Les surprises de Noël du… dérèglement climatique
Vous l’aurez noté, plusieurs départements de l’hexagone vivent un début d’hiver placé sous le signe d’une extrême douceur (en moyenne : 15 degrés au-dessus des fameuses « normales saisonnières »).
Ah, comme il semble loin le temps où les rues de la capitale étaient couvertes de neige et de verglas, offrant le spectacle d’auto tamponneuses et de piétons pratiquant la luge sur leurs fesses, bien malgré eux. Les guirlandes de Noël, les arbres, la tour Eiffel se couvraient alors d’une cape de givre du plus bel effet sous les rayons du soleil. Mais, comme le chantait Aznavour, « je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître ». Cela fait en tout cas quelques années que doudounes et snow-boots végètent dans la naphtaline, au fond des placards.
Pour autant, la France est loin d’être le seul pays concerné par les dérèglements du climat !
Ainsi la Floride, au sud des États-Unis, région particulièrement clémente question météo, où la température attendue pour ce Noël avoisinera… 0° ! Ses habitants peuvent-ils dès lors espérer recevoir du ciel ce qui nous manque tant pour construire nos bonhommes de neige : de belles chutes de flocons blancs ? Pas exactement.
Selon un récent bulletin du très sérieux Bureau National de la météo de Miami : « Des températures très froides sont attendues pour Noël, entre 0 et 4°C, avec de possibles chutes d'iguanes. Faites attention et restez au chaud ! »
Oui, vous avez bien lu : des chutes d’iguanes ! Ce saurien, qui vit aussi dans les arbres, est un animal à sang froid. Aussi, quand les températures chutent, il se « congèle » peu à peu et finit lui aussi par… chuter ! (Ils se rétablissent dès que la chaleur revient). La Floride avait ainsi déjà connu des « pluies » d’iguanes en 2018, année où les températures avaient également beaucoup chuté.
Plus que jamais, et surtout en Floride, il est donc recommandé de « sortir couvert ».
Publié le 23/12/2020
Inviter Marco Polo à partager notre Noël ?
Noël est une période que la tradition voudrait joyeuse, un temps de bonheur partagé par tous.
Je n’en ai jamais très bien compris la raison, gardant au fond de moi une certaine méfiance pour ces bonheurs à date fixe, un calendrier curieux aux motivations mystérieuses, qui semble ainsi condamner les autres jours de l’année à davantage de morosité. Mais, toujours au fond de moi, subsiste une étincelle, une lueur d’espoir. Celle de ressentir enfin, véritablement, la « magie » de Noël.
Si, faute d’une foi personnelle, ce jour (ou cette nuit) n’est pas vécue comme un temps de célébration (comme le voudrait la tradition chrétienne), qu’elle le soit comme un rituel, sans doute archaïque, propre à réactiver une flamme, un feu au cœur de l’hiver. Une incarnation du jeu subtil de l’ombre et de la lumière au sein de la création. L’idée qu’au moment le plus sombre subsiste une infinitésimale lueur dont la puissance reste infinie.
Alors oui, cette pensée suffit à égayer Noël, que l’on soit riche ou pauvre, jeune ou vieux, croyant ou athée. Oui, elle est facile à partager. Oui, elle est magique, car le bonheur qu’elle nous procure est proportionnel au malheur que nous traversons.
J’ai, avec mon épouse, assisté il y a longtemps, au lever du soleil, depuis le sommet de la montagne sacrée du Taïshan, en Chine, dans la belle province du Shandong. Cela a été une des émotions les plus intenses de notre vie. Il était cinq heures du matin, nous étions gelés, perchés sur notre rocher, fatigués après une journée d’ascension (plus de 6 600 marches hautes de 50 centimètres) et une courte nuit sur une couchette en bois. En apparaissant sur la ligne d’horizon, les premières lueurs du soleil ont réchauffé notre cœur en même temps qu’elles réchauffaient l’azur et le paysage qui s’étendait à l’infini devant nous. Ce soleil portait avec lui ni plus ni moins que la vie ! Il nous reconnectait à une émotion archaïque, ressentie par nos lointains ancêtres à la découverte… du feu.
