont tués, transformés, préparés, congelés… avant même le retour au port, afin qu’ils y soient également emballés dans le plastique incriminé et ainsi intégralement prêts à être livrés dans nos foyers !

 

S’ils refusent d’entendre les environnementalistes lanceurs d’alerte, nos optimistes invétérés n’écouteront pas davantage les scientifiques qui affirment que les substances listées plus haut sont la cause directe de… dégénérescences chez l’humain ! Il ne manquerait plus que l’on mette dans un même panier les fabricants de drogue de synthèse et leurs réseaux de distribution avec les fabricants de résines de synthèse et leurs réseaux de distribution. Raccourci bien maladroit s’il en est. Il y a chimie et… chimie !?

D’autant que, après tout, chacun est libre de ne consommer ni Crystal ni poisson !

 

Seulement voilà, c’était ne pas compter sur nos pessimistes pathologiques, férus d’écologie. Au prétexte d’être diplômés en sciences, plusieurs de ces derniers semblent ne pas se résigner. Ainsi ont-ils récemment mené, durant 14 mois, une très sérieuse étude sur les pluies qui arrosent notre planète. (Étude publiée dans Science le 12 juin dernier). Ils ont analysé l’air et l’eau de pluie sur un espace de zones préservées à l’ouest des USA. Leurs résultats sont édifiants : durant cette période, pluies et vents y ont déposé un millier de tonnes de micro particules de plastique !  L’équivalent de 120 millions de bouteilles en plastique !

Ces polymères, toujours aussi indestructibles, se mélangent alors à la terre et aux nappes phréatiques, attendant d’être ingérés par la flore, la faune et, en bout de course, par l’élément dominant de la chaîne alimentaire : l’humain !

Bien sûr, il est plus que probable que le phénomène se reproduit un peu partout sur la planète : depuis le haut des montagnes jusqu’au fond des océans, en passant par nos forêts, champs, prairies, et même les villes.

Alors, n’est-ce pas merveilleux ? Après les poissons emballés aussitôt pêchés, l’eau de pluie directement mise en bouteille ?

 

Hier soir, après avoir diné d’un excellent filet de bar assaisonné aux herbes de Provence et aux métamphétamines, puis fumé une paire de pailles en plastiques en regardant le petit écran, j’ai finalement renoncé à trouver le moindre sens à ces questions. Confiant je suis, confiant je reste.

Publié le 28/07/2020
Quand la réalité rejoint la fiction

Dans Environnement mortel et, plus récemment, dans Le chant des galahs, j’évoque la façon dont de grandes organisations financières (fondations, banques…) réussissent à se construire une image de philanthropes ou d’entreprises concernées par le devenir environnemental et humanitaire de la planète, grâce à des actions de lobbying et des opérations de placement très réfléchies.

Derrière l’image, la réalité semble hélas moins « charitable », avec une méthodologie éprouvée visant en fait à réduire la fiscalité de ces immenses organisations, augmenter leur profitabilité et mieux masquer leurs investissements dans des secteurs plus « opaques ».

Bien sûr, il s’agit de pure… fiction, et toute ressemblance avec…. Etc.  

C’est pourquoi, il est fort probable que l’article relevé ce jour dans Libération (rédigé par Aude Massiot), et que je vous livre dans son intégralité, n’a aucun rapport avec lesdites fictions.

 

                    

 

 

BlackRock : un virage vert très intéressé

Le gestionnaire d'actifs américain, qui a renforcé depuis janvier son engagement dans la finance durable, s'est vu confier par la Commission européenne la réalisation d'un rapport sur la prise en compte des critères environnementaux et sociaux dans le secteur bancaire. Un choix qui interroge sur de possibles conflits d'intérêts.

Choisir un actionnaire des grandes banques mondiales pour réguler le secteur bancaire. L’idée pourrait faire sourire. Mais, devenue réalité, elle alerte. Le 2 mars, la Commission européenne a choisi BlackRock, le plus gros gestionnaire d’actifs au monde, qui possède des parts dans la majorité des banques mondiales, pour réaliser un rapport sur les bonnes pratiques en matière de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans ce secteur. Rapport qui servira ensuite à construire de nouvelles régulations pour ces entreprises, souvent pointées du doigt pour leur soutien indéfectible aux activités polluantes et notamment à l’exploitation des énergies fossiles.

