Zut, de tristes nouvelles de Tasmanie.
Noël est l’occasion de multiplier les messages avec tous les amis (avec toute la prudence requise du fait de la covid, et donc surtout par téléphone, courriers, courriels…), y compris ceux qui vivent à l’autre bout de la planète.
C’est ainsi que je viens d’apprendre que la Tasmanie que j’aime tant, épargnée par l’épidémie jusque récemment (0 cas avant le 15 décembre) est à son tour impactée ! Le gouvernement a décidé, malgré la situation internationale, de rouvrir les portes de l’État à toutes les autres régions du pays. Résultat : 15 jours après, plus de 100 cas sont déjà enregistrés !
Bien sûr, nous sommes encore très très loin des >100 000 cas par jour de la France, et c’est tant mieux. Mais cela a entraîné le port du masque obligatoire, les gestes barrière et toutes les angoisses qui vont de pair, que nous connaissons bien, pour une population qui avait la chance de pouvoir être tranquille et qui risque, à son tour, de connaître un « avant » et un « après » covid. Les prochaines élections seront chaudes aussi en Tasmanie ! Publié le 26/12/2021
Une nouvelle enquête (australienne) d'Archibald Anderson
Je suis heureux de vous annoncer la parution très prochaine de :
<< COUNTRY >> Terre australienne
…une nouvelle enquête d’Archibald Anderson, qui fait suite au Chant des galahs, paru en 2020 et réédité en Poche en 2021.
Voici le pitch éditeur de ce nouveau récit ainsi que la couverture retenue :
<< Après le succès du Chant des galahs, (finaliste de trois Prix, Coup de cœur France Inter), Country est le second opus « australien » de Pascal Vatinel, et son onzième roman. On y retrouve Archibald Anderson, jeune officier-détective de la brigade des personnes disparues de Perth (Australie Occidentale). Vu la tournure dramatique prise par sa toute première enquête dans la région sauvage des Goldfields, son supérieur, le Superintendant Higgins, préfère ne pas renvoyer trop tôt sa jeune recrue dans ce secteur. Mais ni Higgins ni Archie ne pouvaient se douter qu’une banale recherche de mari disparu dans les Collines, banlieue élégante de Perth, remettrait en cause cette sage décision. Archie y fait la connaissance de Mary Potter, l’épouse du disparu. Une fervente protectrice d’un couple de quendas, petits marsupiaux dont l’espèce est menacée et qui, selon le détective, ressemblent surtout à des gros rats. Archie résout son enquête avec brio. Il se retrouve toutefois avec le couple de quendas sur les bras. Il choisit de les confier à Tasha, la charmante directrice d’un hôpital vétérinaire proche. Celle-ci accepte d’en assurer la garde, mais, en échange, sollicite à son tour l’aide du détective. Elle lui demande d’enquêter sur le meurtre récent d’une de ses amies, vétérinaire elle aussi, et de son jeune guide aborigène, retrouvés sauvagement assassinés près de Menzies, au nord de la région des Goldfields. Deux autres personnes sont signalées disparues par la police locale. Quant au jeune guide aborigène assassiné, Archie apprend qu’il s’agit d’un cousin de Donald, le pisteur tjuntjuntjara au talent quasi-surnaturel à qui il a déjà eu affaire, un an plus tôt. Donald a annoncé sa venue à Menzies, résolu à déterminer les circonstances de la mort de son cousin. Autant d’éléments qui décident Archie Anderson à prendre le chemin des Goldfields, au risque d’y revivre ses insupportables cauchemars. Archibald sait pouvoir compter sur le sergent-chef Jim MacBoyd, en charge de la police de tout le secteur et avec lequel il s’était lié d’amitié. D’autres lui apporteront son aide à Menzies. À commencer par un ancien collègue, Gary Paterson, désormais à la retraite avec son adorable femme Elizabeth. Paterson connaît intimement la ville et son histoire, et n’est que trop content de reprendre du service auprès du jeune officier. Donald sera bien sûr un allié précieux, lui-même aidé par la communauté tjuntjuntjara et en particulier l’un de ses aînés, Clifton Jacko, un « initié » que tous respectent. Higgins n’accorde toutefois que sept jours à Anderson pour mener son enquête ; pas un de plus. C’est peu lorsqu’il s’agit de retrouver deux suspects en fuite et élucider, entre autres énigmes : l’origine du mal inexplicable qui frappe les