Je dois sans doute aussi au grand Marco Polo de penser Noël de cette façon. En découvrant son Livre des Merveilles, également intitulé Le Devisement du monde, je suis resté béant d’admiration devant les incroyables aventures vécues par ce jeune homme parti de Venise à l’âge de 17 ans et qui n’y est rentré que 24 années plus tard, après avoir parcouru le monde : St Jean d’Acre, l’Arménie, la Perse, l’Asie centrale, les confins de l’Himalaya, la Mongolie, la Chine, la Birmanie, le Vietnam, la Malaisie, le Sri Lanka et tant d’autres régions encore. Les témoignages, les anecdotes, les descriptions minutieuses qui composent cet incomparable et ô combien précieux carnet de voyage marquent nécessairement la mémoire de ceux qui prennent le temps et le plaisir de le lire.
J'ai conservé dans la mienne un passage en particulier, celui de sa découverte de la Perse. Après avoir traversé des régions d’obédience chrétienne et/ou musulmane, Marco Polo pénètre sur les terres des « Adorateurs du Feu », non loin de Kashan et de Qom. Là, lui est narrée l’histoire des « Trois Rois-Mages ». Marco Polo décrit leurs tombeaux, dans la ville de Sara, d’où ils sont partis pour offrir leurs présents au nouveau prophète qui venait de naître. L’un portait l’or, au cas où l’enfant aurait été roi, le deuxième la myrrhe, s’il était médecin, le dernier l’encens s’il était un dieu. Après l’avoir vu, ils lui ont donné les trois ! En échange, ils ont reçu une boîte contenant le feu céleste. Ils placèrent le feu dans un temple, pour le vénérer comme un dieu. Les autres cités de la région suivirent leur exemple. Ainsi, si le feu venait à s’éteindre en un endroit, il suffisait aux habitants d’aller dans une autre ville, d’y recevoir un peu de feu et de le rapporter en leur propre temple. Ces adorateurs du feu étaient… les Zoroastriens. La religion musulmane s’est par la suite imposée dans la région, apportant avec elle d’autres rituels. Mais cette magnifique symbolique du partage évoquée dans l’histoire des Rois mages est toujours restée associée à Noël.
Alors, si d’aventure vous étiez en manque d’idées pour porter votre présent à l’occasion de ce Noël, pensez à Marco Polo et à son extraordinaire Livre des Merveilles.
Publié le 22/12/2020
Traités commerciaux Chine-Occident : complément d’information
Une nouvelle intéressante est tombée la semaine passée, pour compléter ma récente chronique (17/12 : De Roosevelt à Trump… de Mao à Xi Jinping) sur les graves conséquences économiques pour l’Amérique qu’ont les décisions de D. Trump à propos du Traité transatlantique (TPP).
En effet, comme je l’indiquais, le brutal désengagement de Trump, favorisant l’éclosion du partenariat (RCEP) dans la zone ASEAN (étendue) et, de ce fait les avancées économiques de la Chine, n’impactait pas seulement les USA, mais la majorité des pays occidentaux, à commencer par l’Europe. Or, celle-ci semble vouloir malgré tout tirer son épingle du jeu en signant un accord directement avec la Chine.
Il lui a fallu pour cela beaucoup de persévérance, puisque les négociations ont commencé fin 2013 et ce n’est que cette semaine qu’elles ont une réelle chance d’aboutir. Elles ont, selon certaines sources, déjà obtenu l’aval de l’Allemagne et de la France. Il faut maintenant que les 27 pays membres et la Chine aient apposé leur signature, ce qui reste possible avant la fin 2020.
Ce n’étaient pourtant pas des tractations « faciles ». L’Europe hésite toujours à « négocier » avec un pays auquel elle demande en vain de se conformer à son point de vue sur des sujets plus humanitaires qu’économiques : Hong Kong, le Tibet ; le Xinjiang et, d’une manière générale ses idées sur les Droits de l’Homme. En outre, son attente, cette fois sur le plan économique, se montre ambitieuse. Il s’agit là aussi d’obtenir gain de cause à une demande récurrente, mais vaine, depuis plusieurs années : protéger les investissements des sociétés européennes en Chine et qu’elles bénéficient d’un traitement identique à celui dont bénéficient les entreprises chinoises sur le sol européen. Sont notamment en jeu la fin des subventions chinoises à leurs entreprises, celle des transferts technologiques auxquels sont soumises les sociétés étrangères en Chine, ainsi que le respect de la propriété intellectuelle.