 

Cette décision a, bien sûr, alarmé plusieurs eurodéputés, qui ont interpellé l’exécutif européen sur les conditions d’attribution de ce contrat. «Les contours de ce rapport et de son utilisation par l’UE sont encore très flous, regrette Aurore Lalucq, économiste et élue Place Publique. La Commission est bien naïve de ne pas voir que BlackRock a, de façon évidente, un intérêt, non financier, à écrire ce rapport. 280 000 euros, ce sont des broutilles pour eux.» Et d’ajouter : «A un moment où on nous donne des leçons de morale sur l’utilisation de l’argent public, on devrait faire plus attention aux dépenses sur ce type d’appel d’offres

De son côté, la Commission européenne, dans un document publié le 11 juin, assure avoir vérifié qu’il n’existait aucun conflit d’intérêts. Pourtant, un élément de l’offre faite par BlackRock interroge. L’exécutif européen avait estimé le coût d’un tel rapport à 500 000 euros. BlackRock a offert ses services pour 280 000 euros… Un prix largement inférieur aux huit autres candidats. Comment expliquer un tel écart ? BlackRock tenterait-il de confirmer l’adage du business numérique «Quand c’est gratuit, c’est vous le produit» ? Le géant américain, chargé de gérer les pensions et retraites de nombreux fonctionnaires tout comme les portefeuilles d’investisseurs, tenterait-il de profiter de ce rapport pour faire passer ses idées sur un secteur en pleine expansion, celui des produits financiers durables ?

Cette perspective ne semble pas inquiéter la Commission européenne. Damien Carême a pu le constater lors d’une entrevue organisée, à distance, le 4 mai avec plusieurs fonctionnaires de la commission en charge du suivi de ce dossier et en particulier de la Direction générale sur les finances (FISMA). «Ils m’ont expliqué que BlackRock pratique quasi systématiquement la casse des prix pour répondre aux marchés publics, confie l’eurodéputé EE-LV, ancien maire de Grande-Synthe. Cela avait l’air de leur sembler normal, mais c’est de la concurrence déloyale !». Insatisfait des réponses apportées, l’élu a saisi, début juin, la médiatrice de l’Union européenne pour qu’elle vérifie si la Commission n’a pas failli à sa tâche de surveillance.

 

Ce qui inquiète les eurodéputés ? L’énorme influence acquise par BlackRock depuis la crise financière de 2008, à la suite de laquelle il s’est vite imposé comme l’un des acteurs institutionnels de la finance les plus puissants au monde. À la différence des banques, l’entreprise de Larry Fink n’investit pas de fonds propres mais l’épargne de ses très nombreux clients, entreprise comme particuliers. Cette manne s’élève à environ 6 200 milliards d’euros.

Dans l’Hexagone, BlackRock, principal actionnaire de Total, possède des parts dans la quasi-totalité des entreprises du CAC 40. Parmi celles-ci, une attire l’attention : Atos, un des leaders mondiaux du cloud et de la cybersécurité. Son ex-PDG de 2009 à 2019, le Français Thierry Breton, est aujourd’hui le commissaire européen chargé de la Politique industrielle, du Marché intérieur et du Numérique. En juin 2019, BlackRock a passé la barre des 5 % dans l’actionnariat d’Atos. Les liens ne s’arrêtent pas là. Thierry Breton a côtoyé Jean-François Cirelli, qui préside la branche française de BlackRock, quand ce dernier était directeur de cabinet adjoint de l’ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, dont Thierry Breton a été le ministre des Finances. Ce dernier n’a pas joué de rôle officiel dans l’appel d’offres.