moutons d’une grosse ferme locale ; la raison pour laquelle Ava Maguire, l’amie de Tasha a été assassinée au moment précis où elle pensait éclaircir ce mystère ; les véritables desseins de ce riche homme d’affaires britannique venu récemment s’installer dans la région, et ce qui relie celui-ci à Jimmy Tucker, un Aborigène assassiné en 1895 ; l’étrange malédiction qui pèse sur la terre cédée par la ville à l’Anglais ; et, bien sûr, les raisons qui ont poussé un individu à massacrer avec sauvagerie Sam Collard, ce jeune Tjuntjuntjara plus attiré par les promesses de la riche société blanche que par les traditions de son peuple, et dont « l’affection » pour Ava Maguire était connue de tous. Pour Archie Anderson, le programme ne saurait être plus engageant : survivre sept jours au cœur d’une région peuplée de dromadaires sauvages, de lézards géants, de fourmis et d’araignées au venin mortel, ainsi que de villes fantômes qu’enveloppe une chaleur étouffante… loin, très loin des belles et confortables Collines où toute cette affaire a commencé. Sept jours, pas un de plus ! >>
L’ouvrage est d’ores et déjà disponible en version numérique (Amazon et plateformes partenaires) au prix de 3.99€ et en version imprimable à la commande à 13.99€.
Joyeuses fêtes de Noël à tous ! Publié le 18/12/2021
Au loin, une montagne...
Au cœur de l’Institut Confucius de Rennes la 1ère édition du Salon du livre Franco-Chinois a été une réussite ! Bravo à Blaise Thierrée (dir. de l’Institut) et son équipe pour leur chaleureux accueil et une organisation favorisant de belles rencontres.
J’ai été heureux d’y retrouver mon « vieux » collègue (il est plus jeune que moi) Michel Imbert, auteur lui aussi de polars chinois, et de faire la connaissance, entre autres, de Geneviève Clastres, une journaliste engagée pour l’environnement et le tourisme durable (voyageons-autrement.com), Bernard Allanic, Maître de conférences à Rennes en langue et écriture chinoise et avec lequel j’ai eu des échanges passionnants, sans oublier une pléiade d’auteurs et illustrateurs chinois tous très sympathiques. J’ai en particulier apprécié la présence du grand dessinateur Nie Chongrui et de son épouse Nathalie, dont la gentillesse m’a beaucoup touché. J’ai eu la chance de recevoir des mains de Nie son splendide ouvrage dessiné, autobiographique : « Au loin, une montagne… », qu’il m’a dédicacé. Je viens d’en terminer la lecture, ô combien émouvante, qui nous offre un témoignage sincère et poignant de la jeunesse de Nie, dans les années 1960, dans une Chine où la Révolution culturelle bat son plein. Chaque image de ce livre est une œuvre d’art, et le propos un récit d’humanité.
À lire et à relire : Au loin, une montagne… Nie Chongrui Éditions Steinkis Publié le 11/12/2021
Chère Nouvelle-Zélande...
Parmi les très rares pays sur cette planète où la nature est encore un peu préservée et où, par conséquent, l’air, l’eau, la terre sont les plus purs au monde, figurent la Tasmanie (je peux en témoigner) et… la Nouvelle-Zélande !
La nouvelle loi que cette île du bout du monde envisage de voter pourrait bien contribuer à préserver cette extraordinaire pureté pour les décennies à venir, même si elle peut paraître anodine pour ses aspects écologiques et davantage concerner le secteur de la santé. Elle concerne l’interdiction progressive de fumer, et ce d’une façon totalement originale et particulièrement intelligente.
Là-bas, la promotion du tabac est déjà interdite dans les milieux sportifs, et fumer est prohibé dans les bars ainsi qu’à tous les mineurs (-18 ans). Malgré cela, cette mauvaise habitude reste à l’origine de 25% des cancers sur l’île, et contribue en bonne place à la mortalité globale. Conscient des arguments présentés par les fumeurs adultes : « atteinte aux libertés individuelles », « difficultés (réelles) de rompre avec une addiction », mais aussi des efforts constants et sans cesse innovants de l’industrie du tabac pour augmenter le nombre de ses consommateurs, le projet envisagé par la N Z pourrait intéresser nombre de pays incapables de trouver une approche efficace pour lutter contre ce fléau sans heurter les « sensibilités électorales » et tenant compte de la réalité des addictions liées au tabac fumé.