La contrepartie offerte à la Chine paraît presque mineure en comparaison. Elle porte essentiellement sur l’ouverture aux investisseurs chinois du marché européen des énergies propres. Mais quand on connaît l’ambition et l’essor du Pays du Milieu dans ce seul secteur, on peut comprendre que cela soit malgré tout un enjeu d’importance. Un essor que nous serions malvenus de lui reprocher, alors qu’il est un des rares pays dont les progrès en matière environnementale, au regard des engagements pris, sont patents. Rappelons à ce sujet que si la Chine fait figure de plus mauvais élève quant à la pollution de notre planète, cela n’est plus du tout le cas lorsque cette pollution est calculée en fonction du nombre d’habitants. Des pays comme l’Australie, les USA, le Qatar… rencontrent selon toute évidence de réelles difficultés à changer leurs (mauvaises) habitudes de consommation. Quoi qu’il en soit, la signature de cet accord entre l’Europe et la Chine pourrait bien être vécue comme une grande victoire commerciale et même diplomatique, pour chaque partie. Un résultat à l’exact opposé de « l’état de guerre » déclaré et voulu par Trump et ses conseillers.
Entendrons-nous les décideurs français crier « Cocorico » et les Allemands « Kikeriki », et recevoir en écho le « Gongji dudu » (公鸡嘟嘟) ou « Wowowo » (喔喔喔) chinois ? J’en doute. La commission économique européenne n’est tout de même pas une basse-cour !
Publié le 21/12/2020
Toujours plus de cas de maltraitance animale. Ne rien voir, ne rien dire, ne rien entendre.
Ayant à cœur la question de la maltraitance animale dans nos sociétés, mon attention se porte plus volontiers sur les informations traitant de ce sujet. C’est le cas pour un reportage de Bruno Clément (lui aussi sensible à cette cause) diffusé cette semaine sur France Télévisions. Un court documentaire qui relate le témoignage d’anciens employés du Parc à thème Le Puy du Fou, à propos de traitements aussi cruels qu’inacceptables, réservés à des animaux employés pour les spectacles du site (Tigres, autruches, bœufs, chameaux, chevaux, etc.). Un droit de réponse y est donné à Nicolas De Villiers, le PDG du parc, jusqu’à ce que celui-ci refuse de donner suite aux questions du journaliste, accusant ce dernier de ne vouloir que nuire à l’image de son entreprise.
Je n’entends pas tirer le vrai du faux dans cette nouvelle affaire. Vrais ou faux témoignages ? Vraies ou fausses réponses de De Villiers ? En revanche, cela met de nouveau en éclairage les « exceptions » étonnantes dont ce parc semble bénéficier. Ce lieu de spectacle gigantesque a pu rester ouvert, alors que l’on contraignait tous les autres à fermer, y compris ceux garantissant des conditions sanitaires parfaites. Il y a également la Loi sur le bien-être animal, reportée d’année en année et enfin présentée le 8 octobre dernier pour être débattue à l’Assemblée Nationale. Celle-ci vise à interdire l’emploi d’animaux sauvages dans des spectacles… itinérants (cirques essentiellement) au nom du bien-être animal et des « besoins physiologiques de la faune sauvage ». Vous seriez en droit de vous demander : « Pourquoi limiter cette interdiction aux seuls spectacles itinérants ? ». La réponse est aussi simple que, selon moi, hypocrite. Les rapporteurs de la loi ont en effet retenu, comme seuls signes de maltraitance, les conditions de transport ! Ainsi, il n’est pas tenu compte des fréquents cas de violences observés (notamment lors de dressages « à la dure » qui, quoi qu’en disent certains professionnels de ce milieu, existent encore. Savoir « casser » un animal est tout un art, qui passe par la violence physique et/ou psychologique), ainsi que des conditions de détention d’animaux sauvages en captivité (mais encore faudrait-il accepter d’également considérer « les besoins psychologiques de la faune sauvage » !).
Il s’agit bien, je le redis, d’une loi hypocrite, et même inique. Le sentiment d’injustice dont se sent frappé le monde circassien semble du coup légitime, face aux lieux « sédentaires » (dont le Puy du Fou, ainsi que d’autres parcs animaliers) qui passent ainsi tranquillement à travers les mailles du filet législatif. Injustice d’autant plus flagrante que, pour mémoire, la logistique de spectacles tels que celui qui se déroule en Vendée, oblige à de fréquents transports d’animaux : élevage, nourrissage, dressage, spectacles… ne se font pas dans un seul et même lieu.