Dans son explication du 11 juin, la Commission européenne précise qu’«est exigé des contractuels qu’ils prennent toutes les mesures nécessaires pour prévenir l’émergence de conflits d’intérêts». De son côté, Aurore Lalucq appelle «à appliquer le principe de précaution avec des entreprises aussi puissantes que BlackRock».

Une des critiques faites au gestionnaire d’actifs est la grande proportion des fonds qu’il investit dans des secteurs néfastes pour l’environnement, comme les énergies fossiles. Il est aussi pointé du doigt sur les enjeux sociaux après avoir placé des fonds dans le commerce des armes, et possiblement participé à la crise du logement qui frappe de nombreuses villes dans le monde.

 

BlackRock, qui est aussi l’un des plus gros investisseurs dans les énergies renouvelables, semble avoir pris, depuis janvier, un virage serré pour se défaire de ces critiques. «Durabilité», «transformation fondamentale», «risque climatique»… Sur le site web du géant américain, le vocabulaire utilisé dès la page d’accueil révèle, sans équivoque, son nouveau positionnement en faveur des investissements durables. Larry Fink se dit même prêt à désavouer des dirigeants ne respectant pas ces engagements sociaux et environnementaux, lors des votes en conseil d’administration.

 

Plus que par une motivation morale, ces nouveaux engagements sont portés par des intérêts économiques. Un rapport de l’Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA) avait calculé, en août 2019, que «sur les 90 milliards de dollars de pertes estimées de BlackRock, 75 % sont dues à ses investissements dans quatre entreprises seulement : Exxon, Mobil, Shell et BP , qui ont toutes sous-performé depuis dix ans». En janvier, Larry Fink en a tiré les leçons et, dans sa lettre annuelle aux PDG, a assuré que «le secteur financier est à la veille d’une transformation fondamentale» sur la prise en compte du risque climatique.

L’entreprise a, dans la foulée, lancé de nouveaux produits financiers orientés sur les critères sociaux et environnementaux. Cinq mois plus tard, le bilan de BlackRock est positif : ces placements ont bien tenu face aux crises du Covid-19 et du pétrole. «L’annonce de janvier a marqué un moment de bascule, explique Tim Buckley, l’un des auteurs de l’étude de l’IEEFA, basé à Sydney. Depuis, nous avons enregistré 38 nouvelles annonces de désinvestissement du charbon par d’importantes institutions mondiales, soit deux fois plus qu’en 2019. La raison de ce changement pour BlackRock n’est pas une morale nouvellement trouvée, mais plutôt que la destruction de richesse dans les entreprises des énergies fossiles est profonde, et 2020 a été un désastre pour ceux qui n’ont pas désinvesti ces actifsBlackRock a même intégré les risques climatiques dans son très puissant algorithme Aladdin.

 

Devrait-on alors s’étonner de la possible volonté de BlackRock d’influer sur les nouvelles réglementations européennes sur la finance verte, comme le fameux rapport sur le secteur bancaire ? Une volonté qui s’est traduite dans les faits !

Le 15 mars, BlackRock a réussi à obtenir un rendez-vous avec le directeur général européen sur les services financiers, John Berrigan. Un des sujets de leur entrevue : la réglementation sur la finance durable. Le sujet est au cœur d’intenses discussions depuis plusieurs années pour la création d’une taxonomie européenne, un système qui permet de définir si des investissements peuvent être considérés comme «verts» ou non. BlackRock a notamment embauché et payé, en 2019, entre 300 000 et 399 000 euros, un des cabinets de lobbying les plus connus à Bruxelles, Fleishman-Hillard, pour défendre ses intérêts.

 

Autre inquiétude sur la réalité de son engagement environnemental, l’Américain s’est positionné ouvertement en faveur du gaz naturel comme énergie clé de la transition énergétique, un sujet polémique en ce moment à Bruxelles. Bien que cela reste une énergie fossile, qui participe donc au dérèglement climatique, Larry Fink a soutenu que «le gaz doit jouer un rôle très important dans la transition énergétique». Une position que ne contredira pas Jean-François Cirelli, PDG France de BlackRock. Il a lui-même été vice-président de l’association Eurogas, le principal groupe d’influence gazier européen.