L’idée est qu’à compter de 2027, la limite d’âge pour l’interdiction d’acheter du tabac augmente d’un an chaque année ! C’est tout simple, discret, et pourtant redoutablement efficace ! Ainsi, ceux qui auront + de 18 ans à cette date, pourront continuer de fumer et ne seront pas impactés par cette loi. En revanche, les mineurs qui ne pouvaient en acheter, ne le pourront pas non plus à leur 19ème anniversaire, ni à leur 20ème, 21ème, etc. La limite de l’interdiction « vieillissant » en même temps qu’eux. Une façon de ne jamais les inciter à entrer dans cette dépendance. Les ventes de tabac, elles, chuteront d’année en année, en même temps que la frange de consommateurs autorisés diminuera, progressivement, mais sûrement !
Cette idée remarquable contribuera, comme je le disais en introduction, aux objectifs de bien-être sanitaire pour la population, mais également à une encore moindre pollution de l’environnement. Car, rappelons-le, fumer ne rend pas seulement l’air irrespirable (pour les autres), mais génère une importante pollution des sols et des eaux du fait des nombreuses substances toxiques que contiennent les mégots, jetés en général n’importe où (toujours au nom du principe des « libertés individuelles »). Cette conséquence positive peut paraître négligeable à l’échelle de la N Z, qui ne compte que 5,1 millions d’habitants dont environ 600 000 fumeurs. Mais dans le cas de villes comme Paris, les proportions deviennent tout autres. Dix millions de mégots sont jetés chaque jour dans les rues de la capitale ! Représentant 350 tonnes de déchets toxiques chaque année. Une sacrée épine dans le pied des trésoriers de la collectivité, comme dans celui des professionnels de santé et des écologistes.
Il est en tout cas intéressant d’observer qu’un « tout petit » pays comme la Nouvelle Zélande réfléchisse à des solutions innovantes que de « grands » pays comme la France, pourtant beaucoup plus concernés, n’envisagent même pas. Publié le 10/12/2021
Vous avez dit... éthique ?
Alors que dans toute l’histoire de l’humanité, la diffusion d’informations n’a jamais été aussi conséquente qu’au cours de ces dernières décennies – certains n’hésitent pas à la comparer à une véritable « bombe », tant le volume de données mises à disposition a explosé – force est d’observer que la pratique du mensonge et de la dissimulation en semble d’autant renforcée. Est-ce si paradoxal ?
Il apparaît, dans le cadre de cette observation, que l'intégralité des composants sociétaux soient impactés. La manifestation de ce phénomène se traduit en effet : - au plan des individus, avec : le harcèlement contre les personnes (sous toutes ses formes), ou les multiples techniques de détournements, malversations, piratages… qui se développent. - au plan des organisations financières (entreprises…) ou politiques (partis…) : par les tentatives d’extorsion de fonds à petite ou grande échelle (et d’enrichissement personnel), de manipulations de masse par la propagande ou la communication institutionnelle (type Greenwashing), etc. Et c’est précisément parce que toutes les strates de la société, tous les groupes sociaux sont concernés, devenant eux-mêmes tour à tour manipulateurs ou victimes, qu’il ne peut être ici question de « théorie du complot ».
Trois explications se présentent d’emblée à nous (d’autres peuvent les compléter) :
- la multiplication des supports de diffusion qu’offrent les nouvelles technologies. À commencer par les fameux « Réseaux sociaux », leur rapidité sans cesse croissante, et leur accès facilité pour toute la population (à l’exception des « aînés », jugés réfractaires aux IT et à leurs applications, et qui, de toute façon, ont appris avec le temps qu’il était souvent préférable de se taire et aussi de ne rien voir ni entendre :)
- le partage quasi instantané de ces informations, quels que soient les faits concernés et les lieux où ils se déroulent. Une course de vitesse qui n’autorise plus la réflexion, la prise de recul, la « digestion » et l’analyse des données, avant de les répercuter. Circonstance très aggravante, puisque la plupart du temps on ne sait même pas quelle part des prédicats énoncés relève d’une factualité avérée.