Mieux vaut donc « oublier » la législation en cours lorsque l’on veut aborder sincèrement la question de la maltraitance animale. Le cœur de ce sujet reste en réalité l’homme et ses déviances. En particulier la violence, lorsque celle-ci s’exerce à l’encontre d’êtres innocents.
Dans le documentaire de B Clément, face caméra, Nicolas De Villiers reconnaît lui-même que des individus peuvent se montrer violents à l’égard d’animaux. Ce sont, selon son expression, des « erreurs de casting » auxquelles il dit mettre bon ordre lorsqu’elles sont portées à sa connaissance. Dont acte. Mais d’où vient-elle, cette violence ? N’est-elle pas du même ordre que celle qui conduit un mari à battre sa femme à mort ou à la violer ? Celle qui pousse un individu à abuser de jeunes enfants ? Pour le cas qui nous intéresse ici, il s’agit de celle infligée à des millions d’animaux, partout dans le monde, chaque jour, à chaque minute.
Les cas avérés sont légion. On a (enfin) beaucoup parlé (merci notamment à la LPO) des ignobles pièges à la glu contre les oiseaux. Et, en cette période de Fêtes, devrait ressurgir la question du Foie Gras et la façon dont il est produit. Mais c’est toute l’année que se déroulent les abominations : abandons d’animaux, élevages clandestins, combats d’animaux, tauromachie, élevages intensifs, abattoirs, expérimentation animale… Sans compter ces particuliers qui frappent et mutilent leurs compagnons, juste comme ça, « pour le plaisir » et diffusent sur les réseaux sociaux d’amusantes vidéos d’animaux torturés. Tout ceci venant s’ajouter aux calamités résultant de l’activité humaine, et dont souffre partout la faune : incendies, urbanisation et déforestation, cultures intensives, emploi de produits toxiques, etc.
Dès lors, les conditions de vie des animaux dans les parcs à thème doivent paraître très anecdotiques aux yeux d’une majorité d’entre nous, à commencer par nos hommes et femmes politiques. Lorsqu’elles sont établies, ces maltraitances révèlent pourtant une autre triste réalité : la complicité active ou passive de ceux en charge d’encadrer et donc éviter à des employés de donner libre cours à leurs pulsions violentes et sadiques. Cela inclut aussi, trop souvent, les vétérinaires eux-mêmes et certains soigneurs. L’association L214 a déjà soulevé à plusieurs reprises l’implication (parfois active) de vétérinaires dans des cas de maltraitance au sein d’abattoirs. Des soigneurs, auxquels on impose des contraintes budgétaires strictes, cèdent à la tentation de solutions inavouables (sujet également mentionné dans les témoignages recueillis par Bruno Clément).
Des vétérinaires, des soigneurs qui maltraitent des animaux ? Comment est-ce possible ? Certains se justifient en prétextant n’être qu’un maillon d’une longue chaîne, d’un « système » où l’on défend pêle-mêle la nécessité du profit, de la lutte contre le chômage… et dans lequel l’animal n’est plus pris en considération.
En fait : RIEN NE PEUT JUSTIFIER LA MALTRAITANCE A L’EGARD D’ÊTRES INNOCENTS. Il s’agit pourtant d’une dérive courante, pour ne pas dire constante. Existe-t-il un moyen d’y contrevenir ? Évidemment, et sans que cela ne pose de difficultés insurmontables. Mais la solution doit venir du peuple, dont les politiques ne sont que les représentants.
Chaque personne concernée par le bien-être animal peut facilement agir à son niveau. Ne serait-ce qu’en soutenant les associations qui militent activement pour mettre en évidence les cas de déviance et les combattre. La LPO, L214, la Fondation Brigitte Bardot, See Shepherd, pour les plus connues, sachant qu’il y en a beaucoup d’autres. Mais aussi et surtout en arrêtant de « consommer » du loisir sans réfléchir. Tout n’est pas bon à prendre en matière de loisir, et nous devons nous montrer particulièrement vigilants lorsque des animaux sont employés. Trop de ces divertissements n’ont qu’une finalité lucrative, sans témoigner de véritable respect pour les animaux. Les animaux ne sont pas des clowns, pas plus qu'ils ne sont des jouets en peluche. Au passage, il est intéressant de noter que le législateur entend différencier animal « sauvage » et « domestique ». Ainsi, selon lui, il serait souhaitable de se soucier des « besoins physiologiques » des tigres ou des phoques, mais pas des chevaux ou des chiens. Allez comprendre !