Publié le 05/07/2020
Quand le plus petit des organismes vivants vole au secours du plus grand

Je ne connais presque rien de l’immense continent africain. Pourtant, lorsque l’on s’intéresse à la faune sauvage, on ne peut que rêver des extraordinaires réserves (initialement naturelles) qu’offrent le Kenya, la Tanzanie, le Mozambique, le Zimbabwe… Diversité des paysages et des écosystèmes ; prairies, savanes, déserts… avec son lot d’espèces animales endémiques.

Lorsque l’on poursuit plus vers le sud-ouest, depuis le Zimbabwe, en direction de la très étendue Namibie où vivent guépards, rhinocéros et girafes et dont le brûlant désert borde enfin les eaux de l’Atlantique, on pénètre nécessairement sur les terres du Botswana. Le désert du Kalahari et le delta de l’Okavango occupent l’essentiel de leur superficie, créant des conditions environnementales exceptionnelles : de l’extrême sécheresse jusqu’aux saisons d’inondations où la végétation prolifère et devient luxuriante. De quoi attirer une faune variée et nombreuse… et tous les amateurs de safari !

 

C’est ainsi que le Botswana est considéré (surtout par les chasseurs et les braconniers) comme le « Paradis des éléphants ». Il est vrai que le taux de reproduction de ces géants africains y est important. Mais peut-on vraiment parler de paradis lorsque ce pays ne considère les éléphants que selon deux angles : une menace pour les cultures locales, et une formidable opportunité pour attirer les riches chasseurs étrangers avides de nouveaux trophées ?

 

Durant ce printemps, au moins 275 cadavres d’éléphants ont été retrouvés sur le territoire national. Leur ivoire n’ayant pas été prélevé, il ne s’agissait ni de braconniers ni de chasseurs. Les premières analyses écartent, pour l’instant, la piste d’un virus ou d’une bactérie mortelle (la Covid 19 n’y est, cette fois, pour rien :). En revanche, celle du poison reste l’hypothèse la plus probable. Le geste de paysans désireux de préserver leurs cultures que les grands pachydermes n’ont toujours pas "appris à respecter". Durant l’automne dernier, l’alerte avait déjà été donnée : plus d’une centaine de cadavres d’éléphants avaient été retrouvés au Botswana et chez son voisin le Zimbabwe.

 

Ni le gouvernement du Botswana ni les grandes organisations africaines et internationales n’ont pour l’instant proposé ou, en tout cas, mis en place des mesures sérieuses visant à mieux gérer cette compétition territoriale entre les hommes et la faune locale. Quant aux mesures contre le braconnage, elles restent ridicules (les spécialistes prédisent ainsi la disparition du rhinocéros sauvage au Botswana dès... l'année prochaine !).

En revanche, le Botswana n’a pas hésité à accorder 272 nouveaux permis de chasse (à l’éléphant) pour la seule année 2020. A 35 000 euros le permis, c'est une manne non négligeable.

Pourtant, à ce jour, très peu de riches chasseurs américains, russes, chinois (sans oublier les célébrités belges ou espagnoles)… n’ont encore répondu à cette invitation. Pourquoi cela ? La peur du coronavirus !

CQFD.

 

Source : France Info. Jacques Deveaux de la Rédaction Afrique.

Publié le 05/07/2020
Municipales: une vague "verte" provoque l'étonnement (y compris, hélas, des journalistes)

Aujourd'hui, encore plus qu'hier, chauves-souris, pangolins... sont pointés du doigt avec la crise de la Covid 19. Leur très prochaine disparition, bien que totalement injuste, est traitée avec la plus grande indifférence.

Un meilleur contrôle des marchés chinois (pour combien de temps ?) présente au moins l'avantage de réduire  temporairement la consommation, alimentaire ou pseudo médicinale, de plusieurs espèces sauvages menacées, en particulier du pangolin. Un paradoxe de plus parmi les nombreux qu'aura soulevés la crise.