- le volume colossal de données auquel chacun de nous peut ainsi avoir accès, qui, à son tour, rend difficile, sinon impossible, le moyen de séparer le bon grain de l’ivraie (fait ou fake ; sources rarement citées ; données vérifiées ou pas ; officielles ou officieuses, etc.) et, surtout, finit par nous noyer et nous contraint à une organisation et une rigueur sans failles pour ne pas être étouffés par ces innombrables informations, pris dans les pièges manipulatoires, piratés, et/ou atteints dans notre santé mentale (névroses, angoisses, addictions, et en particulier le cas des publics fragiles face à des thèmes omniprésents : violence, appels à la haine, pornographie, consommation, « influence », etc).
Autant d’éléments qui posent la question des limites de l’esprit humain, ses capacités d’absorption des données et de leur analyse, sa résistance aux stimuli et stress générés, sa facilité à faire la part du réel et du virtuel. De nombreux spécialistes tirent le signal d’alarme depuis déjà plusieurs années, tandis que d’autres plaident pour un cerveau aux ressources infinies et le fait que si la Nature n’a pas « suffisamment bien fait les choses », les nouvelles technologies (y compris les implants neuronaux que défendent de grands financiers comme Musk ou Gates) sont là pour y pourvoir.
Deux positions radicalement opposées, face auxquelles nous devrions au moins garder à l’esprit que « se forger un avis » est un acte d’une nature très différente et beaucoup plus complexe que de simplement « avoir un avis ». Et pour ceux qui restent circonspects sur la relation que l’humain entretient avec la science et, surtout de l’usage qu’il en fait, je repense à cette petite phrase d’Ignace de Loyola : "Ce n'est pas l'abondance de la science qui rassasie l'âme et la satisfait : c'est le sentiment et le goût intérieur des vérités qu'elle médite".
Mais la raison pour laquelle je m’interroge encore aujourd’hui à ce sujet, c’est précisément à cause d’une information récente concernant nos amis anglais et de leur passion pour les affaires liées à la Couronne. De l’information « people » comme on l’aime, et pas seulement outre-manche.
La concurrence, devenue semble-t-il rivalité, entre les deux couples formés par William et Kate d’un côté, et Harry et Meghan de l’autre, continue de faire les choux gras des medias britanniques. Et, l’écologie étant « à la mode », surtout en ces temps post Cop 26 de Glasgow (que toute le monde s’empressera pourtant d’oublier) on nous apprend que la prestation de William lors de la remise annuelle du fameux Earthshot Prize (dont David Attenborough est, entre autres, à l’origine, et qui est remis chaque année à cinq particuliers, organisations ou pays ayant témoigné des meilleures initiatives environnementales) a été remarquée et appréciée. Qu’à cela ne tienne, Harry et Meghan, dont le mode de vie atteste d’une grande conscience écologique (déplacements en convois de lourds SUV ou en jets privés…) ont aussitôt orchestré une campagne médiatique, outre-Atlantique, informant de leur choix de placer une partie de leurs ressources financières dans un Fonds d’investissement, tout dédié au bien-être de la planète, et portant le beau nom… d’ Ethic.
Manque de chance pour les deux exilés, le Fonds en question, à l’instar de nombreux autres ou de célèbres Fondations, est passé maître dans les techniques de Greenwashing (Cf. billet du 18/08 consacré à ce sujet, dans cette même rubrique) et propose, à côté de quelques investissements dits « verts », un large choix qui s’étend de l’industrie du pétrole et de l’automobile jusqu’au secteur militaire (missiles) en passant par des sociétés réputées pour leur sens profond de… l’éthique, telles que celles appartenant au magnat Ruppert Murdoch.
Une boulette… royale ! Presque inimaginable lorsque l’on pense aux moyens d’informations dont dispose le couple Sussex et aux équipes qui le chaperonnent. Mais qui témoigne surtout comme il est difficile aujourd’hui de séparer le bon grain de l’ivraie et de ne pas être piégés, eux comme nous, par les informations tronquées ou fausses dont nous pouvons être victimes, quels que soient notre âge et notre statut social.
Plus sérieusement, et sans cette fois vouloir réfuter l’intérêt du développement technologique mais simplement de l’usage qui en est parfois fait, on découvre comme les plus acharnés à nous promettre un monde meilleur à coups de 5G, de 8K, de développement satellitaire et, tout récemment, de réseaux de type Metavers (Facebook), se gardent bien de ne jamais évoquer la colossale pollution que l’emploi de leurs technologies engendre.