La bonne nouvelle est qu’il est possible d’y mettre un terme. Les zoos qui présentent leurs « protégés » dans des conditions de vie inacceptables ; les spectacles (et pas seulement les cirques) qui usent et abusent d’animaux pour nous amuser et nous surprendre ; ceux qui contraignent des êtres vivants et sensibles à des exercices contre-nature (et ce n’est pas un jeu de mots), qui les travestissent, les mettent en danger, en souffrance, et, surtout, leur refusent la considération à laquelle ils ont droit. Toutes ces entreprises ne vivent que pour le profit qu’elles génèrent. L'homme est toujours prompt à hurler contre les privations de liberté dont il se dit victime. Mais il est encore plus prompt à voler celle des êtres vivants qui l'entourent.
Ne plus payer de tickets d’entrée dans ces lieux est le seul véritable (et simple) moyen de pression contre leurs propriétaires. Ne plus accepter, les yeux fermés, la « magie » des spectacles qui nous sont proposés ; pas sans exiger une totale transparence sur les pratiques et procédures en place ; un droit de surveillance ; une législation adaptée et réellement contraignante en cas de délit avéré.
Les abattoirs et autres élevages intensifs incriminés dans des cas de maltraitance, refusent qu’un système de vidéo-surveillance soit installé dans leurs bâtiments, au prétexte du respect de la vie privée de leurs employés. Ils dénoncent également la mauvaise image dont souffrent ces derniers. Sic !
En fait, le plus difficile est précisément d’accepter de ne plus fermer les yeux. Ce n’est pas un hasard si l’idée que nous nous faisons de la sagesse repose sur le triptyque « Ne rien voir, Ne rien dire, Ne rien entendre ». Se comporter ainsi nous préserve en effet de la souffrance.
La réalité de la vie en société est très différente. Au risque d’en pâtir, elle nous contraint précisément à « Voir, dire et entendre ». Sans cela, comment pourrions-nous soulager l’affliction de ceux qui nous entourent, animaux compris ?
Pour ceux que le sujet intéresse, puis-je recommander les ouvrages de Jack London, et en particulier Michael, chien de cirque ? Malgré mon âge avancé, le lire me bouleverse toujours autant.
Publié le 19/12/2020
De Roosevelt à Trump… de Mao à Xi Jinping
À propos "d’histoire qui se répète", je ne puis m’empêcher d’observer à quel point le manque d’anticipation dont semblent témoigner les États-Unis en matière de géopolitique aura pu, en deux temps forts de l’histoire mondiale, favoriser leur grand ennemi... la Chine !
Je me rapporte ici à deux événements entre lesquels se sont pourtant écoulées près de 80 années.
Le premier remonte à la présidence de Roosevelt, et plus particulièrement durant la Seconde Guerre mondiale. Une guerre qui avait frappé la Chine bien avant les USA. Les troupes nationalistes se battaient alors avec courage contre les « Diables » japonais. Ceux-ci n’avaient pas volé leur surnom tant leurs exactions à l’égard du peuple chinois dans son ensemble, civils et militaires confondus, enfants et vieillards, hommes et femmes… ont été d’une inoubliable atrocité. Au point, d’ailleurs, d’inspirer les Nazis en Europe, notamment en matière d’expérimentation (in)humaine, puis les troupes américaines en Corée du Nord, en ce qui concerne les armes bactériologiques et chimiques. (Puis-je vous conseiller, sur ce sujet de la guerre sino-japonaise, mon thriller paru chez Rouergue et Actes Sud : Parce que le sang n'oublie pas) ?