 

En France, dans le même temps, de nombreuses voix s'élèvent, s'interrogeant sur les raisons de la (modeste) marée verte résultant des élections municipales. Pourquoi un tel questionnement ? Ces personnes, et parmi eux, hélas, de nombreux journalistes, ont-elles déjà oublié qu'en 1992, 99 Prix Nobel (tout de même !) appuyés par 1 400 scientifiques de renom, interpellaient nos dirigeants pour qu'ils agissent sans tarder afin de protéger notre planète et ses différents écosystèmes ? Un quart de siècle plus tard (!), en novembre 2017, un deuxième appel est lancé pour le même motif, par une encore plus large communauté scientifique (plus de 15 000 signataires, du monde entier). Combien de gouvernants les ont-ils entendus et ont modifié leur politique environnementale en conséquence ?

Le 29 juillet de l'année dernière, notre consommation mondiale dépassait le volume annuel des ressources renouvelables de la planète. Douze mois de ressources consommés en seulement sept !  Quels que soient les "efforts" listés par nos gouvernants pour se justifier devant leur électorat de venir en aide à notre planète, les faits démontrent de façon brutale et sans appel, qu'ils ont été plus qu'incompétents : irresponsables.

Alors, pourquoi s'étonner qu'aujourd'hui, en 2020, et alors que la situation environnementale, sanitaire et économique empire, que 1% de la population mondiale continue de détenir plus de richesses que celles cumulées de 90% d'entre elle... de voir des électeurs témoigner de davantage de conscience et de désir d'une meilleure politique... environnementale, sanitaire et économique ? 

 

J'ai observé qu'à l'étonnement de ces commentateurs, s'est vite ajoutée une série d'avertissements adressés aux nouveaux élus verts :  << Si leurs municipalités s'enfoncent dans la crise économique, ce sera leur faute ! >> (ai-je entendu à plusieurs reprises).   << Attention, les Verts sont des partisans de la décroissance, ils vont nous entraîner droit dans le mur ! >> répètent ceux-là même qui, en prônant la croissance depuis des décennies, ont contribué à entraîner l'humanité et la planète là où elles en sont aujourd'hui. Autant de cris d'orfraies qui rappellent tellement les avertissements des bien-pensants, il n'y a pas si longtemps, quant à l'arrivée prévisible de chars soviétiques au coeur de Paris si l'on prêtait trop l'oreille à ceux qui s'émouvaient déjà des trop nombreuses injustices sociales.

 

Ô tempora, ô mores, s'indignait Cicéron. Les temps ont sans doute changé depuis l'aube de l'ère chrétienne. Ne pourrait-il enfin en être de même de nos moeurs ?

Publié le 01/07/2020
Mur d'images

Merci à Anne d'avoir réactualisé son "Mur d'images" à mon intention.

Le voici :

 

Publié le 19/06/2020
Le gouvernement australien sacrifie les sites sacrés aborigènes au profit de l'industrie minière

Concevoir de l'attachement pour un pays n'implique pas de se montrer aveugle sur certaines pratiques, au contraire.

De nombreux Australiens se sont émus d'apprendre, le mois dernier, la destruction à coups d'explosifs d'un très important site sacré qui avait été habité il y a plus de 46 000 ans par les Aborigènes. L'énorme groupe minier Rio Tinto n'a pas tenu compte des protestations des autochtones, jugeant prioritaire l'agrandissement de sa mine de fer.

On pouvait espérer qu'une telle destruction de sites préhistoriques sacrés, associés à la culture et au mode de vie des Aborigènes, serait l'un des derniers scandales de ce genre en Australie. Mais ce serait méconnaître et, en tout cas, sous-estimer le mépris que dirigeants d'Etat et d'entreprises vouent à ces populations.

Trois jours seulement après l'inacceptable destruction réalisée par Rio Tinto, autorisation a été donnée au gigantesque groupe minier BHP de  détruire 40 (!) sites culturels aborigènes, dans l'ouest australien.

L'industrie minière australienne, qui a réalisé près de 50 millions d'euros de CA en 2019, est certaine d'avoir encore de beaux jours devant elle.

Publié le 12/06/2020

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