Pour s’en convaincre, il suffit de lire le remarquable ouvrage de Guillaume Pitron sur l’Enfer Numérique (titre du livre). Son enquête sur le sujet, très approfondie et fort documentée, démontre qu’au-delà du monde mi réel, mi virtuel, que nous promettent les GAFAM, de concert avec les sociétés et organisations pilotées par ces hommes de grand pouvoir que sont devenus des milliardaires comme Musk, Bezos ou Gates, il existe un « inframonde » aux dimensions gigantesques, fait d’acier et de béton, constitué d’immenses datacenters, d’usines de productions d’énergie ; une infrastructure entièrement dédiée à toujours stocker davantage de données, à les analyser plus vite, les transmettre plus vite, consommant tellement d’énergie qu’il lui en faut encore plus pour « refroidir » ses unités, comme dans un cycle sans fin. Et tout cela, bien souvent, pour envoyer un simple « Like » ! L’impact sur la planète est considérable. G Pitron l’affirme : « La pollution digitale met la transition écologique en péril et sera l’un des grands défis des trente prochaines années. »
Mais cette information n’apparaîtra jamais sur la notice du smartphone que l’on aime changer chaque année (après que l’on nous ait cette fois expliqué à quel point le précédent était devenu obsolète) ni du téléviseur géant que l’on ne changera lui « que » tous les deux ans. Les sociétés du secteur IT continuent au contraire d’investir lourdement dans une communication institutionnelle qui promeut le « vert » et le respect de la planète, réussissant ainsi à échapper au débat public en tronquant la réalité. Se pourrait-il qu’elles jugent les consommateurs, leurs clients, incapables de séparer le bon grain de l’ivraie ?
De toute façon, dans le cas où l’alerte lancée par Guillaume Pitron et d’autres devait se confirmer en tous points, aucun souci : il y a un plan B ! Bezos et Musk y travaillent : ce ne sont pas les planètes qui manquent au sein de l’univers !
À lire et à relire : L’enfer du Numérique Guillaume Pitron Éditions LLL Exercices spirituels Ignace de Loyola (1548) desclée de brouwer éd. Publié le 25/11/2021
Salon du livre chinois à Rennes
Pour information, je serai présent pour des dédicaces au Salon du Livre chinois organisé par l'Institut Confucius de Rennes. Celui-ci se tiendra le samedi 4 décembre, de 14h à 19h à l'Institut Confucius, 17 rue de Brest, à Rennes. Plusieurs auteurs seront présents, notamment Chen Jiang Hong, Nie Chongrui, Wang Yi, Bernard Allanic, Geneviève Clastres, Michel Imbert, Men Xiaoyan... De belles rencontres en perspective Publié le 22/11/2021
Hécatombe chez les sinologues
J’ai eu à cœur, dans une récente rubrique, de rendre hommage au grand sinologue Léon Vandermeersch, décédé le 17 octobre dernier à l’âge de 93 ans, après une carrière de chercheur et d’enseignant très impressionnante, et sans que les medias accordent à son départ le moindre article.
Le 3 novembre dernier, c’est au tour de Jacques Pimpaneau de nous quitter, à l’âge de 87 ans. Il était lui aussi connu pour son amour de la Chine, traditionnelle et moderne, et en particulier pour la relation particulière qu’il entretenait avec celle-ci à travers l’art (il avait été secrétaire de Dubuffet dans une précédente vie). Il a enseigné la langue et la littérature chinoises à l’Inalco pendant plus de 30 ans. Après les disparitions de Simon Leys (2014) et du merveilleux Claude Larre (2001), ce début de siècle constitue une hécatombe parmi les grands sinologues modernes. Ils ont heureusement tous eu une écriture généreuse, et leur envie de partager cet amour commun pour la Chine est aujourd’hui encore accessible à travers les nombreux ouvrages qui leur survivent.
A lire et à relire : Chine : mythes et dieux de la religion populaire J. Pimpaneau (dernier ouvrage paru) Picquier Publié le 07/11/2021
Elon Musk : visionnaire ou illusionniste ?