Très tôt, le chef des armées chinoises, le Général Chang Kaï-chek, homme fort du Guomindang et féroce anti-communiste, comprenant que l’équipement militaire dont il dispose sera insuffisant pour contenir l’attaque japonaise, sollicite l’aide des États-Unis. Chang n’est hélas pas pris au sérieux par Roosevelt et ses conseillers. La seule qui obtiendra quelque écoute est Song Meiling, la femme du Général chinois. Elle sera reçue par le couple présidentiel et même applaudie à la Chambre (première femme étrangère à y avoir fait un discours). Son charme et son aisance à s’exprimer en anglais (elle est d’ailleurs l’interprète officielle de Chang dans toutes ses rencontres avec les étrangers) ont d’évidence davantage d’impact auprès de ses interlocuteurs américains. Elle mène sans relâche des campagnes d’information, rédige des communiqués, prononce des discours… pour tenter de rallier à la cause chinoise l’opinion publique américaine et les décideurs du pays. Elle fait la une du Times, parle à la radio, ses articles sont publiés dans la presse… mais rien n’y fait. Roosevelt traîne des pieds et refuse toujours d’apporter aux troupes de Chang l’aide qu’elles espèrent tant. Troupes qui vont être laminées par les Japonais et qui, à la fin de la guerre, seront dès lors incapables d’empêcher les communistes d’accéder au pouvoir et de fonder quatre ans plus tard (1949) la République Populaire de Chine. Chang, accompagné de ses proches et alliés, se réfugie sur l’île de Taïwan. Il y préside la République de Chine. Mais, sur le continent, c’est bien une révolution populaire qui s’est enflammée et a permis l’installation de Mao aux commandes du pays. Mao, que les Américains considèrent comme leur pire ennemi, avec Staline. Or, il est très possible que le cours de l’histoire chinoise, et du monde, aurait été différent si Roosevelt avait, dès le début du conflit et, en tout cas, dès l’attaque des Japonais sur Pearl Harbour en 1941, accepté de soutenir les forces militaires chinoises dont la vaillance était indéniable.
Une intéressante histoire qui semble se reproduire aujourd’hui. Rappelons-nous : en 2016 (après des années d'efforts), est signé le Traité de libre-échange Transpacifique (TPP), dont Barack Obama était le fervent promoteur. Le président démocrate y voyait le moyen d’étendre la zone d’influence des pays de l’Ouest vers l’Asie et, surtout, de contrer la Chine dans sa rapide expansion dans cette même région. Mais, en janvier 2017, le nouveau président, Donald Trump, dans sa volonté de « détricoter » tous les projets initiés par son prédécesseur, décide de retirer les USA du TPP, vouant du même coup celui-ci à un échec programmé.
Comme la plupart des décisions de Trump, celle-ci est apparue particulièrement irréfléchie. Et les dirigeants chinois ne peuvent que s’en féliciter ! Il est clair qu’en matière de stratégie et de vision à long terme pour son pays, Xi Jinping n’a aucune leçon à recevoir des autres nations. Alors que Trump partait à reculons, Xi et son équipe avançaient à pas de géants, avec, d’une part, l’ouverture du pharaonique projet des Nouvelles Routes de la Soie (Belt and Road Initiative), et, d’autre part, la création du RCEP (Regional Comprehensive Economic Partnership), Partenariat régional économique global. Il ne s’agit pas moins de l’accord commercial le plus important au monde, qui ait été signé à ce jour ! Il ouvre une zone de libre-échange entre la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, ainsi que les états de l’Asean : Indonésie, Thaïlande, Malaisie, Singapour, Vietnam, Philippines, Birmanie, Cambodge, Laos et Brunei. Une zone gigantesque qui représente à elle seule 30% du PIB mondial et concerne plus de 2 milliards d’habitants. Li Keqiang, 1er ministre chinois, s’est enthousiasmé en déclarant que « Le multilatéralisme est la bonne voie. Il montre la juste direction de l’économie mondiale et du progrès de l’humanité ». En matière de progrès pour l’humanité, on peut toutefois regretter que si cet accord vaut aussi pour la propriété intellectuelle, il semble en revanche ne tenir aucun compte des réglementations du travail ni des considérations environnementales. Il est vrai que l’objectif ici est d’alléger les procédures, harmoniser les réglementations inter pays, réduire les coûts à l’exportation, de façon à faciliter les échanges économiques et ainsi en augmenter considérablement les volumes. C’est un coup très dur porté à l’Europe, empêtrée dans sa propre lourdeur administrative et réglementaire, ainsi bien sûr qu’aux États-Unis qui, grâce à Trump et ses conseillers, viennent de vivre un prodigieux recul sur le plan mondial.
Pas étonnant, à voir l’histoire se répéter ainsi, que les Five Eyes (alliance entre USA, UK, Can, Austr. et NZ.) « gardent un œil » de près sur les projets de Xi Jinping !
Publié le 17/12/2020
Ces histoires qui se répètent sans fin ?
C’est pour beaucoup une triste nouvelle d’apprendre que les communautés autochtones du Grand Nord, Premières Nations, Métis et Inuit, qui, grâce à leur relatif isolement géographique avaient été épargnées par la première vague de Covid 19 (début 2020), sont désormais en risque élevé de contamination lors de cette deuxième vague.
Avant-hier (10 décembre), les chiffres n’apparaissaient peut-être pas alarmants, en regard d’autres populations. Le SAC (Services aux Autochtones Canada) communiquait : 5 675 tests positifs à la COVID-19 - 2 100 cas actifs - 240 hospitalisations - 3 526 rétablis - 49 décès. Mais le véritable danger vient justement du fait que ces communautés sont désormais atteintes, alors que le risque de contamination est chez elles beaucoup plus fort en raison d'un manque systématique d'infrastructures et de ressources de base. Le Conseil circumpolaire des Inuit, qui représente environ 180 000 Inuit du Canada, d’Alaska, du Groenland et de Russie, réclame des mesures d’urgence pour éviter que ne se reproduisent les drames connus lors de précédentes épidémies.
Les conditions de vie de ces populations sont principalement en cause : forte densité de personnes sous un même toit, absence d’évacuation des eaux usées, apports en eau courante déficients, système de santé très peu développé, difficultés d’accès du fait de l’éloignement et de la rudesse du climat… En outre, il s’agit aussi de populations particulièrement sensibles aux infections respiratoires, y compris les formes les plus graves, comme la tuberculose.
L’ennui, c’est que si l’on remonte l’histoire récente des communautés autochtones du Grand-Nord, à compter de l’arrivée des Blancs dans cette région (pêche, chasse, peaux, prospection, expéditions d’exploration, etc.) et des premières contaminations qui s’en sont suivi, il apparaît que celle-ci semble se répéter sans fin. Certains des drames les plus récents ont marqué les esprits :
- épidémie de H1N1 en 2009. Un grand spécialiste canadien des maladies infectieuses et des soins critiques, le Dr Anand Kumar avait dit n’avoir jamais rien vu de tel : « Ce sont les patients les plus difficiles que j'aie eu à soigner d'un point de vue respiratoire ». Dans ses rapports, il indiquait que, selon lui, « faute d’accès aux antiviraux assez tôt après l'apparition des premiers symptômes, de nombreux autochtones ont été atteints plus gravement ». Il tirait donc la sonnette d’alarme : « Environ 15 % de ceux qui sont hospitalisés aux soins intensifs meurent. Si les unités de soins intensifs débordent, il est certain que le nombre de morts va augmenter ».
- la « grippe de Hong Kong » en 1968, et son million de morts dans le monde (et… dans une relative indifférence) !
- la grippe asiatique de 1957 : 2 millions de morts.
- la « grippe espagnole » à la fin des années 1910 et son encore plus funeste bilan : la moitié de la population mondiale infectée et près de 40 millions de morts !
Chaque fois, le Grand-Nord a été touché. Mais nous ne devons pas oublier cette terrible épidémie qui l'a frappé lors de l’hiver 1924. Je lui ai d’ailleurs consacré un ouvrage : Mush ! L’incroyable odyssée.
La région de Nome, en Alaska déclarait des premiers cas avérés de diphtérie dès janvier 1925. L’épidémie se développe rapidement. Essentiellement circonscrite à la ville de Nome et ses abords, ainsi que dans les communautés autochtones proches. Mais le risque d’une pandémie mondiale est très sérieux. Nome est en effet Boarder line ou en tout cas proche de la Russie, du Canada et des États-Unis. Ce sont les débuts de la sérologie. Une petite quantité de sérum est disponible mais inaccessible pour Nome, compte tenu du bon millier de kilomètres qu’il faut parcourir, et ce par -50°C ! Tout accès par la route, la mer ou les airs étant impossible, ce sont des mushers qui vont risquer leur vie et celle de leurs chiens pour tenter l’impossible : traverser 1000 kms à traîneau dans des conditions infernales. Dans mon livre, je raconte cette incroyable histoire authentique. Mais j’y rappelle certains faits et suis malheureux de les retrouver un siècle plus tard, malgré les possibles prises de conscience et les immenses progrès scientifiques accomplis depuis.