En seulement quelques décennies, la multiplication des sources et des moyens de diffusion de l’information témoignent de l’évolution des valeurs qui caractérisent notre citoyenneté, notre sens du « vivre ensemble ». Fraternité, égalité, compassion, respect de son prochain, partage, transmission… Parmi ces valeurs sociétales, une seule prédomine largement : liberté. Le plus souvent, hélas, au détriment de toutes les autres, car plus volontiers interprétée et défendue à un niveau individuel que collectif. Ce phénomène, que le dernier tiers du précédent siècle met en évidence, s’est sérieusement accru depuis. Dès lors, tant pis pour l’égalité ou la fraternité. Et si, au 21ème siècle, on doit toujours déplorer la différence de rémunération entre femmes et hommes, que dire de celle concernant les revenus et la qualité de vie entre les plus riches et les plus pauvres ? Certes, il n’est pas « politiquement correct » de s’interroger à ce sujet, sans être aussitôt catalogué comme « dangereux communiste ». Mais faut-il nécessairement adhérer aux épouvantables fantasmes staliniens pour être profondément révolté par le peu de partage des richesses ? Les écarts de salaire de 1 à 500 ; les revenus colossaux de personnalités publiques, de certains sportifs ; les véhicules à 500 000, voire 1million d’€ et +, que des individus collectionnent et laissent dormir dans leur garage, comme autrefois les gamins collectionnaient leurs voitures miniatures sur des étagères ; alors que partout sur la planète des enfants doivent parcourir des dizaines de km à pied et affronter tous les dangers pour simplement se rendre à l’école, ou meurent de faim, de soif, de manque de soins, quand ils ne sont pas exploités par des employeurs sans vergogne… Au total, ce sont plus de deux milliards d’habitants qui sont privés d’un bien indispensable tel que le logement, l’eau, la nourriture, les soins ou encore l’accès à l’éducation. Dans le même temps, une poignée d’individus continue sa course à l’enrichissement personnel sans le moindre regard pour ces malheureux (sauf pour des nécessités fiscales ou de communication institutionnelle).
Alors, que penser de ceux qui réclament davantage de justice sociale et appellent à un autre modèle de société ? Peut-on mépriser à ce point David Beasley, Directeur du Programme alimentaire des Nations Unies (PAM), lorsqu’il suggère aux deux hommes les plus riches de la planète de céder 2% de leur immense fortune au profit d’un plan de lutte contre la faim dans le monde, ce qui permettrait de sauver 42 millions de personnes d’une mort atroce ? Il faut croire que oui, lorsque l’on lit la réponse que lui fait Elon Musk (l’un des deux milliardaires interpellés, l’autre étant Jeff Bezos).
L’Américain se dit prêt à donner 6 milliards (2% des 314 qui constituent sa fortune)… à condition qu’on lui prouve noir sur blanc que cela permettra réellement de sauver les personnes en question ! Remise en cause du bon usage de l’argent donné ? de la transparence comptable ? de l’intérêt de sauver 42 millions de personnes, vu que la faim dans le monde ne sera pas pour autant définitivement éradiquée ? Que veut au juste démontrer le milliardaire ? Car il a forcément de bonnes raisons « d’ergoter » pour ne pas "perdre" (gâcher ?) 6 milliards de $, lui qui, il y a une semaine, en une seule journée, a augmenté sa fortune de 36,2 milliards ! Quand on est un « vrai » « homme » « d’affaires », on sait mettre de côté sa sensibilité et faire au contraire fonctionner ses cellules grises.
D’évidence, la compassion n’est plus une valeur qui a la cote. On lui préférera l’action. Même si, et des femmes aussi merveilleuses que Mère Térésa l’ont démontré : les deux ne sont pas incompatibles, au contraire ! Mais oublions, nous aussi, nos 42 millions de condamnés à la famine, oublions St Exupéry et ses élucubrations du genre : « L’intelligence ne vaut qu’au service de l’amour. ». Et tentons plutôt de nous mettre dans la tête d’un Elon Musk pour comprendre ses raisons.