Aujourd’hui, les nations les plus riches se garantissent l’accès aux vaccins contre la Covid, mais ne se préoccupent pas autant des pays les plus pauvres (sujet déjà abordé dans cette rubrique). Souhaitons que, dans le cas complexe et d’évidence urgent des Peuples Premiers du Grand-Nord, toute l’aide nécessaire leur soit apportée par les États les plus directement concernés : Canada, Russie et… USA.
Publié le 12/12/2020
La révolution du travail continue en Nouvelle-Zélande
Je suis heureux de pouvoir vous apporter un complément d’information à ma chronique du 10 octobre dernier, intitulée « Coup de chapeau à la Nouvelle-Zélande ».
J’y mettais en avant la Première ministre du pays, Jacinda Ardern, décidément exemplaire tant dans sa lutte contre la pandémie de Covid 19 que pour les réformes sociales visant le mieux-être de ses concitoyens. Elle a d’ailleurs été triomphalement réélue à son poste en octobre dernier. Je citais en particulier sa récente décision, suite aux essais concluants menés par des entreprises locales, de généraliser à tous les secteurs éligibles à ce type d’organisation : « La semaine de quatre jours ».
Rappelons ici rapidement que les principaux bénéfices constatés après la mise en place d’une organisation hebdomadaire incluant un troisième jour non travaillé (sans baisse de salaire) sont : - une indiscutable augmentation de la productivité et de la confiance au sein des entreprises - un mieux-vivre rapidement constaté pour les employés (cadres compris) favorable à un meilleur développement familial et une organisation personnelle plus équilibrée. - le moyen très sérieux de relancer l’économie néo-zélandaise, fortement impactée elle aussi par la pandémie, en particulier la première source de revenus du pays : le tourisme !
Je ne cache pas ma surprise en apprenant que la filiale d’une énorme multinationale américaine, pas particulièrement connue pour sa politique progressiste en matière de législation du travail, vient d’annoncer qu’elle allait à son tour suivre les recommandations de Madame Ardern. Il s’agit tout de même de la filiale (néo-zélandaise) du groupe Unilever, géant de la cosmétique et de l’agro-alimentaire !
Cette décision concerne un panel d’un peu plus de 80 salariés. Le test qui portera sur une année pleine démarre dès ce mois de décembre. Plus fort encore, si cette expérimentation s’avère positive, le groupe envisage de lancer cette réforme dans plusieurs de ses filiales mondiales. À noter également : c’est une université australienne, et donc a priori indépendante, qui est chargée d’établir les mesures d’évaluation de ce test.
Dans ses déclarations, le directeur général d’Unilever Nouvelle-Zélande évoque « des méthodes de travail dépassées, inadaptées, et voit par conséquent dans cette expérience une belle tentative d’innover et progresser dans la culture du travail de bureau ».
Il est intéressant d’observer qu’en France, le Medef tient un discours et une position exactement opposés.
Les chemins de la culture, même celle du travail, restent décidément très mystérieux. À suivre ! Publié le 11/12/2020
Un vaccin ou... des croquettes ?
Si vous faites partie des personnes qui, quelles que soient leurs raisons, préféreraient ne pas recourir au vaccin pour lutter contre la Covid 19, ne vous inquiétez pas trop. À défaut de « prévenir contre », il existera sans doute bientôt une solution 100% naturelle et sans le moindre danger pour « détecter » tôt une éventuelle infection, et ainsi isoler et soigner à temps. Ce ne sont ni les laboratoires, ni les centres de recherche comme l’institut Pasteur qui y travaillent, mais… une école vétérinaire ! Française, qui plus est : l’école de Maison Alfort.
Dans l’enceinte de l’École Nationale, on teste actuellement les dispositions des chiens à détecter le coronavirus grâce à leur flair. Nous savons que nos chers canidés sont déjà capables de détecter différentes maladies chez les humains, dont certains cancers. Les personnes porteuses du coronavirus dégagent apparemment une odeur spécifique en transpirant. C’est à cette odeur que des chiens sont actuellement dressés pour être capables de la déceler le plus paisiblement du monde.
Certes, il faudra encore un certain temps pour qu’un nombre important d’animaux soient prêts à nous inspecter tous, mais il se pourrait bien que ce test soit le plus rapide et le plus efficace qui soit, dans un proche avenir. Alors, préparez votre stock de croquettes, car nos compagnons auront une fois de plus mérité une savoureuse récompense !
Publié le 07/12/2020
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