Elon Musk est admiré et respecté pour sa formidable carrière d’homme d’affaires, sa réussite « à l’américaine ». Et lui, l’homme tourné vers l’espace, aurait pu en fin de compte emprunter à St Exupéry son idée que : « Être homme, c'est précisément être responsable. C'est sentir, en posant sa pierre, que l'on contribue à bâtir le monde ». Une idée que notre natif d’Afrique du Sud aura mis en œuvre à sa façon, et avec la réussite capitalistique que l’on sait. Car Musk est bien plus qu’un bâtisseur. Il se pose surtout en visionnaire ! Ses projets de voitures électriques (Tesla), devenues des ordinateurs à roulettes ; d’implants cérébraux d'interfaces neuronales directes sur des humains (Neuralink) ; de voyages dans l’espace (SpaceX) et la recherche de planètes à terraformer (*)… passionnent le monde entier et ne font que renforcer son image très populaire. (*) recréer sur une planète les conditions nécessaires à la vie humaine, aussi proches que possible de celles de la Terre.
En aucun cas, Musk ne peut être jugé égoïste ; lui qui consacre son temps et sa fortune à nous promettre un monde meilleur, peut-être même, précisément, la survie de notre espèce lorsque notre bonne vieille Terre aura été vidée de toutes ses ressources. Et le directeur du Programme alimentaire peut bien aller se rhabiller avec ses 42 malheureux millions de personnes à sauver. Il « joue petit » ! Musk lui, entend en sauver bientôt 10 milliards !
Mais reconnaissons à notre brave humaniste, Mr David Beasley, d’avoir, par son interpellation, soulevé une intéressante question sur l’ici et maintenant, la réalité de notre monde, ses inégalités et les moyens somme toute simples d’y remédier… face au futur, au virtuel et les promesses « merveilleuses » d’un monde imaginaire conçu par des génies auto-proclamés ou autodidactes, comme des Musk ou des Bezos. Car, est-ce un hasard, et sinon cela porterait un rude coup à l’idée qu’ils se font d’être des génies, Bezos lui aussi consacre une importante part de sa fortune aux voyages dans l’espace et aux promesses d’une société futuriste toute de technologies et de virtuel. Suivi de près par des Bill Gates et autres Mark Zuckerberg (qui vient de transformer son Facebook en Meta afin de promouvoir son projet de Metaverse, réseau totalement virtuel dans lequel nous devrons apprendre le « vivre ensemble » par le seul intermédiaire d’avatars sortis de notre imagination). Toutes ces grandes fortunes semblent donc fonctionner selon un schéma similaire. Quand elles ne se désintéressent pas totalement des autres, elles se passionnent pour des projets futuristes, dignes des meilleurs ouvrages de science-fiction, et grâce auxquels il leur est facile de convaincre des millions de crédules (nouveaux "croyants" ?) que tout l’argent qu’ils leur prennent (car, pour s’enrichir, il faut forcément prendre l’argent quelque part) et toute l’aide qu’ils ne leur donnent pas « ici et maintenant », c’est afin de leur préparer un monde « meilleur », sinon pour eux, pour les futures générations. Promises, promises... (Promesses, promesses...)
Il est inutile de lancer ici le débat sur : « L’évolution du bonheur des populations en rapport avec celle du progrès technologique ». De nombreuses études sortent à ce sujet, chacun peut en prendre connaissance. Mais j’observe que si, comme le disait si bien Voltaire : « La politique est le moyen pour des hommes sans principes de diriger des hommes sans mémoire », il se pourrait bien que : l’illusion soit le moyen pour des hommes sans plus de principes de diriger des hommes sans vision.
La réponse profondément cynique de Musk à la suggestion de partage exprimée par David Beasley, des Nations « Unies », est la criante démonstration qu’un St Exupéry, avec son « On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux », n’aura aucune place dans le monde "aveuglant" que nous promettent ces milliardaires.
Elle nous prouve aussi, en ces temps de « Cob 26 », que le plus difficile reste à faire : convaincre ceux qui ont les moyens d’agir qu’il est encore temps de sauver notre planète, plutôt que de continuer à la ponctionner et investir en des espaces hypothétiques sur lesquels l’herbe serait plus verte !
À lire et à relire : L'État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde ONU – OMS – UNICEF Éd. 2021 Elon Musk: Tesla, Paypal, SpaceX : l'entrepreneur qui va changer le monde Ashley Vance Eyrolles Terre des Hommes Saint Exupery Gallimard, collection Folio Le Petit Prince Saint Exupery Gallimard, collection Folio Dans le silence du cœur (Méditations de Mère Teresa rassemblées par Kathryn Spink) Éditions du Cerf Publié le 05/11/2021
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